ROME, Mardi 26 juin 2007 (ZENIT.org) – Mgr François Duthel, responsable de la section francophone de la première section de la secrétairerie d’Etat, a reçu des mains de l’ambassadeur de France près le Saint-Siège, M. Bernard Kessedjian, les insignes de chevalier de la Légion d’honneur, au siège de cette ambassade à Rome, villa Bonaparte, le 21 juin dernier (cf. http://www.france-vatican.org). Une des points soulignés et par l’ambassadeur Kessedjian et par Mgr Duthel, est l’importance de la langue française dans le monde. Non seulement parce que la langue est le véhicule d’une culture et de valeurs importantes, mais aussi pour souligner l’importance du multiculturalisme, face à une tendance à l’uniformisation des cultures.
« Je voudrais retenir trois éléments, les principaux mais pas les seuls, de votre activité romaine qui motivent plus particulièrement la reconnaissance que vous manifeste aujourd’hui, par mon intermédiaire, la République française », disait l’ambassadeur avant de préciser : « Votre attachement et votre contribution à la défense et à l’essor de la francophonie. Votre rôle éminent dans les relations, aujourd’hui apaisées, entre l’Eglise de France et l’Etat. Votre attachement à cette Ambassade que vous ne manquez pas une occasion de manifester, là encore avec bienveillance et sympathie ».
Il précisait : « Il ne s’agit pas d’un réflexe nationaliste, ni de quelque nostalgie d’empire ; mais bien d’un combat pour la diversité culturelle et identitaire que beaucoup partagent bien au-delà des zones d’influence de la francophonie. Nous n’avons rien à gagner à l’uniformisation linguistique et culturelle du monde. Je n’oublie pas qu’il y a peu on ne pouvait concevoir l’apprentissage des humanités sans celui de la langue et de la littérature françaises comme instrument d’ouverture d’esprit et de dialogue des cultures. Cette grande idée est aujourd’hui partagée par 57 nations qui se sont réunies hier et avant-hier à l’Unesco à Paris pour mettre en œuvre la Convention sur la diversité culturelle signée en octobre 2005 ».
Pour ce qui est de la laïcité, M. Kessedjian faisait observer : « La laïcité s’inscrit dans la tolérance, vertu cardinale d’une société réconciliée avec elle-même, et relève de la liberté de conscience et de religion clairement affirmée par Vatican II. En contribuant au dialogue institutionnel entre l’Eglise et l’Etat mis en œuvre depuis 2002, et dont le Pape Benoît XVI a bien voulu porter devant moi une appréciation élogieuse, vous participez ainsi au progrès de cette laïcité apaisée qui caractérise aujourd’hui la société française ».
A ce sujet, Mgr Duthel citait cet exemple : « Je voudrais aussi, Monsieur l’Ambassadeur, saluer votre souci d’avoir voulu restaurer dans cette Ambassade la chapelle qui est partie intégrante de la villa, montrant, dans le respect de la laïcité et des convictions de chacun, que le Christ et la foi chrétienne ont leur place dans la société française et qu’une Ambassade peut être en cela un exemple ».
Pour ce qui concerne la langue française, Mgr Duthel faisait observer: « Vous savez aussi mon souci pour le maintien et la diffusion de la langue française, en Curie et dans le monde. Il ne s’agit pas simplement, même si cela a son importance, d’une diffusion de la langue pour elle-même, mais de tout ce qu’il y a derrière cette belle langue, à savoir la culture, l’histoire d’un peuple, la démarche intellectuelle et spirituelle, les nombreux saints qui ont émaillé les différentes époques et qui ont porté haut la culture française et le christianisme aux quatre coins du monde, les intellectuels catholiques, philosophes et théologiens qui ont marqué les siècles, et notamment toute la première moitié du vingtième siècle, dont nous sommes encore largement tributaires aujourd’hui. Dans notre magnifique langue, se mêlent donc culture et foi, humanisme et christianisme, sans oublier que notre pays est aussi un de ceux qui, en Europe, ont été le plus vite unifié en raison de sa langue et de ses valeurs humaines et chrétiennes. Contrairement à d’autres pays, langue d’oc et langue d’oïl ont fait bon ménage jusqu’à apporter chacune leur contribution à l’organisation de la langue de Molière ».