Jésus miséricordieux de Vilnius © faustine-message.com

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A Vilnius, le Christ miséricordieux présidera la rencontre entre les jeunes et le pape

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Histoire de cette peinture demandée par Jésus à Faustine

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Le pape François se rend à Vilnius, capitale de la Lituanie et ville dans laquelle a été peint le premier tableau de « Jésus miséricordieux » par le peintre polonais Eugeniusz Kazimirowski (1893-1939), sous la direction de sainte Faustine Kowalska (1905-1938), et avec la supervision de son directeur spirituel, le bienheureux p. Michal Sopocko (1888-1975), alors aumônier du monastère de la Visitation. Le peintre louait un appartement aux sœurs en-dessous de celui de leur aumônier.
Les péripéties entourant la réalisation du tableau et son itinéraire pendant la seconde guerre mondiale, puis de Vilnius en Biélorussie pendant le régime soviétique sont étonnantes.
Mais le pape François ne se rendra pas en visite – même privée – en l’église de la Sainte-Trinité, devenue aujourd’hui le sanctuaire de la Miséricorde divine, ouvert à tous, comme le Christ l’a demandé à sainte Faustine. Il est même ouvert nuit et jour, chaque jour de l’année et on peut aussi le visiter en ligne grâce à une webcam. Sauf le 22 septembre !
Le pape sera en effet dans les Pays Baltes, du 22 au 25 septembre 2018, et en Lituanie les samedi 22 et dimanche 23 septembre, et bien sous le signe de la miséricorde divine.
De fait, le samedi, le pape se rendra au sanctuaire de l’icône de la Vierge Marie de la « Porte de l’Aurore » dans les remparts de la vieille ville, que le pape Pie XI a surnommée la Mère de Miséricorde, « Mater Misericordiae ». Le pape se recueillera devant l’icône de la Vierge du XVIe siècle, chère aux Lituaniens qui ne passent pas sous la voûte sans saluer la Vierge dont l’effigie est visible depuis la rue grâce à une grande verrière. Elle est si chère aux Lituaniens que même pendant l’occupation soviétique cette chapelle n’a jamais été fermée.
Le pape a ensuite rendez-vous avec les jeunes, à 17h30, sur le parvis de la cathédrale Saint-Casimir où il ira vénérer le tombeau du saint prince de Lituanie.
Et voilà la raison pour laquelle le pape François ne se rendra pas au sanctuaire de Jésus miséricordieux : c’est sa rencontre avec les jeunes qui sera en quelque sorte présidée par le Christ miséricordieux dont le tableau quittera exceptionnellement le sanctuaire pour l’esplanade selon une information de Zenit.
Mais ce parcours de la miséricorde ne serait pas complet si le pape ne passait pas par les lieux du martyre des juifs lituaniens assassinés sous l’occupation nazie lors de ce que l’on appelle aujourd’hui, selon l’expression du p. Patrick Desbois, « la Shoah par balle », et ceux du martyre de la Lituanie sous le nazisme et le communisme. Ce don de la miséricorde n’est-il pas la force d’en-haut qui permet de traverser les tragédies des XXe et XXIe siècles ?
Le pape se recueillera au Monument des Victimes du Ghetto (Place Rūdnikų) et au Musée des occupations et des combats de la liberté, situé dans le bâtiment où le KGB était installé durant des années, avec ses terribles salles de tortures. On y trouve des documents historiques sur les régimes d’occupation contre les Lituaniens (1940-1990), sur la résistance antinazie et antisoviétique et sur les victimes du génocide et de la déportation au goulag.
Que tous y aient accès
« Par cette image j’accorderai beaucoup de grâces;  que chaque âme ait donc accès à elle » : ces paroles du Christ sont rapportées par sainte Faustine Kowalska dans son Petit Journal (PJ 570), et dans leur simplicité, elles apparaissent aussi étonnantes. Le Christ se manifeste et demande à être peint. Faustine rapporte encore ces paroles du Christ: « Je donne aux hommes un vase, avec lequel ils doivent venir puiser la grâce à la source de la miséricorde. Ce vase, c’est ce tableau, avec l’inscription: ‘Jésus, j’ai confiance en Toi’ » (PJ 327).
