Pendant plus de quarante ans (1948-1989), les chrétiens slovaques et en particulier les catholiques ont été persécutés par le régime communiste. L’Eglise gréco-catholique a été supprimée, comme ce fut aussi le cas en Ukraine.
Quelques 300.000 fidèles assistaient à cette célébration finale, le soleil inondant l’esplanade de Petrzalka, un quartier très peuplé de la banlieue de Bratislava.
Ces deux martyrs, disait Jean-Paul II, ont été de courageux témoins de la foi au XXe siècle, « exemples lumineux de fidélité à une époque de dure et impitoyable persécution religieuse ».
L’événement couronnait le voyage pastoral de Jean-Paul II en République slovaque. Comme les jours précédents, il confiait au cardinal Josef Tomko de lire la partie centrale de son discours.
La fête de l’Exaltation de la Ste Croix, disait le pape, représente un « lieu privilégié » où « se rencontrent la misère de l’homme et la miséricorde de Dieu », « signe de l’amour infini de Dieu pour l’humanité ».
Le pape invitait les fidèles à “porter, au nom du Seigneur crucifié et ressuscité “le message d’amour et de salut”, l’Evangile, le « trésor le plus précieux ».
« Je rends grâce à Dieu quia su conserver, même dans les moments difficiles, ta fidélité au Christ et à son Eglise. Et je t’exhorte : n’ai jamais honte de l’Evangile ! Garde-le dans ton cœur, comme le trésor le plus précieux où puiser la lumière et la force dans le pèlerinage quotidien de la vie ».
En ce jour où « nous sommes invités à regarder vers la Croix » du Christ, en tant que « lieu privilégié où l’amour de Dieu se révèle à nous », les nouveaux bienheureux nous ont précédé, en regardant vers elle « avec un foi inébranlable ».
Ces deux grandes figures avaient été présentée au pape et à la foule respectivement par l’éparque gréco-catholique de Presov, Mgr Jan Babjak, et l’archevêque de Bratislava-Trnava, Mgr Jan Sokol, qui faisaient la demande liturgique de procéder à la béatification des deux serviteurs de Dieu. Ils ont été, disait Mgr Sokol au seuil de la célébration, « des modèles de foi, d’héroïsme, et de persévérance jusqu’au bout”.
L’évêque Vasil Hopko (1904-1976) fut arrêté par le régime communiste au pouvoir en Slovaquie de 1948 à 1989, et il mourut à la suite des souffrances endurées avant et après sa détention. Il est pour cela béatifié en tant que martyr de la foi. La religieuse Zdenka Schelingova (1916-1955) appartenait à la congrégation des Soeurs de la Charité de la Sainte-Croix. Elle travaillait comme infirmière et elle soignait en particulier des prêtres persécutés et arrêtés. Courageusement, elle les aida à s’enfuir lors de leur séjour à l’hôpital. Mais elle fut arrêtée dans une nouvelle tentative de faire échapper un prêtre pour la vie duquel elle avait offert sa vie à Dieu, puis torturée. Elle mourut à 39 ans en pardonnant à ses bourreaux.
L’homélie de Jean-Paul II soulignait que la croix du Christ a constitué pour les deux bienheureux « le chemin qui les a conduits à la Vie, une source de force et d’espérance, une preuve de leur amour de Dieu et du prochain. O Crux, ave spes unica”.
Le pape confiait aussi toute la Nation à l’intercession de la Vierge des Douleurs en disant ; « A elle, je confie le présent et l’avenir de l’Eglise et de la Nation slovaque, afin qu’elles grandissent sous la Croix du Christ et sachent toujours en découvrir et en accueillir le message d’amour et de salut ».
Lors de l’angélus, le pape ajoutait: “Avec les nouveaux bienheureux, demandons à Marie qu’avec son intercession, elle obtienne à la communauté chrétienne qui vit en Slovaquie d’être une Eglise riche en sainteté, audacieuse dans le bien, et forte dans le témoignage ».
Puis un cri s’élevait dans la foule, un hurlement de joie éclatait lorsque la voix du cardinal Tomko communiquait le message de Jean-Paul II aux jeunes : « Vous êtes l’espérance de l’Eglise et de la société. Vous êtes l’espérance du pape ! N’ayez pas peur de devenir de vrais amis de Jésus », pour construire la « civilisation de l’amour ».