Messe à l'aérodrome de Maquehue, Temuco, Chili © Vatican Media

Messe à l'aérodrome de Maquehue, Temuco, Chili © Vatican Media

Chili : les armes contre la "déforestation de l'espérance"

Visite du pape dans la région de l’Araucania

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« Nous avons besoin les uns des autres à partir de nos différences… C’est la seule arme dont nous disposons contre la ‘déforestation’ de l’espérance. » Depuis l’aérodrome de Maquehue, à Temuco, au Chili, ce 17 janvier 2018, le pape François a encouragé à être « des artisans d’unité ».
L’aérodrome – à quelque 600 km au sud de Santiago – est situé dans la région chilienne de l’Araucania, en terre mapuche, que le pape a saluée comme une « terre bénie par le créateur avec la fertilité d’immenses champs verts… ses majestueux volcans enneigés, ses lacs et ses rivières pleins de vie ». « Ce paysage, a-t-il assuré, nous élève vers Dieu et il est facile de voir sa main en chaque créature. »
Après avoir sillonné la foule joyeuse de 150 000 personnes, agitant des drapeaux du Vatican, le pape a célébré une messe, la deuxième de ce 22e voyage apostolique, aux alentours de 10h20 (14h20 à Rome) sous un grand soleil. Il était entouré de peuples autochtones, notamment les Mapuche, les Rapanui (Ile de Pâques), les Aymara, les Quechua et les Atacamenos.
« Cette célébration, nous l’offrons pour tous ceux qui ont souffert et qui sont morts, et pour ceux qui, chaque jour, portent sur les épaules le poids de nombreuses injustices », a-t-il précisé dans son homélie prononcée en territoire mapuche, théâtre d’affrontement entre les autochtones et les colons.
Pas de cultures supérieures ou inférieures
Dans sa méditation en espagnol, le pape a plaidé pour « l’unité », car  » l’une des pires menaces qui frappe et frappera … toute l’humanité sera la division et l’affrontement, l’asservissement des uns par les autres ». Il a mis en garde contre les « possibles tentations » qui peuvent polluer l’unité ‘à la racine ». Parmi ces tentations : « confondre unité et uniformité ».
« L’unité ne naît pas et ne naîtra pas du fait de neutraliser ou de taire les différences, a-t-il souligné. L’unité n’est pas un simulacre d’intégration forcée ni de marginalisation harmonisatrice… Ce n’est pas et ce ne sera pas une uniformité asphyxiante qui naît normalement de la domination et de la force du plus fort ; non plus une séparation qui ne reconnait pas la bonté des autres ».
L’unité « reconnait ce que tout peuple, toute culture, est invité à apporter à cette terre bénie. L’unité est une diversité réconciliée puisqu’elle ne tolère pas qu’en son nom soient légitimées des injustices personnelles ou communautaires ». « Nous avons besoin de la richesse que chaque peuple a à apporter, et il faut laisser de côté la logique de croire qu’existent des cultures supérieures ou inférieures », a insisté le pape François.
Effacer du coude ce qui a été écrit par la main
L’art de l’unité, a-t-il poursuivi, « n’est pas un art de bureau, ni seulement de documents, c’est un art de l’écoute et de la reconnaissance ». Ainsi l’unité « demande que nous nous écoutions, mais surtout que nous nous reconnaissions mutuellement ».
« Nous avons besoin les uns des autres à partir de nos différences pour que cette terre continue d’être  belle. C’est la seule arme dont nous disposons contre la ‘déforestation’ de l’espérance. C’est pourquoi nous demandons : Seigneur, fais de nous des artisans d’unité », a lancé le pape.
Dénonçant « des formes de violence qui, au lieu de stimuler les processus d’unité et de réconciliation, finissent par les compromettre », le pape a critiqué les « ‘beaux’ accords qui ne (parviennent) jamais à se concrétiser. Bonnes paroles, plans achevés, oui – ils sont nécessaires– mais qui, en ne se concrétisant pas, finissent ‘par effacer avec le coude ce qui a été écrit par la main' ».
Le pape s’est aussi opposé aux méthodes violentes : « La violence appelle la violence, la
destruction augmente la fracture et la séparation… Cherchons, en revanche, le chemin de la non-violence active ».
Célébration aux couleurs locales
Dès le début de la messe, la procession d’entrée a eu lieu au son de cornes et instruments traditionnels. Puis un groupe de mapuches, devant l’autel, a chanté une salutation, accompagnée de tambourins et clochettes.
Des intentions de la prière universelle ont également été lues en langue mapuche, par un homme en vêtement indien traditionnel, coiffé d’un bandeau. Au moment de l’élévation de l’hostie, lors de la consécration, ce ne sont pas des clochettes qui ont retentit, mais une corne.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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