Le Christ se faisait pressant : dès février 1931, Faustine note la demande dans son Petit Journal. Mais elle se heurte à l’incrédulité des supérieures et des confesseurs. Puis elle prononce ses vœux perpétuels, le 25 mai 1933, et c’est alors qu’elle est envoyée comme jardinière à Vilnius, elle qui ne savait pas jardiner, mais l’apprendra si bien qu’elle fera une serre pour que Jésus ait des fleurs, même pendant le grand hiver lituanien.
Aujourd’hui, la maison en bois où Jésus est apparu près d’une centaine de fois à Faustine existe toujours, tandis que du béton a remplacé les autres petites maisons en bois du quartier à l’époque soviétique. On vient y prier tous les jours, à 15h le chapelet de la miséricorde. Avant d’atteindre la maison, on traverse le jardin autrefois cultivé par Faustine.
Jésus insiste de nouveau sur la réalisation du tableau : « Soudain, je vis le Seigneur qui me dit: Sache que si tu négliges la peinture de ce tableau et toute l’œuvre de la Miséricorde, tu devras rendre compte, au jour du jugement, d’un grand nombre d’âmes » (PJ 154).
C’est la rencontre avec le père Sopocko à Vilnius qui va permettre la réalisation des demandes du Christ.
Peindre Jésus « avec des pinceaux »
L’atelier du peintre a aujourd’hui été transformé en chapelle : la maison est confiée aux sœurs de Jésus miséricordieux, fondées par le père Sopocko après la mort de sainte Faustine, selon la volonté exprimée par le Christ.
Faustine avait bien essayé, en vain, de peindre elle-même. Puis elle avait cherché autour d’elle des sœurs capables de le faire, en vain également. Le père Sopocko a ainsi fait appel à son jeune voisin, qui avait étudié à Varsovie, Cracovie et à Paris, en Russie et en Italie. Il avait aussi vécu un temps à Washington.
Le prêtre lui-même avait du mal à croire que le Christ demandait à être peint, avec de vrais pinceaux. Un autre confesseur de Faustine lui avait dit : « Oui, ma sœur, le Seigneur désire être peint, dans votre âme ». Mais non, le Christ miséricordieux voulait donner au monde un portrait fait « avec des pinceaux ».
Faustine s’est rendue environ deux fois par semaine pendant six mois chez le peintre, accompagnée d’une personne de la paroisse, ou d’une soeur. Le père Sopocko lui-même portait la tunique du Christ et servait de modèle. Le secret devait être protégé.
Et pendant longtemps on a tellement douté de l’inspiration de Faustine que Maria Winowska a publié son livre « L’icône du Christ miséricordieux », avec en couverture une icône et non la reproduction du tableau, par obéissance : il ne fallait pas en parler. Les doutes sur Faustine et les révélations du Christ miséricordieux ont été levées sous le pontificat de saint Jean-Paul II.
Le père Sopocko lui-même avoue, dans ses « Souvenirs » : « Guidé davantage par la curiosité de savoir comment allait être ce tableau que par la foi en la véracité de ces visions, j’ai demandé au peintre Eugeniusz Kazimirowski de peindre ce tableau ».
Faustine venait indiquer au peintre comment elle voyait le Christ, rectifiant tous les détails. Le regard baissé : « Mon regard sur cette image est le même que celui que j’avais sur la croix » (PJ, 326), avait confié Jésus. La lumière la plus intense vient du cœur. La lumière sur le front qui indique la présence du Père. La position des pieds montre que Jésus vient vers celui qui le contemple. La main droite bénit doucement.
Les deux rayons rouge et lumineux qui jaillissent du coeur sont inséparables: « Ces deux rayons indiquent le sang et l’eau: le rayon pâle signifie l’eau, qui justifie les âmes; le rayon rouge signifie le sang, qui est la vie des âmes. Ces deux rayons jaillirent des entrailles de ma miséricorde, alors que mon Coeur, agonisant sur la Croix, fut ouvert par la lance. (…) Heureux celui qui vivra dans leur ombre » (PJ 299).
