Mgr Paul Richard Gallagher, capture Salt&Light

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Lituanie : la puissance de la prière "qui plaide pour la paix"

Homélie de Mgr Paul Richard Gallagher à Vilnius

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« Vous avez donné au monde le témoignage de la vérité profonde, cette paix qui peut être trouvée par une résistance non-violente, même face à la violence », a déclaré Mgr Gallagher aux Lituaniens, qui célébraient les « événements de Vilnius », lorsque les troupes soviétiques qui avaient envahi la Lituanie se retirèrent. Évoquant les « images choquantes de personnes désarmées debout devant des tanks », l’archevêque a poursuivi : « Vous avez fait l’expérience de la puissance de la prière qui plaide pour la paix. »

À l’occasion du prochain voyage du pape François dans les Pays baltes, et en particulier en Lituanie les 22 et 23 septembre prochains, Zenit publie l’homélie prononcée par Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire du Vatican pour les Relations avec les États, le 13 janvier 2018, Jour des Défenseurs de la Liberté de la Lituanie, dans la cathédrale des saints Stanislas et Ladislas à Vilnius, en Lituanie.

Le secrétaire pour les Relations avec les États a rappelé les « fausses libertés » promises par « l’idéologie communiste, qui proclamait qu’elle cherchait à libérer l’homme de l’oppression, alors qu’en fait elle apportait l’oppression », avant de mettre en garde : « Sous la forme de diverses idéologies, cette promesse d’une fausse liberté est encore vivante aujourd’hui ».

Voici notre traduction de l’homélie de Mgr Paul Richard Gallagher.

HG

Homélie de Mgr Paul Richard Gallagher

Chers frères et sœurs dans le Christ,

Je suis très heureux de pouvoir célébrer l’Eucharistie avec vous aujourd’hui, alors que vous commémorez ceux qui sont morts pour la liberté de votre pays. En janvier 1991, vous avez donné au monde le témoignage de la vérité profonde, cette paix qui peut être trouvée par une résistance non-violente, même face à la violence. En nous encourageant à chercher la paix sans violence, le pape François nous rappelle que c’est cette forme d’action non-violente qui a fait tomber les régimes communistes en Europe.

Le 13 janvier, vous étiez déterminés à payer le prix fort, luttant pour un système dans lequel la dignité de chaque personne soit respectée, dans lequel personne ne serait persécuté pour sa foi et où la vie publique ne serait pas fondée sur de fausses idéologies. Pendant les années de l’occupation, vous avez fait l’expérience qu’un système qui ne reconnaît pas Dieu finit par rabaisser l’homme. C’est pourquoi vous avez cherché non seulement l’indépendance mais aussi la liberté qui vient de la vérité (cf. Jn 8,32).

En 1991, le monde entier a vu les images des États baltes. C’était des images choquantes de personnes désarmées debout devant des tanks. L’Église était avec vous dans la prière, comme elle l’est aujourd’hui avec toutes les personnes, dans différents pays à travers le monde, qui souffrent de la guerre et de la persécution. Vous avez fait l’expérience de la puissance de la prière qui plaide pour la paix. Je sais que, la nuit du 13 janvier, les gens était rassemblés en prière, chantant des hymnes à la Mère de Dieu, patronne de la Lituanie, tandis qu’à l’intérieur du Parlement, des prêtres célébraient la messe avec ceux qui y étaient rassemblés pour le défendre.

Ce soir, j’aimerais rappeler les paroles que saint Jean-Paul II a prononcées il y a 25 ans pendant sa visite apostolique en Lituanie. En priant au cimetière d’Antakalnis, devant les tombes de ceux qui étaient morts pour la liberté, où j’ai aussi eu l’occasion de prier plus tôt dans la journée, saint Jean-Paul II a dit : « La foi vous a aidés à résister aux sombres et fréquentes vagues d’oppression qui niaient Dieu et rabaissaient l’homme ».

