Prière pour la paix avec les Chaldéens de Géorgie © L'Osservatore Romano

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La non-violence n’est pas faiblesse ou passivité mais force d’âme et courage

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Le pape reçoit les ambassadeurs de Suède, Fidji, Moldavie, Maurice, Tunisie et Burundi

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La non-violence « n’est pas du tout synonyme de faiblesse ou de passivité mais, au contraire, suppose force d’âme, courage ». C’est ce qu’a affirmé le pape François en recevant les ambassadeurs de Suède, des Fidji, de Moldavie, de Maurice, de Tunisie et du Burundi près le Saint-Siège, le 15 décembre 2016 au Vatican. Il a invité ceux qui occupent des charges institutionnelles à assumer « un style non violent ».
Devant les représentants diplomatiques venus présenter leurs lettres de créance, le pape a encouragé à « affronter les questions et les conflits avec honnêteté intellectuelle, cherchant vraiment le bien commun avant et plus que tout intérêt de parti, qu’il soit idéologique, économique ou politique ». Il a fustigé les « stratégies de domination, soutenues par des dépenses d’armement scandaleuses, alors que tant de personnes sont privées du nécessaire pour vivre ».
« Dans un monde (…) marqué par des guerres et de nombreux conflits, (…) le choix de la non-violence comme style de vie devient toujours plus une exigence de responsabilité à tous les niveaux, de l’éducation familiale à l’engagement social et civil, jusqu’à l’activité politique et aux relations internationales, a-t-il ajouté. Il s’agit, dans toutes les circonstances, de repousser la violence en tant que méthode de résolution des conflits et de les affronter toujours, au contraire, à travers le dialogue et la négociation ».
« La non-violence, embrassée avec conviction et pratiquée de façon cohérente, peut obtenir des résultats importants y compris sur le plan social et politique », a encore assuré le pape : « C’est la voie à suivre au présent et dans l’avenir. C’est la voie de la paix ».
AK
Discours du pape François
Messieurs les Ambassadeurs,
Je suis heureux de vous accueillir à l’occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays respectifs auprès du Saint-Siège : Burundi, Fidji, Maurice, Moldavie, Suède et Tunisie. Je vous remercie pour votre présence qui atteste votre volonté de maintenir et de développer des relations d’estime et de collaboration avec le Saint-Siège ; et je vous prie de signifier aux chefs d’État que vous représentez ma reconnaissance, ainsi que l’assurance de ma prière pour eux et pour leur nation.
Vous provenez de régions du monde très distantes et différentes les unes des autres et ce fait constitue toujours ici, à Rome, un motif de satisfaction parce que l’horizon du Saint-Siège est par nature universel, à cause de la vocation et de la mission que Dieu a confiée au successeur de l’apôtre Pierre : mission essentiellement religieuse qui, toutefois, assume aussi dans son histoire la dimension des relations avec les États et leurs gouvernants. Dans ce cadre historique, l’Église catholique qui a dans le Saint-Siège, pour ainsi dire, son centre unificateur et propulseur, est appelée à transmettre, en en témoignant, ces valeurs spirituelles et morales qui sont fondées dans la nature même de l’être humain et de la société et qui, en tant que telles, peuvent être partagées par tous ceux qui poursuivent la promotion du bien commun.
Parmi ces valeurs, la paix occupe une place prééminente, comme le démontre, à notre époque contemporaine, le fait que depuis cinquante ans les souverains pontifes ont consacré à la paix la journée du 1er janvier, adressant aux autorités civiles et religieuses du monde et à tous les hommes et femmes de bonne volonté un message particulier. Pour la prochaine Journée mondiale de la paix, le message a été publié il y a juste trois jours, avec pour thème : « La non-violence : style d’une politique pour la paix ». L’heureuse occasion de notre rencontre de ce jour me permet de partager avec vous quelques brèves réflexions sur ce thème.
La non-violence est un exemple typique de valeur universelle qui trouve dans l’Évangile du Christ son accomplissement mais qui appartient aussi à d’autres nobles et anciennes traditions spirituelles. Dans un monde comme le monde actuel, malheureusement marqué par des guerres et de nombreux conflits, et par une violence diffuse qui se manifeste sous différentes formes dans la coexistence ordinaire, le choix de la non-violence comme style de vie devient toujours plus une exigence de responsabilité à tous les niveaux, de l’éducation familiale à l’engagement social et civil, jusqu’à l’activité politique et aux relations internationales. Il s’agit, dans toutes les circonstances, de repousser la violence en tant que méthode de résolution des conflits et de les affronter toujours, au contraire, à travers le dialogue et la négociation.
En particulier, ceux qui occupent des charges institutionnelles dans un cadre national ou international sont appelés à assumer en conscience et dans l’exercice de leurs fonctions un style non violent qui n’est pas du tout synonyme de faiblesse ou de passivité mais, au contraire, suppose force d’âme, courage et capacité d’affronter les questions et les conflits avec honnêteté intellectuelle, cherchant vraiment le bien commun avant et plus que tout intérêt de parti qu’il soit idéologique, économique ou politique. Au siècle dernier, endeuillé par des guerres et des génocides aux proportions inouïes, nous pouvons cependant nous rappeler aussi des exemples lumineux montrant combien la non-violence, embrassée avec conviction et pratiquée de façon cohérente, peut obtenir des résultats importants y compris sur le plan social et politique. Grâce à l’engagement de responsables non violents, certaines populations et même des nations entières ont conquis des objectifs de liberté et de justice de manière pacifique. C’est la voie à suivre au présent et dans l’avenir. C’est la voie de la paix, non pas celle que l’on proclame en paroles mais qui est, de fait, niée par la poursuite de stratégies de domination, soutenues par des dépenses d’armement scandaleuses, alors que tant de personnes sont privées du nécessaire pour vivre.
Chers ambassadeurs, c’est mon désir et celui du Saint-Siège de mener avec les gouvernements de vos pays, ce processus de promotion de la paix, comme aussi des autres valeurs qui concourent au développement intégral de l’être humain et de la société. Dans cette perspective, je forme les meilleurs vœux pour la mission que vous commencez aujourd’hui, vous assurant pour celle-ci de la collaboration de la Curie romaine et invoquant sur vos personnes, vos proches et vos pays respectifs l’abondance des bénédictions divines.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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