Bienheureux Maria Ramírez Ramos, capture CTV

Bienheureux Maria Ramírez Ramos, 08 09 2017 capture CTV

Le bienheureux Pedro María Ramírez Ramos, «curé à tout prix»

Biographie par Antonio Saez de Albeniz

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Le prêtre diocésain colombien Pedro Maria Ramírez Ramos a été “toujours prêt à aider et guider les personnes qui lui étaient confiées », affirme Antonio Saez de Albeniz, le postulateur pour la cause de béatification, dans L’Osservatore Romano dans son édition quotidienne en italien du 8 septembre 2017. Le curé martyr prêchait « la fraternité entre les hommes, soulignant que devant Dieu ne doivent exister de différences d’aucune sorte ».
Le pape François a béatifié le père Pedro Maria Ramírez Ramos et Mgr Jesús Emilio Jaramillo Monsalve, évêque d’Arauca, tués en haine de la foi, ce vendredi 8 septembre 2017, à Villavicencio, lors du troisième jour de son voyage apostolique en Colombie. Il sera fêté le 24 octobre.
« C’était une âme noble, riche en énergie qui aimait la sincérité et la vérité, écrit le postulateur. Il était convaincu d’être venu au monde non pour penser à lui ou s’occuper de quelqu’un en particulier, mais pour penser au bien de tous. »
Le père Pedro Maria Ramírez Ramos, poursuit Antonio Saez de Albeniz, « avait une idée si haute du sacerdoce qu’il se croyait indigne de le recevoir ». Après avoir reçu – « avec émotion et très grande joie » – l’ordination sacerdotale, il a exercé « son ministère dans un esprit sacerdotal de grande profondeur, animé d’une profonde ferveur apostolique ».
P. Pedro Maria Ramírez Ramos avait vécu “très pauvrement, se contenant du strict nécessaire, écrit le postulateur, ce qu’il possédait, il n’hésitait pas un instant à le donner à ceux qui en avaient besoin ».
Voici notre traduction de l’italien du texte d’Antonio Saez de Albeniz publié par L’Osservatore Romano.
MD
Biographie du bienheureux Pedro Maria Ramirez Ramos
Au cours de son voyage en Colombie, le pape béatifie aussi, à Villavicencio, le prêtre Pedro María Ramírez Ramos, surnommé le « martyr d’Armero », un prêtre connu pour son intégrité, sa forte personnalité et ses vertus, toujours prêt à aider et guider les personnes qui lui étaient confiées.
Pedro María Ramírez Ramos est né à La Plata le 23 octobre 1899 et fut baptisé le lendemain de sa naissance par le père Cayetano de las Maravillas, trinitaire espagnol. Parmi les sept enfants de la fratrie, deux furent prêtres, Pedro María et Leonardo, qui entra à la compagnie de Jésus.
Le jeune Pedro fit ses petites classes à l’école publique et également sa première communion. À 12 ans, il entra au petit séminaire où il étudia pendant quatre ans, avant de passer au grand séminaire, où il reçut la tonsure et les ordres mineurs, avec l’idée en tête d’arriver au sacerdoce. Mais, à 20 ans, pris de doutes sur son avenir, il quitta le séminaire. Pendant huit ans il resta dans le monde comme professeur, épaulant divers curés dans leurs catéchèses et la musique. Il avait une idée si haute du sacerdoce qu’il se croyait indigne de le recevoir. Il souffrait par ailleurs de fortes migraines qui l’accompagneront toute sa vie.
À un certain moment, Pedro María pensa même au mariage. Il était en effet lié à une jolie jeune fille, prudente et très sympathique. Mais cette relation ne dura pas longtemps : tous les deux se rendaient compte que la vie matrimoniale n’était pas pour eux. La jeune fille entra au couvent et Pedro María retourna au séminaire.
En 1928, sur conseil de l’archevêque d’Ibagué, Mgr Rodríguez, il reprit ses études de théologie au grand séminaire du diocèse. En juin 1930, il reçut le sous-diaconat et en décembre le diaconat. L’ordination sacerdotale, qu’il reçut avec émotion et très grande joie, lui fut donnée le 21 juin 1931.
Aussitôt après, Pedro María commença son ministère pastoral. Dix jours après son ordination, son évêque le nomma coadjuteur de la paroisse de Chaparral, où le curé était le père Emilio Dávila, un grand ami du jeune prêtre. Sous sa direction et avec l’aide et le soutien du curé, il s’immergea totalement dans l’expérience pastorale, se faisant vite connaître par ses paroissiens, toujours prêt à leur rendre visite et à les aider quand ils étaient dans le besoin. Infatigable dans son activité pastorale, Pedro María restait néanmoins un homme de prière, qui priait constamment, ce qui, pour les gens, était un signe de bonté et motif de confiance à son égard.
En juillet 1934, l’évêque, qui considérait Pedro prêt à assumer une autre charge, le nomma curé de Cunday. Celui-ci se mit aussitôt à travailler sans relâche: visites aux paroissiens, aux malades, participation à différentes associations, catéchèses, toujours guidé par sa vie de prière. Il fut un curé très actif et reconnu comme tel par ses paroissiens. Son travail changea l’aspect de la communauté qui devint plus ouverte, plus sereine et plus unie. Il restera à Cunday jusqu’en 1943, date à laquelle on l’envoya ensuite s’occuper de la paroisse d’El Fresno, puis en 1946, à Armero au poste de curé.
