L’obstacle qui empêche de répondre adéquatement aux défis des changements climatiques se trouve « dans notre cœur », diagnostique le cardinal Turkson.
Le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, est en effet au « Sommet des consciences », organisé mardi, 21 juillet, à Paris, en préparation à la Conférence internationale sur le climat « COP21 », organisée par l’ONU en novembre-décembre prochain dans la capitale française.
Le président du Conseil pontifical Justice et paix s’est exprimé lors du rendez-vous qui a été inauguré par l’intervention du président français François Hollande.
Le thème était : « Le climat, pourquoi je m’en soucie » (« The climate, why do I care »). Le sommet visait à inciter chacun à participer à diminuer sa consommation d’énergies fossiles, principales responsables du réchauffement.
Le cardinal ghanéen a précisé ce qui a conduit aux erreurs commises : « Nous avons fait des erreurs qui ont augmenté le désastre environnemental. Et ces erreurs trouvent leurs racines dans une culture du consumérisme qui n’a pas tenu compte des conséquences que le progrès technique et technologique peut avoir ».
« L’enjeu, c’est l’avenir de notre planète, notre maison commune », a averti le cardinal Turkson, en citant Laudato Si’.
Les belles idées ne suffisent pas
Plus que la « protection » de l’environnement, le terme le plus utilisé par le pape, a-t-il fait remarquer, c’est le « soin », ce qui signifie « avoir à cœur le destin de notre maison commune », a-t-il expliqué.
L’encyclique invite, a-t-il précisé, à ne pas « se contenter des belles idées ». Car elle appelle des décisions concrètes notamment pour réduire les émissions de gaz à effet de serre : « Si les changements climatiques sont un problème mondial, les leaders sont appelés à promouvoir des politiques qui permettent ces prochaines années de réduire de manière drastique les émissions de carbone et de gaz. »
Intervention du patriarche Bartholomaios
Pour sa part, le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomaios Ier, a rappelé l’appel de Manilel de février dernier : « Dans un appel vibrant lancé à partir de Manille, conjointement par les autorités françaises et philippines, en février 2015, nous étions tous individuellement et collectivement appelés à agir en faveur du climat. Aujourd’hui plus que jamais nous rappelons l’urgence d’une justice globale, d’une solidarité financière et technologique mondiale. L’appel se terminait de la sorte : « Nous appelons (…) tous les acteurs, les États (…) et les citoyens à jouer pleinement leur rôle dans la lutte contre le changement climatique et en particulier contre ses effets, et la réduction des risques de catastrophes naturelles liées au climat, par des efforts individuels ou des initiatives en coopération ».»
Le patriarche a indiqué « trois engagements indispensables pour une spiritualité écologique réelle » en disant: « Le sens de l’implication des religions dans ce crucial combat pour la sauvegarde de notre planète est triple : éduquer, convertir et glorifier. »
Des lieux de pèlerinage « verts »
L’ancien secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, le Bangladais Muhammad Yunus, pionnier du microcrédit et Prix Nobel de la paix 2006, l’acteur et ancien gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, ont participé au sommet.
« Plus qu’une déclaration ou une invitation de plus à se mobiliser, l’appel présenté à cette occasion vise à interpeller chacun quel que soit son âge, sa langue, sa culture, ses convictions. Il s’agit de susciter en chaque individu un moment de réflexion sur sa relation à la planète et ce qui le conduit à s’engager en sa faveur », indiquent les organisateurs.
Le sommet a aussi été l’occasion de lancer la « Foi verte en acte » (“Green Faith in Action”), pour les « villes de pèlerinage »: il s’agit d’une « initiative mondiale » ayant pour objectif de « rendre les villes pèlerinages de toutes obédiences religieuses et spirituelles sobres en carbone et résilientes aux dérèglements climatiques », notamment Lourdes (France, catholique), Fatima (Portugal, catholique), en Inde, Amritsar (centre spirituel et culturel de la communauté sikh) et Benarès (ville sainte de l’Hindouisme et du Jaïnisme), mais aussi La Mecque (Arabie Saoudite, musulmane), Touba (Sénégal, ville sainte du Mouridisme, de l’islam souphite).
Assises chrétiennes de l’écologie
L’Église de France était représentée à la rencontre par Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes et président de Pax Christi France, et par Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, secrétaire général et porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF).
Dans le sillage de Laudato Si’, et en préparation à COP21, le diocèse de Saint-Etienne propose, du 28 au 30 août, au Parc des Expositions, la seconde édition des Assises chrétiennes de l’écologie, pour « une société plus juste et plus respectueuse de la création ». En novembre 2011, la première édition avait réuni quelque 1700 personnes.