Synode : Synthèse des interventions du 12 octobre (après-midi)

Quatrième congrégation générale

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ROME, Vendredi 15 octobre 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les synthèses des interventions des pères du Synode de la quatrième Congrégation générale (12 octobre, après-midi)

Sont intervenus les Pères suivants:


– S. B. Gregorios III LAHAM, B.S., Patriarche d’Antioche des Grecs-Melkites, Archêveque de Damas des Grecs-Melkites (SYRIE)
– S. Exc. Mgr Pierre BÜRCHER, Évêque de Reykjavïk (ISLANDE)
– S. Exc. Mgr Joseph ARNAOUTI, Exarque patriarcal de Damas des Arméniens, Évêque émérite de Kamichlié des Arméniens (SYRIE)
– S. Ém. le Card. John Patrick FOLEY, Grand Maître de l’Ordre Équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem (CITÉ DU VATICAN)
– S. B. Fouad TWAL, Patriarche de Jérusalem des Latins (JÉRUSALEM)
– S. Exc. Mgr François EID, O.M.M., Évêque du Caire des Maronites (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)
– S. Exc. Mgr Joseph Jules ZEREY, Archevêque titulaire de Damiette des Grecs-Melkites, Évêque auxiliaire et Protosyncelle du Patriarcat d’Antioche des Grecs-Melkites (JÉRUSALEM)
– S. Exc. Mgr Basile Georges CASMOUSSA, Archevêque de Mossul des Syriens (IRAQ)
– S. Exc. Mgr Antoine Nabil ANDARI, Évêque titulaire de Tarse des Maronites, Évêque auxiliaire et Syncelle pour Jounieh (LIBAN)
– S. Exc. Mgr Ramzi GARMOU, Archevêque de Téhéran des Chaldéens, Administrateur Patriarcal d’Ahwaz des Chaldéens, Président de la Conférence épiscopale iranienne (IRAN)
– S. Exc. Mgr Bosco PUTHUR, Évêque titulaire de Foratiana, Évêque de Curie d’Ernakulam-Angamaly des Syro-Malabares (INDE)
– Rév. P. Pierbattista PIZZABALLA, O.F.M., Custode de Terre Sainte (JÉRUSALEM)
– S. B. Baselios Cleemis THOTTUNKAL, Archevêque Majeur de Trivandrum des Syro-Malankares (INDE)
– S. Exc. Mgr Dimitrios SALACHAS, Évêque titulaire deCarcabie, Exarque apostolique pour les catholiques de rite byzantin résidents en Grèce (GRÈCE)
– S. Exc. Mgr Charbel Georges MERHI, Évêque de San Charbel en Buenos Aires des Maronites (ARGENTINE)
– Rév. P. José RODRÍGUEZ CARBALLO, O.F.M., Ministre général de l’Ordre franciscain des Frères Mineurs (ITALIE)

Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions publiés par la secrétairerie générale du synode (traductions de travail, non officielles).

– S. B. Gregorios III LAHAM, B.S., Patriarche d’Antioche des Grecs-Melkites, Archêveque de Damas des Grecs-Melkites (SYRIE)

La paix, la convivialité et la présence chrétienne dans le monde arabe sont liés d’une manière existentielle et ferme. La présence chrétienne dans le monde arabe est menacée par les cycles de guerres qui s’abattent sur cette région berceau du christianisme. 
La cause principale est le conflit israélo-palestinien: les mouvements fondamentalistes, le mouvement Hamas, le Hezbollah sont les conséquences de ce conflit comme les discordes internes, la lenteur dans le développement, la naissance de la haine, la perte de l’espoir chez les jeunes qui sont 60 % de la population des pays arabes.
L’émigration des chrétiens : Parmi les suites les plus dangereuses du conflit israélo-palestinien: l’émigration qui fera de la société arabe une société d’une seule couleur, uniquement musulmane face à une société européenne dite chrétienne. Si cela arrivait, et que l’Orient est vidé de ses chrétiens, cela voudrait dire que toute occasion serait propice pour un nouveau choc des cultures, des civilisations et même des religions, un choc destructeur entre l’Orient arabe musulman et l’Occident chrétien. 
La confiance entre l’Orient et l’Occident: Le rôle des chrétiens est de créer l’atmosphère de confiance entre l’Occident et le monde musulman pour travailler à un nouveau Proche-Orient sans guerre. 
Appel à nos frères et concitoyens musulmans : Pour convaincre les chrétiens de rester, nous pensons qu’il est nécessaire de nous adresser à nos frères musulmans pour leur dire avec franchise quelles sont nos peurs : la séparation de la religion et de l’Etat, l’arabité, la démocratie, nation arabe ou nation musulmane, droits de l‘homme et lois qui proposent l’islam comme seule ou principale source des législations qui sont un obstacle à l’égalité de ces mêmes citoyens devant la loi. Il y a aussi les partis fondamentalistes, l’intégrisme islamique, auxquels sont attribués des actes, de terrorisme, de meurtre, des incendies d’églises, des extorsions, au nom de la religion et qui, forts du fait majoritaire, humilient leurs voisins. 
Faire la paix, c’est le grand défi : C’est le grand jihad et le grand bien. C’est la vraie victoire et la vraie garantie pour l’avenir de la liberté, de la prospérité et de la sécurité pour nos jeunes, chrétiens et musulmans, qui sont l’avenir de nos Patries. 

