Darfour: Pourquoi ces kilomètres de sable déclenchent-ils massacres, viols, famines ?

Un missionnaire s’interroge

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CITE DU VATICAN, Vendredi 9 juillet 2004 (ZENIT.org) – « On ne parvient pas à comprendre comment un conflit local entre agriculteurs et pasteurs, semblables à tant d’autres dans le monde entier, se soit transformé en l’espace d’un an, en un génocide contre la population civile. Comment un gouvernement peut-il frapper avec autant de férocité son propre peuple ? », se demande le Père Giovanni Battista Antonini, missionnaire Combonien qui travaille depuis longtemps au Soudan, commentant pour l’agence Fides le conflit au Darfour dans le Soudan occidental.

« Le Darfour a toujours été une région très pauvre, privée de ressources et d’infrastructures. Les habitants de la région, les Four (d’où le nom « Darfour », qui veut dire en arabe « la Maison des Four »), sont en majorité des agriculteurs. Au cours des ans, d’autres populations se sont installées au Darfour, en majorité des pasteurs arabes provenant de différentes parties du Soudan. Des querelles éclataient périodiquement entre les agriculteurs «Fours et les pasteurs ‘étrangers’, pour l’eau et le partage de quelques terres fertiles. Ces querelles étaient résolues par le recours aux méthodes traditionnelles de médiation tribale ».

Mais, au-delà des tensions ethniques, il y a un conflit politique très sérieux : « Les Four ont toujours accusé le gouvernement central d’ignorer leur région, en leur refusant les moyens pour se développer. Il n’y a pas d’hôpitaux, de structures C’est ainsi que sont nés deux mouvements de guérilla en opposition au gouvernement ».

« Je ne suis pas en mesure de dire qui finance ces mouvements. Il est vrai toutefois qu’il est facile de se procurer des armes dans la région, depuis que s’est terminée la guerre civile au Tchad voisin, au début des années 1990. Moi-même, il y a quelques années, j’ai vu des kalachnikov en vente à bas prix ».

La réaction du gouvernement à l’égard de la rébellion du Darfour a été féroce. On a manipulé le conflit latent entre agriculteur pasteurs, en le transformant en une guerre ouverte. Les pasteurs arabes ont été entraînés dans la milice sanglante à cheval Janjaweed, qui, avec l’appui des hélicoptères de combats et des avions de l’armée régulière, attaquent de manière systématique les villages de populations que l’on suppose appuyer la rébellion ».

« Je me demande la raison de tant de férocité. Le Darfour est très pauvre, il n’y pas de ressources stratégiques. Alors, pourquoi toute cette violence ? D’autant plus que cette guerre risque de compromettre l’accord de paix dans le sud du Soudan. Pour compléter le cadre, il faut dire que les deux mouvements de guérilla du Darfour, sont liés politiquement à l’opposition des Beja, une population qui vit le long de la Mer Rouge, depuis la frontière avec l’Egypte, jusqu’à celle avec l’Erythrée. Même à Beja, une population connue depuis la période des Romains, accuse Khartoum de les ignorer, et de ne pas pourvoir à leur bien-être. Là aussi, on risque de voir exploser une guerre féroce ».

« Un des problèmes les plus profonds du Soudan, découle de la méfiance des populations périphériques vis-à-vis des ethnies de la Vallée du Nil, qui ont toujours gouverné le pays. Les régimes changent, ainsi que les idéologies, mais à la fin, la classe dirigeante est toujours sortie de ces ethnies. Les conflits comme celui du Darfour ont leur origine dans ce contexte ».

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ZENIT Staff

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