Audience générale du 31 octobre 2018 © Vatican Media

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Forum social mondial des migrations : message du pape François

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Refuser toutes les injustices (Traduction intégrale)

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« La transformation positive de nos sociétés commence par le refus de toutes les injustices, qui aujourd’hui cherchent leur justification dans la “culture du rebut”, une maladie “pandémique” du monde contemporain. » C’est ce qu’écrit le pape François dans un message adressé au 8ème Forum social mondial des migrations organisé du 2 au 4 novembre 2018, à Mexico.
Le pape y encourage à « donner voix aux “sans voix” », citant « les migrants, les réfugiés et les déplacés, qui sont ignorés, exploités, violés et abusés dans le silence coupable de beaucoup ».
Il invite aussi à la collaboration « pour améliorer les accords bilatéraux et multilatéraux dans le domaine migratoire, afin qu’ils soient toujours au plus grand bénéfice de tous : les migrants, les réfugiés, les déplacés, leurs familles, leurs communautés d’origine et les sociétés qui les accueillent ». « Cela ne peut s’obtenir que dans un dialogue transparent, sincère et constructif entre tous les acteurs, dans le respect des rôles et des responsabilités de chacun », souligne-t-il.
Voici notre traduction intégrale de ce message pour cet événement auquel participait le jésuite Michael Czerny, sous-secrétaire de la Section « Migrants et Réfugiés » du Dicastère pour le service du développement humain intégral.
Message du pape François 
Chers frères et sœurs,
Je vous remercie pour l’invitation qui m’a été faite par les organisateurs du Forum social mondial des migrations à vous adresser quelques paroles d’encouragement au début des sessions de travail.
Le programme d’action de la huitième édition du Forum social mondial des migrations rappelle la mission du prophète Jérémie, envoyé par Dieu « pour arracher et renverser, pour détruire et démolir, pour bâtir et planter » (Jr 1, 10). Comme au temps du prophète, aujourd’hui il y a des méchancetés à arracher, des injustices à démolir, des discriminations à détruire, des privilèges à renverser, de la dignité à bâtir et des valeurs à planter.
La transformation positive de nos sociétés commence par le refus de toutes les injustices, qui aujourd’hui cherchent leur justification dans la “culture du rebut”, une maladie “pandémique” du monde contemporain. Cette opposition se pose comme une première réalisation de justice, surtout quand elle réussit à donner voix aux “sans voix”. Et parmi ces derniers il y a les migrants, les réfugiés et les déplacés, qui sont ignorés, exploités, violés et abusés dans le silence coupable de beaucoup.
L’action transformatrice ne se limite pas cependant à dénoncer les injustices. Il est nécessaire de trouver des modèles de solutions concrètes et faisables, en éclaircissant les rôles et les responsabilités de tous les acteurs. Dans le domaine migratoire (migrer), la transformation (transformer) se nourrit de la résistance (résister) des migrants, des réfugiés et des déplacés, et se sert de leurs capacités et de leurs aspirations pour la construction (construire) de « sociétés inclusives, justes et solidaires, capables de rendre la dignité à tous ceux qui vivent dans une grande incertitude et ne réussissent pas à rêver un monde meilleur » (Message au Président exécutif du Forum économique mondial, 23-26 janvier 2018).
Ce forum se propose d’affronter sept axes thématiques directement liés aux migrations contemporaines : droits humains, frontières, incidence politique, capitalisme, genre, changement climatique et dynamiques transnationales. Il s’agit de thèmes très importants, qui méritent une réflexion attentive et partagée par tous les acteurs, une réflexion qui cherche l’intégration des différentes perspectives, en reconnaissant la complexité du phénomène migratoire.
Et c’est justement en raison de cette complexité que depuis deux ans la communauté internationale s’est impliquée dans le développement de deux processus de consultations et de négociations, qui ont comme objectif l’adoption de deux pactes mondiaux, pour une migration sûre, ordonnée et régulière, et l’autre sur les réfugiés. Comme contribution à ces processus, la Section Migrants et Réfugiés [du Dicastère pour le service du développement humain intégral, ndlr], sous ma direction, a préparé un document, intitulé 20 Points d’actions pour les Pactes Globaux, qui soutient une série de mesures efficaces et confirmées qui, dans leur ensemble, constituent une réponse cohérente aux défis qui se posent actuellement. Les 20 Points s’articulent autour de quatre verbes — accueillir, protéger, promouvoir et intégrer — qui synthétisent la réponse aux « défis posés à la communauté politique, à la société civile et à l’Eglise » (Discours aux participants au Forum International «Migrations et Paix», 21 février 2017), par le phénomène migratoire aujourd’hui.
Beaucoup des principes déclarés et des mesures suggérées dans les 20 Points d’Action coïncident avec les déclarations que les organisations de la société civile ont signées dans l’intention de contribuer au processus lancé par les Nations unies en vue des Pactes Globaux. Les coïncidences de principe et de mesure entre les 20 Points et les textes finaux des Pactes sont importants.
Au-delà de leurs limites, que le Saint-Siège n’a pas manqué de signaler, et de leur nature non contraignante, les Pactes Globaux constituent«un cadre de référence pour des propositions politiques et des mesures pratiques » (Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2018, 13 novembre 2017). Comme pour n’importe quelle action de portée mondiale, la mise en pratique des recommandations et des suggestions contenues dans les Pactes Globaux demande la coordination des « efforts de tous les acteurs, parmi lesquels, vous pouvez en être certains, il y aura toujours l’Eglise » (Discours aux participants du Forum International sur “Migrations et Paix”, 21 février 2017). A telle fin j’espère pouvoir compter sur votre collaboration à tous et sur celle des organisations que vous représentez dans ce forum.
La même collaboration est demandée pour améliorer les accords bilatéraux et multilatéraux dans le domaine migratoire, afin qu’ils soient toujours au plus grand bénéfice de tous : les migrants, les réfugiés, les déplacés, leurs familles, leurs communautés d’origine et les sociétés qui les accueillent. Cela ne peut s’obtenir que dans un dialogue transparent, sincère et constructif entre tous les acteurs, dans le respect des rôles et des responsabilités de chacun.
Je voudrais saisir cette occasion pour encourager les organisations de la société civile et les mouvements populaires à collaborer à la diffusion massive de ces points des Pactes Globaux qui vivent la promotion humaine intégrale des migrants et des réfugiés — ainsi que des communautés qui les accueillent —, en mettant en évidence les bonnes initiatives proposées. Les organisations et les mouvements sont invités à s’engager pour promouvoir une répartition de responsabilité plus équitable dans l’assistance aux demandeurs d’asile et aux réfugiés. Leur actions est en outre déterminante pour identifier rapidement les victimes de la traite, en réalisant tous les efforts nécessaires pour les libérer et les réhabiliter.
Je demande enfin l’intercession de la Vierge Marie, sous le titre de Notre Dame de Guadalupe, afin qu’elle vous protège et qu’elle vous soutienne de son aide maternelle dans vos activités en faveur des migrants, des réfugiés et des déplacés.
Dieu bénisse votre travail dans les prochains jours.
Vatican, 26 octobre 2018
François

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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