Déclaration de Mgr Ricard sur le "mariage" homosexuel

ROME, jeudi 20 mai 2004 (ZENIT.org) – Dans l’Editorial de l’Aquitaine (bimensuel de l’archidiocèse de Bordeaux et Bazas) du vendredi 21 mai, l’Archevêque de Bordeaux prend clairement position sur la question du « mariage » des personnes homosexuelles (cf. site du diocèse de Bordeaux: catholique-bordeaux.cef.fr). Nous publions ci-dessous cet éditorial.

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Vous avez dit « mariage » ?

Mariage homosexuel ? Pourquoi non.
Monsieur Noël Mamère célèbrera-t-il en sa mairie de Bègles un mariage de deux personnes homosexuelles, le 5 juin prochain ? Cela est-il conforme au Code civil ? Ces questions ont alimenté les articles des journaux et les conversations depuis quelques semaines. Elles ne sont pourtant pas les plus importantes. Car la question de fond est bien celle-ci : notre société peut-elle reconnaître l’union de deux personnes homosexuelles (et éventuellement d’autres formes d’union) comme un « mariage » ?

Certains militent pour cette reconnaissance. Ils dénoncent comme discriminatoire la volonté du législateur et éventuellement d’une société de ne reconnaître que le mariage hétérosexuel. Ils qualifient celui-ci de « traditionnel », de « bourgeois ». Ils le considèrent comme une option parmi d’autres choix possibles. La loi civile ne doit-elle pas tenir compte de l’évolution des mœurs, l’entériner et parfois l’anticiper dans l’opinion publique ?

Je dois dire mon désaccord avec cette façon de voir. Même s’il y aura toujours une distance entre l’expression des valeurs d’une société et ce qu’en codifie la loi civile, celle-ci doit renvoyer à la symbolique, à la culture et à la vision de l’homme dont cette société est porteuse. Or, sur ce point, notre société ne saurait mettre sur le même plan l’union d’un homme et d’une femme, ouverte sur la naissance de nouveaux êtres, avec celle de deux semblables, qui ne l’est pas. En effet, si notre société donne tant d’importance au mariage d’un homme et d’une femme, ce n’est pas simplement pour prendre acte de la constitution d’un couple (dans ce cas, pourquoi alors le refuser socialement aux personnes homosexuelles ?) mais c’est parce que le mariage assure également le renouvellement des générations, la lisibilité de la filiation et de la parenté et apporte de la sécurité aussi bien aux adultes qu’aux enfants issus de leur union, ce qui n’est pas le cas d’une union entre personnes du même sexe.

Certains objecteront qu’il devrait y avoir possibilité d’adoption pour des personnes homosexuelles. Si le mariage concerne tant la filiation, on ne sera pas surpris que cette question de l’adoption arrive très vite dans le débat. Or, il faut le dire : un enfant qui est né de l’union d’un homme et d’une femme a besoin d’un père et d’une mère. Pour structurer sa propre personnalité, il faut qu’interviennent auprès de lui image paternelle et image maternelle. Répondre qu’il suffit qu’un enfant se sente aimé n’est pas satisfaisant. L’enjeu éducatif est autrement exigeant. En effet, il faut aussi savoir dans quelle structure relationnelle un enfant doit être placé pour se développer. Le bien de l’enfant doit primer sur le désir d’enfant de ceux qui souhaiteraient être « parents ».

Dire ceci, est-ce faire preuve de discrimination vis-à-vis de personnes ou tout simplement rappeler un principe de réalité ? Le Catéchisme de l’Eglise catholique nous rappelle que les personnes présentant des tendances homosexuelles foncières « doivent être accueillies avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. » (n°2358) Mais il n’y a rien de discriminatoire à rappeler que ce sont des hommes et des femmes qui se marient, qui conçoivent, éduquent et adoptent des enfants.
Quand l’Eglise intervient dans ce domaine, ce n’est pas pour défendre une éthique étroitement confessionnelle mais pour soutenir les principes fondateurs de la vie sociale elle-même. Tout ne contribue pas à renforcer le lien social. Il y a des choix à faire et des points de repère structurants à rappeler. De façon paradoxale, ce débat sur le « mariage homosexuel » peut être l’occasion d’approfondir et de réaffirmer nos convictions sur le mariage, son importance et sa place dans notre société. En effet, celui-ci a plus besoin aujourd’hui d’être soutenu que fragilisé.

Mgr Jean-Pierre RICARD
Archevêque de Bordeaux
Evêque de Bazas

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ZENIT Staff

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