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Pierre BÜRCHER, Évêque de Reykjavïk (ISLANDE)

Les évêques de la Conférence Épiscopale du Nord (NBK) sont conscients avec leurs frères et soeurs au Moyen-Orient qu’en plus de la difficile situation politique et de la confrontation avec des extrémismes musulmans, un problème difficile réside en particulier dans l’émigration des chrétiens. Ce problème sera résolu seulement avec la solution définitive du conflit israélo-palestinien. Le moment urgent de la réconciliation et de la paix est maintenant venu! Les chrétiens du Moyen-Orient, au lieu de fuir la région, sont particulièrement indispensables dans ce processus vital de justice et de paix. En effet, ils ont eux hérité le mandat chrétien du pardon. Il n’en va donc pas seulement de leur bon accueil à l’étranger, mais bien plus de leur présence au Moyen-Orient comme sauvegarde d’une culture historique vitale pour le monde entier. La paix est la vocation urgente de la Terre Sainte! La justice pour les trois religions monothéistes est que Jérusalem soit une ville ouverte pour tous! 
L’émigration des chrétiens provenant des Pays orientaux a aussi touché le Nord de la terre. Une des raisons en est sans doute le développement économique galopant de ces cinq pays nordiques de notre Conférence épiscopale. Depuis sa crise d’il y a deux ans, il faut cependant en soustraire maintenant l’Islande. Ces cinq Pays sont caractérisés par un pourcentage de catholiques de seulement 2 à 3 % de la population totale, la grande majorité étant luthérienne. Cela correspond, dans plusieurs pays orientaux, au pourcentage des chrétiens par rapport aux musulmans. La situation pastorale dans nos pays du Nord est donc celle d’une diaspora. De plus, elle est très diversifiée et réalise des expériences positives avec des prêtres et des religieux provenant des Pays orientaux. Dans bien des endroits, les églises catholiques sont prêtées aussi bien aux chrétiens catholiques qu’aux non catholiques pour leur Divine Liturgie. C’est là aussi le signe d’un oecuménisme pratique! 

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Joseph ARNAOUTI, Exarque patriarcal de Damas des Arméniens, Évêque émérite de Kamichlié des Arméniens (SYRIE)

« Quand la plénitude des temps fut accomplie » (Gal. 4,4), « Dieu a envoyé le Sauveur qui s’incarna en cette terre d’Asie » (Ecclesia in Asia N°l) et qui reviendra de l’Orient (Mt.24, 27). Le Christ est l’Amour miséricordieux incarné, mort et ressuscité. Il est Fils de l’Orient. L’Incarnation, dont nous avons célébré le jubilé en l’an 2000, Jean-Paul II (Novo Millennio Ineunte) la conçoit « non seulement comme mémoire du passé, mais aussi comme prophétie de l’avenir »(N°3). De même, le Pape résume le vingtième siècle comme un siècle de barbaries et la manifestation de la Miséricorde Divine. En référence donc au Document de travail, deuxième but et partie du synode : « raviver la communion ecclésiale », je ferai une lecture des signes des temps, que résume un
mot du Pape Benoit XVI: « le mystère de l’Amour Miséricordieux était au centre du Pontificat de mon vénéré prédécesseur » (Jean-Paul II). Je suggère les propositions suivantes : 
1 – L’institution d’une fête liturgique du Père. Le « Notre Père » est la prière Oecuménique par excellence.
2.- Édifier ensemble le Corps du Christ : être serviteurs de la communion, prophètes de l’espérance et témoins de la miséricorde (Une Espérance nouvelle pour le Liban). Au Moyen-Orient « s’entrecroisent différentes éparchies catholiques ». « Cette difficulté peut être une grâce, mais elle peut les appauvrir » (N°54). On constate « l’absence du sens de l’Église comme mystère de communion » (N°80). 
3.- La primauté de la Grâce est celle de Pierre au 3ème millénaire. Après Paul VI, Jean-Paul II reconnaît que la primauté de l’Évêque de Rome « constitue un obstacle » pour la majorité des autres Chrétiens et invite à chercher avec lui « les formes du ministère d’unité de l’évêque de Rome ». Vatican II affirme, en effet, que l’Évêque de Rome est principe et fondement perpétuels et visibles d’unité de la foi et de la communion (Lum. Gent. N°18). Par ailleurs, selon le Pape Jean-Paul II, à partir de la faiblesse humaine de Pierre, il est clair que son service spécifique est une action de la grâce. Après son triple reniement, Pierre a besoin de la Miséricorde Divine pour que son service soit un service de miséricorde, né de la Miséricorde multiforme de Dieu (Ut Unum Sint). Et selon le Pape, l’Église « ne peut oublier la prière qui est un cri d’appel à la miséricorde de Dieu face au multiples formes de mal qui pèsent sur l’humanité et la menacent » (Dives in Miser. N°15).

