Les chrétiens « corrompus » sont « amnésiques », souligne le pape, car ils ont « oublié l’amour de Dieu ». Ils font « beaucoup de mal à l’Eglise ».
Le pape François a évoqué trois « figures » de chrétiens dans l’Eglise – pécheurs, corrompus, saints – lors la messe qu’il a célébrée à la maison Sainte-Marthe hier, lundi 3 juin 2013, en présence des employés de la Congrégation pour la cause des saints. L’Osservatore Romano et Radio Vatican rapportent des extraits de son homélie.
« Des pécheurs, a fait observer le pape, il n’est pas nécessaire de parler trop, car nous le sommes tous. Nous nous connaissons de l’intérieur et nous savons ce qu’est un pécheur. Et si quelqu’un de nous se sent ainsi, il va faire une visite au médecin spirituel ».
Tout commence par l’amour
Les « corrompus », étaient aussi « pécheurs comme tous », mais ils ont fait « un pas supplémentaire » : ils se sont « affermis dans le péché et ne sentent pas le besoin de Dieu ». Ou du moins ils « croient ne pas le sentir » car « ce rapport à Dieu est inscrit dans le code génétique. Et comme ils ne peuvent pas le nier, ils se font un Dieu spécial : eux-mêmes », a poursuivi le pape.
Ces corrompus sont illustrés par la parabole évangélique du jour (Mc 12, 1-12), où Jésus parle du propriétaire d’une vigne, symbole du peuple de Dieu. Tout comme ce propriétaire prend soin de sa vigne, Dieu a appelé l’homme « avec amour », il le « protège ». Et « il lui donne la liberté, il donne tout cet amour “en location”. C’est comme s’il disait : garde et protège mon amour comme je t’ai protégé. C’est le dialogue entre Dieu et [l’homme] : préserver l’amour. Tout commence par cet amour ».
Mais les vignerons auxquels la vigne est confiée se sont corrompus, a souligné le pape François : ils « se sont sentis forts, ils se sont sentis autonomes par rapport à Dieu ». « Ils se sont emparés de cette vigne; ils ont perdu le rapport avec le maître de la vigne ». Ils n’ont « plus besoin de Dieu, de ce patron ».
La grande amnésie
« Les corrompus sont de grands amnésiques, ils ont oublié cet amour avec lequel le Seigneur a fait la vigne, les a faits. Ils se sont coupés de ce rapport et de cet amour. Ils sont devenus adorateurs d’eux-mêmes », a expliqué le pape.
Personne n’est à l’abri du « danger » de « devenir corrompu », a-t-il mis en garde : « il y en a dans les communautés chrétiennes et ils font tant de mal. Jésus parle aux docteurs de la loi, aux pharisiens, qui étaient corrompus. Il leur dit qu’ils sont des sépulcres blanchis. Et dans les communautés chrétiennes les corrompus sont ainsi. On dit: Ah, c’est un bon chrétien, il appartient à telle confraternité; c’est l’un des nôtres. Mais pas du tout : ils sont pour eux-mêmes. »
« Judas a commencé par être un pécheur avare, il a terminé dans la corruption », car « la route de l’autonomie est une route dangereuse », a insisté le pape, avant de formuler le voeu suivant : « Que de mal font les corrompus dans les communautés chrétiennes ! Que le Seigneur nous libère du glissement sur la voie de la corruption !».
La grâce de se sentir pécheur
Evoquant le 50e anniversaire de la mort du bienheureux Jean XXIII « un modèle de sainteté », fêté le 3 juin, le pape a aussi parlé « des saints » : dans la parabole, les saints « sont ceux qui vont relever le loyer et ils savent ce qui les attend. Mais ils doivent le faire et ils font leur devoir. Les saints sont ceux qui obéissent au Seigneur, ceux qui adorent le Seigneur, ceux qui n’ont pas perdu la mémoire de l’amour avec lequel le Seigneur a fait la vigne. Les saints dans l’Eglise. Et de la même façon que les corrompus font tant de mal à l’Eglise, les saints font tant de bien ».
« Des corrompus, l’apôtre Jean dit qu’ils sont l’antéchrist, ils sont parmi nous, mais ne sont pas de nous. Des saints, la parole de Dieu en parle comme de la lumière : ce sont ceux qui seront devant le trône de Dieu, en adoration ».
« Demandons aujourd’hui au Seigneur la grâce de nous sentir pécheurs. Mais vraiment pécheurs. La grâce de ne pas devenir corrompus: pécheurs oui, corrompus, non. Et la grâce d’aller sur la route de la sainteté », a conclu le pape.