Croatie: "La famille est la voie de l'Eglise et du peuple"

Thème du voyage du pape

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CITE DU VATICAN, Mardi 10 juin 2003 (ZENIT.org) -« La famille est la voie de l’Eglise et du peuple » : l’Archevêque de Zagreb, Président de la Conférence épiscopale croate explique à L’Osservatore Romano le thème du voyage de Jean-Paul II. Voici la tradcution publiée ce mardi par l’Osservatore en langue française.

– Une histoire de témoignage –

Avant l’arrivée du Saint-Père en Croatie, l’envoyé spécial de L’Osservatore Romano, Giampaolo Mattei, s’est entretenu avec l’Archevêque de Zagreb et Président de la Conférence épiscopale de Croatie, S.Exc. Mgr Josip Bozanic:

La Croatie accueille Jean-Paul II pour la troisième fois en neuf ans à peine: c’est un grand don, c’est une grande responsabilité…

C’est un très grand don pour le peuple croate de pouvoir accueillir Jean-Paul II pour la troisième fois en neuf ans à peine. Nous sommes conscients de l’importance de ce don et immensément reconnaissants au Bon Dieu, au moment où nous attendons son Messager avec la même ferveur que celle manifestée au cours de ses visites précédentes. Il vient à nous comme un don et nous fait l’offrande d’une nouvelle bienheureuse, mettant ainsi en lumière notre témoignage chrétien. Chacune de ses visites est un appel à adhérer de manière nouvelle à la vérité de la foi, une invitation à la sainteté de la vie, une invitation manifestée avec clarté dans tous ses discours prononcés à travers le monde.
La première visite en 1994 avait comme devise: « Le Pape est avec vous! ». A une époque où les profondes blessures causées par la guerre n’étaient pas refermées, avec les si nombreux problèmes de personnes expatriées, exilées et réfugiées en Croatie, ce mot d’ordre du Pape était très significatif, tout autant que ses paroles et ses messages de paix, puissants et réconfortants. La visite de 1998, dont la devise était: « Vous serez mes témoins », avait pour nous de multiples significations. Le cri réprimé des fidèles contre les injustices envers l’Eglise dues aux procès montés par le régime communiste, dirigés contre elle à travers la figure du Cardinal Alojzije Stepinac, s’est transformé en exultation de louange et de gratitude envers Dieu, Seigneur de l’histoire, quand le bienheureux a été élevé aux honneurs des autels. En visitant à cette occasion Zagreb et Split et en mettant en relation ces deux martyrs – le Cardinal Alojzije Stepinac, notre contemporain, et saint Domnio, martyr des premiers siècles – le Pape a relié toute l’histoire du christianisme en terre croate, une histoire construite à la fois par les martyrs et la dévotion mariale, en un mot, une histoire de témoignage. Cette fois, à Dubrovnik, il proclamera bienheureuse une religieuse, Marija de Jésus Crucifié Petkovic. Les nouveaux bienheureux et saints, nos contemporains, sont une invitation constante à la sainteté et à la conversion de vie selon l’Evangile.

De quelle manière la Croatie s’est-elle préparée à accueillir le Pape?

La prière est la première des préparations et elle a fortement impliqué toute notre Eglise. La prière est précisément la force qui meut tous les autres éléments de la préparation. Toute la société, dans son ensemble, est impliquée par cet événement, parce que le Pape, à dire vrai, vient d’abord pour l’Eglise catholique, mais vient également pour les citoyens de notre terre, annoncer à tous l’amour de Dieu envers chaque homme. Plus ces jours de grâce se rapprochent, plus la force spirituelle croît. La prière dans les paroisses, dans les familles, dans les communautés religieuses est une préparation continuelle pour chacun de nous à ouvrir son coeur au message que le Saint-Père nous apporte. Dès maintenant, nous éprouvons la joie et la beauté de la rencontre avec lui sur l’île de Krk, à Rijeka, à Dubrovnik, à Osijek, à Djakovo et enfin à Zadar, conscients qu’à chacune de ces célébrations, toute notre Eglise et notre nation sera présente avec l’âme et avec le coeur. Toute la société est impliquée dans cette préparation: les mass-media, les maisons d’édition, les artistes, les travailleurs, les écoles et toutes les institutions. Nous vivons tous dans une fervente attente. Le Pape est déjà ici parmi nous, sa présence vibre dans l’âme des personnes. Même ceux qui ne sont pas particulièrement proches de l’Eglise ne peuvent de toute manière pas résister à ses élans spirituels, parce que le Pape est synonyme de bonté, de justice, d’honnêteté, d’humanité et, pour nous fidèles, d’abord de sainteté.

Cette visite prend place au cours de l’Année du Rosaire, une prière particulièrement chère au peuple croate. C’est en outre le 100 Voyage apostolique, à quelques semaines du XXV anniversaire du pontificat.