Aujourd’hui, je me joins à vous pour remercier Dieu qui a préservé la foi de votre nation, non seulement pendant la nuit du 13 janvier, mais à travers la nuit de l’idéologie athée, qui a duré plus de 40 ans, alors que votre pays était occupé. Malgré la persécution des fidèles par le régime communiste, beaucoup de vos compatriotes étaient déterminés à suivre le Christ jusqu’au bout sur le chemin du Calvaire.

L’un de ces vrais disciples du Christ est l’archevêque martyr Mgr Teofilius Matulionis, qui a été béatifié l’été dernier. Le pape François a appelé ce pasteur un témoin héroïque de l’Évangile. Le bienheureux Teofilius Matulionis a rendu témoignage au Christ, alors qu’il était persécuté pour cela. Il a vécu comme le Christ, jusqu’à la mort, en regardant ses persécuteurs avec amour. C’est ce regard transformé par l’amour qui a fait de lui un vrai témoin de l’Évangile.

L’Évangile de ce jour raconte l’appel de Matthieu, lorsque Jésus lui dit : « Suis-moi ! » (Mc 2,14). La devise du pape François, « Miserando atque eligendo » (Mt 9,9) est tirée d’un commentaire du récit de cet événement par Matthieu. Qu’est-ce qui est au centre de cette histoire ? La miséricorde de Dieu. Dans l’Évangile, nous avons entendu que Jésus est suivi par une foule, mais Matthieu n’est pas dans la foule, il est assis à son bureau de collecteur d’impôts. En passant par là, Jésus le regarde avec miséricorde, le choisit et lui dit : « Suis-moi ! »

Dieu est le premier qui regarde l’homme avec miséricorde. Dieu choisit l’homme même lorsque l’homme est encore blessé par le péché. « La miséricorde… illustre le comportement de Dieu envers le pécheur, lui offrant une nouvelle possibilité de se repentir, de se convertir et de croire » (Misericordiae vultus, 21). La seule chose qui puisse nous surprendre plus que l’amour de Dieu, c’est qu’il nous laisse libre de ne pas accepter son amour.

L’invitation de Dieu, « Suis-moi ! », n’est jamais un ordre : « Suis-moi ! » Dieu ne veut pas nous réduire en esclavage – il ne désire que notre réponse libre. Il accepte même d’être rejeté. Toute tentative de réduire l’homme en esclavage remonte en dernier recours au diable qui cherche à détruire l’image de Dieu dans l’homme. Fréquemment, cela se fait par la promesse d’une fausse liberté. En Lituanie, vous en avez fait l’expérience sous la forme de l’idéologie communiste, qui proclamait qu’elle cherchait à libérer l’homme de l’oppression, alors qu’en fait elle apportait l’oppression. Sous la forme de diverses idéologies, cette promesse d’une fausse liberté est encore vivante aujourd’hui.

La seule vraie liberté est née dans le cœur de l’homme. Le pape François disait : « Il y a eu tellement de révolutionnaires dans l’histoire, vraiment beaucoup. Pourtant aucun d’eux n’a eu la force de la révolution qui nous a apporté Jésus : une révolution pour transformer l’histoire, une révolution qui change le cœur humain en profondeur. Les révolutions de l’histoire ont changé les systèmes politiques et économiques mais aucune n’a réellement changé le cœur humain. La vraie révolution, la révolution qui transforme radicalement la vie a été apportée par Jésus-Christ par sa résurrection ».

En cette année où vous célébrez le centenaire de la Restauration de l’État de Lituanie, vous commémorez aussi le 300ème jubilé du couronnement du tableau de la Mère de Dieu à Trakai, sous le titre de Patronne de la Lituanie. Comme pendant la nuit du 13 janvier 1991, Aujourd’hui aussi confions-nous à la protection de Marie. Puisse cette terre continuer d’être connue comme le Pays de Marie et que, par son intercession vous puissiez continuer de garder la foi et en témoigner par les actions de votre vie. Amen.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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