Messe à Villavicencio, Colombie, capture CTV

Messe à Villavicencio, Colombie, capture CTV

En Colombie, le pape plaide pour la femme et sa "force sociale"

La femme n’est pas une « servante du cléricalisme »

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Au jour de la fête de la Nativité de la Vierge Marie, le 8 septembre 2017, à Villavicencio, le pape François a une nouvelle fois pris la défense de la femme, comme il l’a fait à plusieurs reprises depuis son arrivée en Colombie, deux jours plus tôt. Dans ses discours, il a souligné la « force sociale » de la femme, rappelant leur rôle en Amérique latine et demandant de ne pas la réduire à une « servante du cléricalisme ».
Au troisième jour de son voyage dans le pays, le pape a quitté Bogota pour rejoindre Villavicencio, deuxième étape de sa visite, sous le signe de la réconciliation.
Durant une messe dans la matinée, sur le terrain Catama, le pape a béatifié deux martyrs colombiens : Mgr Jesús Emilio Jaramillo Monsalve (1916-1989), évêque d’Arauca, et le prêtre diocésain Maria Ramírez Ramos (1899-1948).
En méditant sur l’Évangile, dans son homélie, le pape s’est arrêté sur la généalogie de Jésus (Mt 1, 1-17), qui mentionne des femmes « qui annoncent que dans les veines de Jésus coule du sang païen, qui rappellent des histoires de rejet et de soumission ». « Dans des communautés où nous décelons encore des styles patriarcaux et machistes, il est bon d’annoncer que l’Évangile commence en mettant en relief des femmes qui ont marqué leur époque et fait l’histoire », a-t-il souligné.
Le pape a donné en exemple l’attitude de saint Joseph, « homme juste » : « aujourd’hui, en ce monde où la violence psychologique, verbale et physique envers la femme est patente, Joseph se présente comme une figure d’homme respectueux, délicat qui, sans même avoir l’information complète, opte pour la renommée, la dignité et la vie de Marie ».
La force sociale des femmes
La veille déjà, devant les membres du Comité de direction du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) qu’il a rencontrés à la nonciature apostolique de Bogotá, le pape a affirmé que « l’espérance en Amérique Latine a un visage féminin ».
Le pape a salué le « rôle de la femme dans notre continent et dans notre Église » : « De ses lèvres nous avons appris la foi ; presqu’avec le lait de ses seins nous avons acquis les traits de notre âme métisse et l’immunité face à tout désespoir. Je pense aux mères indigènes ou noires, je pense aux femmes des villes avec leur triple tour de travail, je pense aux grand-mères catéchistes, je pense aux consacrées et aux très nombreuses femmes artisans du bien. »
« Sans les femmes, l’Église du continent perdrait la force de renaître continuellement. Ce sont les femmes qui, avec une patience méticuleuse, allument et rallument la flamme de la foi. C’est un devoir sérieux de comprendre, de respecter, de valoriser, de promouvoir la force ecclésiale et sociale de ce qu’elles font », a insisté le pape.
Pas servantes du cléricalisme
« Si nous voulons une étape nouvelle et vivace de la foi dans ce continent, nous ne l’obtiendrons pas sans les femmes, a-t-il affirmé. S’il vous plaît, elles ne peuvent pas être réduites à des servantes de notre cléricalisme récalcitrant ; elles sont, en revanche, protagonistes dans l’Église de l’Amérique Latine. »
Un peu plus tôt dans la matinée, en rencontrant les autorités politiques et religieuses colombiennes sur la Plaza de Armas du palais présidentiel “Casa de Nariño”, le pape a demandé de s’arrêter sur « la femme, sur son apport, sur son talent, sur sa façon d’être ‘‘mère’’ dans les multiples tâches », arguant que « la Colombie a besoin de la participation de tous pour s’ouvrir à l’avenir avec espérance ».
A Villavicencio, plusieurs femmes en tenues traditionnelles indigènes, ont lu des intentions en langues autochtones, au moment de la prière universelle. Le pape a aussi salué des indigènes à divers moments de la célébration : procession d’entrée, procession des offrandes.
Avant la célébration, le pape François a sillonné en papamobile le grand terrain – où de nombreuses personnes avaient passé la nuit – acclamé aux cris de « François, frère, tu es déjà Colombien ! » et « François, ami, el Llano (région) est avec toi ! »

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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