Sr Nathalie Becquart © NB

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Au synode, "la voix des femmes a été entendue et prise en compte", par sr Nathalie Becquart

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Le besoin de « figures féminines de référence »

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« Le synode des Evêques, un espace d’écoute, de reconnaissance, d’empowerment et de leadership pour les femmes dans l’Eglise ? »: c’est la question à laquelle répond Sr Nathalie Becquart, xmcj, auditrice au synode des jeunes, consultrice pour le Secrétariat général du Synode des Evêques, dans le supplément mensuel de L’Osservatore Romano « Femmes Eglise Monde » – « Donne Chiesa Mondo » – de janvier 2020.
Ce supplément, publié samedi 28 décembre 2019, a pour thème la « question des femmes » des origines de l’Église au pontificat du pape François.
L’article de Sr Nathalie Becquart est publié en italien sous le titre: « Au-delà du synode. Ne pas avoir peur ».
Il fait notamment observer qu’au quotidien, « dans leurs églises locales, les femmes sont engagées dans de multiples tâches et activités apostoliques. Mais elles éprouvent aussi souvent des difficultés à exercer davantage leurs charismes et leadership » et qu’elles « se confrontent au cléricalisme et peuvent subir des formes d’inégalités »: « Beaucoup éprouvent une difficulté à trouver leur place dans l’Eglise. Ainsi de nombreuses jeunes femmes expriment que leur discernement vocationnel est rendu plus compliqué par manque de figures féminines de références. »
Voici le texte original en français avec l’aimable autorisation de l’auteur.
AB
Le synode des Evêques, un espace d’écoute, de reconnaissance,
d’empowerment et de leadership pour les femmes dans l’Eglise ?
Lors des deux derniers synodes des évêques, les femmes présentes – 35 sur 350 participants au synode des jeunes d’octobre 2018, 35 sur 250 au synode sur l’Amazonie d’octobre 2019 – ont fait particulièrement entendre leur voix et ont vraiment joué un rôle important. De fait, de nombreux pères synodaux, évêques et cardinaux, ont dit avoir expérimenté lors de ces deux synodes la joie et la fécondité d’un travail de type synodal avec des femmes[1]. Mais les femmes elles-mêmes, qui ont eu la chance de participer à cette « marche ensemble » sous la conduite de l’Esprit, ont aussi toutes exprimé avec enthousiasme avoir vécu une expérience extrêmement positive. Car elles ont eu le sentiment de collaborer de manière active avec les pasteurs dans un esprit d’écoute mutuelle, de fraternité, de dialogue vrai, et de service commun de la mission de l’Eglise. Pour toutes, le synode romain fut un moment unique de grâce, marqué aussi par la présence du Pape François et son attention portée aux femmes. On comprend pourquoi s’est rapidement répandue l’expression «mères synodales » pour désigner celles qui avaient reçues avec grande surprise l’invitation à prendre part à cette aventure assez exceptionnelle.
Si nous écoutons l’expérience des femmes au synode, analysons les sujets dont les médias ont parlé et bien sûr les textes produits[2], nous pouvons affirmer avec force que la voix des femmes a été entendue et prise en compte. Le synode a joué comme une caisse de résonance pour la voix des femmes car leurs cris, leurs réalités, aspirations et souffrances ont été mis en lumière, amenant l’Eglise à se positionner clairement pour la défense du droit des femmes et la lutte contre les discriminations qu’elles subissent dans la société et dans l’Eglise[3]. La question des femmes a été majeure lors du synode des jeunes et encore plus prégnante au synode sur l’Amazonie. Ces deux synodes ont ainsi plaidé pour une plus grande reconnaissance du rôle et du ministère des femmes dans l’Eglise demandant qu’elles soient davantage associées aux prises de décisions et présentes dans les postes de responsabilité.
Au quotidien, dans leurs églises locales, les femmes sont engagées dans de multiples tâches et activités apostoliques. Mais elles éprouvent aussi souvent des difficultés à exercer davantage leurs charismes et leadership. Elles se confrontent au cléricalisme et peuvent subir des formes d’inégalités. Beaucoup éprouvent une difficulté à trouver leur place dans l’Eglise. Ainsi de nombreuses jeunes femmes expriment que leur discernement vocationnel est rendu plus compliqué par manque de figures féminines de références.
En permettant à des femmes issues de différentes réalités ecclésiales de vivre ensemble le synode avec les évêques au cœur de l’Eglise universelle sur une durée assez longue, celles-ci trouvent la possibilité de se rencontrer, d’apprendre les unes des autres, de se soutenir dans leur chemin spirituel et ecclésial, de se découvrir moins seules dans leurs questions et recherches. Le synode donne finalement aux participantes de vivre une expérience d’empowerment qui les aide à reconnaître et déployer davantage leur vocation, à se sentir davantage responsables et oser développer leur leadership de retour dans leur pays.
Les femmes du synode marquées par les relations de réciprocité tissées entre pasteurs et laïcs ou consacrées sont ainsi devenues des moteurs de synodalité dans leurs églises locales, des actrices engagées de la transformation missionnaire de l’Eglise. Le synode des Evêques leur fait vivre une expérience d’incorporation plus profonde dans le « nous » ecclésial, une prise de conscience plus vive de leur rôle dans l’Eglise et de leur responsabilité baptismale. Elles en ressortent avec le désir de partager et transmettre cette expérience d’implication dans un processus qui participe à la gouvernance de l’Eglise. A travers le synode elles approfondissent leur vocation propre, s’approprient plus avant la vision de l’Eglise synodale fondée sur une théologie du Peuple de Dieu. Et elles entendent un appel à ne pas avoir peur de continuer à aller de l’avant en osant aussi poser des questions comme celle du droit de vote et de la place des Supérieures générales des Congrégations féminines au regard de leurs homologues masculins.
 
Sr Nathalie Becquart, xmcj,
auditrice au synode des jeunes,
consultrice pour le Secrétariat général du Synode des Evêques
[1] Ainsi en témoignait Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Guyane lors d’une interview à la fin du synode sur l’Amazonie[1] : « lors de ce synode les femmes ont été remarquables et nous aidés par leur expérience et l’Eglise doit le reconnaître d’une façon plus forte ».
[2] tant l’Instrument de travail que le Document final
[3] Document final du synode sur l’Amazonie §102 « Face à la réalité vécue par les femmes victimes de violences physiques, morales et religieuses, y compris des féminicides, l’Église se positionne pour la défense des droits des femmes et les reconnaît comme protagonistes et gardiennes de la création et de la « maison commune ».  Nous reconnaissons le ministère que Jésus a réservé aux femmes. »

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Rédaction

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