Il faut dire que Pedro María poursuivit son efficace pastorale partout, s’oubliant pour servir et aider les personnes qui lui étaient confiées. Dans chaque paroisse, témoignent unanimement les fidèles, il exerça son ministère dans un esprit sacerdotal de grande profondeur, animé d’une profonde ferveur apostolique, tout en affrontant des problèmes difficiles, spécialement à Armero, comme nous le verrons. C’était une âme noble, riche en énergie qui aimait la sincérité et la vérité. Il était convaincu d’être venu au monde non pour penser à lui ou s’occuper de quelqu’un en particulier, mais pour penser au bien de tous. Il avait une belle personnalité : il était correct, franc, sincère, sérieux dans sa manière d’être et d’agir, plein de ferveur et édifiant dans sa vie sacerdotale. Ses ennemis disaient de lui qu’il était intransigeant devant certaines coutumes morales pratiquées par les personnes de son entourage. En effet, il était plutôt d’un tempérament sérieux, pas très cordial, même si dans ses relations avec le prochain il fut toujours attentif et respectueux.
Son zèle ne se limitait pas au domaine familial et paroissial, il s’intéressait aussi aux problèmes de la nation. Il ne parla jamais de politique ni se s’y intéressa, se limitant à des homélies de nature pastorale et à prêcher la fraternité entre les hommes, soulignant que devant Dieu ne doivent exister de différences d’aucune sorte
Il arriva à Armero en juillet 1946, et se rendit vite compte du délabrement spirituel et des gros problèmes auxquels cette ville était soumise et pour lesquels il devait chercher une solution : ignorance, déchristianisation forcée, sectes protestantes très agressives, intense propagande laïciste, communistes ennemis déclarés de l’Église.
Dès son arrivée, père Ramírez se trouva à affronter des problèmes très difficiles, surtout à cause du peu d’esprit religieux et de l’énorme propagande protestante et laïciste. Il travailla dans cette paroisse d’un même zèle que celui qui le caractérisait dans les autres paroisses pour le bien de ses fidèles, ne refusant jamais à quiconque son aide. Il vécut très pauvrement, se contenant du strict nécessaire ; ce qu’il possédait, il n’hésitait pas un instant à le donner à ceux qui en avaient besoin. Beaucoup de catholiques retrouvèrent la foi et le nombre de fidèles, à la messe et à d’autres fonctions religieuses, augmenta. Mais ce changement bénéfique pour les croyants n’empêchait pas qu’à l’extérieur, le pays était toujours hostile à l’Église et à la religion.
En avril 1948, la situation politique en Colombie était très délicate, perturbée par la confrontation entre les deux partis les plus importants, les conservateurs et les libéraux. Quand, le 9 avril, le père Pedro María sut qu’une révolution avait éclaté, prévoyant le pire, il s’alarma fortement et transféra le Très Sacrement de l’église paroissiale à la chapelle du collège des sœurs eucharistiques. Il se préoccupa aussi de défendre les images sacrées, les parements sacrés, les objets précieux, mais également la vie des religieuses qu’il aida à fuir.
Deux heures plus tard, on entendit les premiers tumultes d’une attaque sauvage à la maison paroissiale. Une foule déchaînée, avec machettes et armes, enfonça la porte et entra à la recherche du curé et de présumées armes, détruisant tout sur son passage. Ils s’en prirent ensuite à la maison des religieuses, où le père Pedro María était en train de prier devant le saint Sacrement. Mais, affrontés par la mère supérieure, ils s’éloignèrent sans autres dommages. Le lendemain, le prêtre célébra la messe et sortit pour porter assistance à un blessé dans la rue. En rentrant chez lui, le maire de la ville le pria de ne pas rentrer, lui disant que cela était trop dangereux, et trop dangereux pour les religieuses aussi. Mais le curé n’écouta pas ses conseils, se sentant responsable de la sécurité du Très Saint Sacrement et des religieuses.
À 4 heures de l’après-midi, on entendit des coups retentissant dans l’église, envahie par des hordes de gens qui hurlaient à la recherche du curé. Tandis que les sœurs cherchaient à se protéger, le p. Pedro Maria se rendit dans la chapelle et prit comme viatique la dernière hostie consacrée qu’il avait conservée. Puis il fut trouvé par les persécuteurs et se livra à eux spontanément. Parmi les hurlements et les insultes, on le traîna de la maison sur la voie publique parce qu’on disait : « Le prêtre ne doit pas mourir d’un simple coup de feu, mais par une mort plus douloureuse et spectaculaire. »
La populace commença à se défouler sur le curé par des coups de poing, de bâton et, le frappant avec la lame de la machette, ils arrivèrent sur la place de la ville. Entre-temps, la foule déchaînée l’attendait, assoiffée de haine et ne cessait de demander sa mort. Aussitôt, un tueur à gage lui asséna un violent coup de machette à la tête. Le prêtre tomba par terre, avec un effort suprême il s’agenouilla et, essuyant son visage du sang qui coulait, il demanda pardon au Seigneur pour ses assassins : « Père, pardonne-leur. Tout pour le Christ. »
Ce furent ses dernières paroles, sublime prière de pardon et d’amour. Le corps martyrisé du p. Pedro Maria resta au milieu de la place jusqu’au coucher du soleil, méprisé de façon ignominieuse. Puis on le traîna près du cimetière. C’est seulement quelques jours plus tard que ses parents vinrent emporter le cadavre pour l’ensevelir dans la chapelle de famille à côté de sa maman.
© Traduction de Zenit, Océane Le Gall et Hélène Ginabat

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Rédaction

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