Vous avez raison de souligner que le Rosaire est une prière chère au peuple croate. Au cours de notre histoire, qui n’a jamais été facile, nous nous sommes toujours rapprochés, avec Marie, de son Fils Jésus, en particulier dans les moments difficiles. La Croatie est véritablement une nation mariale. Les sanctuaires mariaux, notamment à l’occasion des fêtes, accueillent beaucoup de pèlerins. Avec Marie, dans la prière du Rosaire, nous contemplons le Mystère du Christ qui renferme le Mystère de l’homme: mystère de joie et de douleur, de lumière et de gloire. Nous nous sentons particulièrement honorés et reconnaissants du fait qu’il s’agit du centième voyage du Pape. Nous rendons grâce à Dieu pour les innombrables grâces qui ont accompagné les voyages du Pape. Ils sont devenus des signes des temps et de puissants moyens au service de la nouvelle évangélisation que Jean-Paul II promeut inlassablement. Nous nous réjouissons en particulier de pouvoir présenter nos voeux au Saint-Père et lui exprimer notre gratitude pour ses 25 années de service à l’Eglise, ici, sur notre terre.

Quelle est la situation de l’Eglise qui est en Croatie?

Dans la société croate adviennent des mutations très rapides liées au processus de transition et de démocratisation, avec tous les défis et les difficultés que comportent de tels processus. C’est pourquoi la nouvelle évangélisation se présente comme le premier des devoirs pastoraux. Nous, évêques croates, avons choisi comme devise de cette troisième visite du Pape les paroles: « La famille, voie de l’Eglise et du peuple ». Nous avons ainsi voulu indiquer l’importance de la famille et montrer les multiples problèmes auxquels elle est confrontée. La famille remplit avec beaucoup de difficulté sa mission de transmettre la vie biologique et la vie de la foi. Il en résulte même un sérieux déficit démographique. De plus, la profonde crise spirituelle de la civilisation contemporaine touche nos familles, au point qu’elles transmettent avec de plus en plus de difficulté les valeurs morales et celles de la foi aux nouvelles générations, une crise qui conduit à un désarroi existentiel et désoriente les enfants et les jeunes. La mentalité consumériste et l’individualisme omniprésent affaiblissent le concept de mariage et de famille. Naturellement, on porte ainsi atteinte non seulement à la stabilité du mariage et de la famille, mais à toute la vie d’un peuple. La famille est une « Eglise domestique ». C’est pourquoi le renouvellement de l’Eglise passe également par le renouvellement de la famille.
Comme le dit la Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps, l’avenir de l’humanité est dans les mains de ceux qui sont capables de transmettre aux générations futures les raisons de la vie. Investir dans l’éducation des nouvelles générations signifie donc investir dans l’avenir de l’Eglise et de la nation. Après environ un demi-siècle de totalitarisme communiste, l’Eglise qui est aujourd’hui en Croatie accomplit d’innombrables efforts au service de l’éducation. En outre, le grand défi qui s’ouvre à nous est la présence visible et cohérente des catholiques dans la vie pub
lique. La formation du laïcat à s’engager dans l’Eglise et dans la société a été l’objet d’une attention particulière ces dernières années. Cette formation est proposée dans nos Facultés de Théologie et dans les Instituts de Sciences religieuses. C’est là que sont également préparés les catéchistes. Je peux affirmer avec satisfaction qu’un large pourcentage d’enfants et de jeunes choisit librement le catéchisme à l’école primaire, au collège, puis au lycée. Depuis quelques années, certains diocèses organisent des Synodes et d’autres s’apprêtent à le faire. Les Synodes souhaitent inviter chacun à s’engager de manière consciente et respon-sable au service de la nouvelle évangélisation.

Quels sont les thèmes centraux du pèlerinage du Pape?

L’invitation à la sainteté est au centre du programme du Pape pèlerin. Que d’exemples il a donné au peuple chrétien en élevant aux honneurs des autels tant de saints et de bienheureux! Dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, Jean-Paul II nous invite à placer sous le signe de la sainteté toute notre action pastorale. A la suite du Saint-Père, nous aussi, évêques croates, avons publié des directives pastorales au début du troisième millénaire sous le titre: « Appelés à la sainteté ». En accomplissant son pèlerinage à travers le monde, le Pape fait à l’Eglise le don de nouveaux saints et bienheureux. L’Eglise reconnaît dans les saints les meilleurs fruits de l’Evangile et les fidèles trouvent en eux des orientations sûres à leur vie chrétienne.
A Dubrovnik, le Saint-Père proclamera bienheureuse la religieuse Marija de Jésus Crucifié Petkovic. Les familles seront au centre de sa réflexion. A Rijeka, le Pape visitera le sanctuaire marial de Trsat où l’on vénère, de manière particulière, la Sainte Famille de Nazareth. Nous prions en particulier pour le renouveau de nos familles qui connaissent des difficultés concernant l’éducation de leurs enfants et les besoins matériels dont souffre encore le pays dans cette période d’après-guerre. Nous voulons encourager les familles qui sont des foyers de vie, de vocations et de sainteté.
A travers cette visite, nous voulons confirmer notre fidélité et notre dévotion au Siège de Pierre et à ses Successeurs, et renouveler, au début de ce troisième millénaire, les quatorze siècles de fidélité au Christ et à son Eglise. Renforcés dans la foi, nous pourrons nous consacrer encore davantage au renouvellement spirituel et moral qui sont nécessaires pour transmettre la foi aux générations futures.

(©L’Osservatore Romano – 10 juin 2003)

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ZENIT Staff

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