Aung San Suu Kyi, Birmanie © L'Osservatore Romano

Aung San Suu Kyi, 4 mai 2017 © L'Osservatore Romano

Birmanie et Bangladesh : possible voyage du pape en novembre 2017

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Une délégation vaticane en visite dans les deux pays

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Le pape François pourrait se rendre en Birmanie (Myanmar) et au Bangladesh à la fin du mois de novembre 2017. Des sources persistantes font état de ce voyage qui n’a été ni confirmé ni infirmé par le Bureau de presse du Saint-Siège.
D’après l’agence en anglais « Union of Catholic Asian News » (UCANews), le pape devrait visiter la Birmanie à partir du 27 novembre, puis le Bangladesh où il devrait arriver le 30 novembre pour trois jours.
Selon la même source, une délégation du Vatican se trouve ces jours-ci dans la capitale birmane Rangoun, pour fixer les détails du voyage avec la Conférence épiscopale du pays. Le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoun – créé cardinal par le pape François en 2015 – , ainsi que des évêques locaux, ont rencontré le chef militaire Min Aung Hlaing pour discuter « de l’organisation de la visite du pape François et des perspectives de paix pour le pays ».
Le pape devrait célébrer deux messes, à Naypyidaw et à Rangoun. Il devrait aussi rencontrer le président du Myanmar Htin Kyaw et la conseillère d’État et ministre des Affaires étrangères, Aung San Suu Kyi. Ce serait la première visite d’un pape dans ce pays.
Le pape François a en effet été invité par le président Htin Kyaw – un démocrate proche d’Aung San Suu Kyi, président depuis le 30 mars 2016 – et par les évêques, à l’occasion des 500 ans de l’arrivée du catholicisme en Birmanie (2014).
Les délégués du Vatican doivent ensuite rejoindre Dacca, au Bangladesh, où le pape pourrait ordonner 16 prêtres et rencontrer de nombreux leaders politiques et représentants d’autres religions. UCANews cite un prêtre de la délégation qui précise que le voyage devrait être annoncé officiellement d’ici la fin du mois d’août.
Plaidoyers du pape pour les Rohingyas
Le voyage au Myanmar aurait lieu six mois après l’établissement de relations diplomatiques entre la République birmane et le Saint-Siège, le 4 mai dernier, lors de la deuxième visite d’Aung San Suu Kyi au Vatican. Et la récente nomination du Délégué apostolique, Mgr Paul Tschang In‑Nam, comme premier nonce dans le pays, le 12 août dernier.
Le déplacement devrait être marqué notamment par les appels répétés du pape François en faveur de la minorité musulmane birmane des Rohingyas, persécutée dans son pays et rejetée de toutes parts. Lors de l’audience générale du 8 février dernier, il s’était attristé : ce sont « des gens bons, des gens pacifiques. Ils ne sont pas chrétiens, ils sont bons, ils sont nos frères et sœurs ».
Dans son homélie du 19 mai 2015 à la Maison Sainte-Marthe au Vatican, il avait réagi après l’arrivée de milliers de migrants abandonnés par les passeurs sur les côtes d’Indonésie, de Thaïlande et de Malaisie : « Pensons aujourd’hui à ces pauvres Rohingyas de Birmanie. En quittant leur patrie pour échapper aux persécutions, ils ne savaient pas ce qui allait leur arriver. Et cela fait des mois qu’ils sont sur un bateau  … Ils arrivent dans une ville où on leur donne de l’eau, de la nourriture, et on dit: ‘Allez-vous-en !’… Et cela se passe aujourd’hui. »
En août de la même année, il avait dit devant des membres du Mouvement eucharistique des jeunes : « Pensons à nos frères Rohingya : ils sont chassés d’un pays, et d’un autre, et d’un autre et ils partent par la mer… Quand ils arrivent dans un port ou sur une plage, on leur donne un peu d’eau ou quelque chose à manger et on les chasse en les renvoyant sur la mer. C’est un conflit non résolu, et c’est une guerre, cela se nomme la violence, cela se nomme tuer. »
Selon les données de l’Arakan Project, organisation humanitaire défendant des droits des Rohingyas, depuis 2010, quelque 100 000 membres de cette minorité ont fui la Birmanie par la mer. Les violences entre bouddhistes radicaux et Rohingyas ont fait, depuis 2012, plus de 200 morts et 140 000 déplacés.
Une majorité musulmane
La visite du pape au Bangladesh aurait lieu 31 ans après celle du pape Jean-Paul II (novembre 1986). L’islam y est religion d’Etat : environ 90 % de la population est musulmane, 8 % est hindoue, les 2 % restants regroupant les autres religions. On estime que les chrétiens représentent, toutes confessions confondues, environ 1 % de la population, dont une moitié de catholiques.
Le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, qui s’y est rendu en mai 2011, a estimé que le Bangladesh était un « exemple » de coexistence entre différentes croyances religieuses, « un modèle unique de communauté et d’harmonie religieuse ».
Le 19 novembre 2016, le pape François a créé le premier cardinal de l’histoire du pays, Mgr Patrick D’Rozario, archevêque de Dacca.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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