Mais le résultat, que l’on trouve si beau aujourd’hui, fait pleurer Faustine : « A un certain moment, quand j’étais chez ce peintre chargé de peindre ce tableau, j’ai vu qu’il n’était pas aussi beau que l’est Jésus – j’en ai été beaucoup peinée, mais j’ai caché ma déception profondément dans mon cœur. (…) La mère supérieure resta en ville pour diverses affaires, moi je suis revenue seule à la maison. Je suis allée aussitôt à la chapelle où j’ai beaucoup pleuré. J’ai dit au Seigneur: ‘Qui te peindra aussi beau que tu l’es? » Soudain j’ai entendu ces paroles: ‘Ce n’est ni dans la beauté des couleurs, ni dans celle du coup de pinceau que réside la grandeur de ce tableau, mais dans ma grâce’ » (PJ 313).
La révélation de 1935
Le tableau disparut de Vilnius pendant l’époque soviétique. Il fut caché jusqu’en Biélorussie. En 2005, le cardinal archevêque – aujourd’hui émérite – de Vilnius, Audrys Backis, a voulu que le tableau – restauré en 2003 – fût placé dans l’église de la Trinité – également restaurée – et que le sanctuaire restât ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Le recteur du sanctuaire, le père Vaidas Vaišvilas, a confié à Zenit que toute personne, même, par exemple, tentée par le désespoir, devait pouvoir avoir accès au Christ miséricordieux au cœur de la nuit. Pour cette raison aussi, la webcam a été placée dans la tribune du sanctuaire : on peut aller s’y recueillir en ligne. On y a accès du monde entier, du moins là où Internet arrive.
Un mur de verre sépare le narthex de la nef de l’église : les passants peuvent saluer le Christ depuis la rue en allant au travail, en vaquant à leurs occupations, de même qu’ils ont l’habitude de saluer l’icône de la Vierge Marie Porte de l’Aurore, en entrant dans la ville ou en en sortant, puisqu’elle est visible depuis la rue.
Et c’est dans cette chapelle de Notre Dame de la miséricorde que le tableau du Christ miséricordieux a été exposé pour la première fois à la vénération publique à l’occasion de la conclusion du Jubilé de la rédemption, du 26 au 28 avril 1935, jusqu’au dimanche après Pâques, en présence de sainte Faustine. Le père Sopocko a prononcé une homélie sur la miséricorde divine.
Faustine raconte : « Pendant trois jours ce tableau fut placé à la vue de tous et reçut les honneurs publics car il était placé à la Porte de l’Aurore, en haut de la verrière, c’est pourquoi on pouvait l’apercevoir de très loin. A la Porte de l’Aurore, l’on a célébré solennellement, durant ces trois jours, la clôture du Jubilé de la Rédemption du Monde – 1900 ans après la passion du Sauveur. Je comprends maintenant que l’oeuvre de la Rédemption est unie à cette oeuvre de la Miséricorde que le Seigneur exige » (PJ 89).
Elle dit encore : « Quand j’étais à la Porte de l’Aurore pour les cérémonies au cours desquelles le tableau a été exposé, j’assistai au sermon de mon confesseur; ce sermon sur la Miséricorde divine était le premier de ceux que Jésus exigeait depuis si longtemps. Quand il commença à parler de cette grande Miséricorde du Seigneur, le tableau prit un aspect vivant et ses rayons pénétraient dans les cœurs des personnes rassemblées (…). Mon âme fut inondée d’une grande joie à la vue de la grâce de Dieu » (PJ 417).
« Quand la cérémonie arriva à son terme et que le prêtre prit le Très Saint Sacrement pour donner la bénédiction, alors je vis Jésus exactement comme Il est représenté sur le tableau. Le Seigneur accorda sa bénédiction, et les rayons se répandirent sur le monde entier » (PJ 420).
Faustine rapporte aussi ces promesses du Christ: « Je promets que l’âme qui honorera ce tableau ne sera pas perdue. Je lui promets aussi la victoire sur ses ennemis d’ici-bas, spécialement à l’heure de la mort. Moi-même, je la défendrai, comme ma propre gloire » (PJ 47).
Voilà la grâce que la visite du pape François propose aux jeunes de Lituanie et des autres pays qui feront le voyage pour cette occasion : une rencontre avec le Christ miséricordieux, sur le parvis de la cathédrale Saint-Casimir, en cette année où l’Eglise se mobilise pour les jeunes auxquels le pape a voulu consacrer un synode des évêques en octobre prochain.
Pour en savoir davantage sur le tableau, on peut se référer au site en plusieurs langues sur le message de Faustine dont nous avons tiré ces citations.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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