[Texte original: français]
– S. Ém. le Card. John Patrick FOLEY, Grand Maître de l’Ordre Équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem (CITÉ DU VATICAN)

Comme des messagers de la paix du Christ, je suis convaincu que nous tous devons prier et travailler pour la paix au Moyen-Orient, tout particulièrement pour une paix juste et durable entre la Palestine et Israël et parmi ses voisins.
Je suis convaincu que la tension permanente entre les Israéliens et les Palestiniens a grandement contribué aux troubles dans tout le Moyen-Orient, tout comme à la croissance du fondamentalisme islamique. 
Au moment où beaucoup, y compris le Saint-Siège, ont suggéré une solution à la crise israélo-palestinienne avec deux États, plus le temps passe plus il devient difficile de trouver une telle solution, car la construction des colonies israéliennes, le contrôle israélien des infrastructures à Jérusalem Est et dans d’autres parties de la Cisjordanie, rendent encore plus difficile le développement d’un État palestinien viable et intégral. 
Lors du pèlerinage historique du Saint-Père en Terre Sainte de l’an dernier, j’ai eu l’occasion d’avoir de brèves conversations au plus haut niveau avec des leaders politiques de Jordanie, d’Israël et de Palestine. Tous ont parlé de la grande contribution à l’entente réciproque accomplie par les écoles catholiques dans ces trois régions. Depuis que les écoles catholiques sont ouvertes à tous, et non seulement aux catholiques et aux autres chrétiens, beaucoup de musulmans et même certains enfants juifs y sont scolarisés. Les effets sont visibles et sont une source d’inspiration. Le respect réciproque est engendré, et cela, nous l’espérons, mènera à la réconciliation, voire à l’amour réciproque.
En tant que personne honorée par notre Saint Père ayant la charge de servir comme Grand Maître de l’Ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem, je suis inspiré par l’intérêt et la générosité de quelques 27 000 Chevaliers du Saint Sépulcre, hommes et femmes, qui regroupent 56 juridictions à travers le monde entier. 
Plusieurs d’entre eux ont accompli des pèlerinages en Terre Sainte, où ils ont visité non seulement les lieux sanctifiés par la vie, la mort et la résurrection de Jésus Christ, mais aussi les paroisses, les écoles et les hôpitaux qui servent ceux que l’on appelle les « pierres vivantes » – les chrétiens qui sont les descendants de ceux qui ont suivi le Christ dans ce pays que nous appelons « saint ». 
Depuis le Grand Jubilé de l’An 2000, l’Ordre du Saint Sépulcre à envoyé plus de 50 millions de dollars afin d’aider tout spécialement le Patriarcat latin de Jérusalem, mais aussi les autres communautés chrétiennes et institutions, à survivre et même à se surpasser dans le service de toute la communauté en Terre Sainte. 
Une telle générosité, bien qu’importante, est cependant secondaire par rapport au développement d’une vie spirituelle toujours plus profonde, et je l’espère, de fervente prière pour nos membres et pour ceux que nous servons. 
Il y a quelques années, j’ai remarqué que ce que l’on appelle les cinq piliers de l’Islam ont réellement eu leurs origines dans des sources judéo-chrétiennes.
Juifs, chrétiens et musulmans, tous croient en un seul Dieu; nous pratiquons tous régulièrement et, je l’espère, nous prions tous avec ferveur; nous pratiquons tous, de façons différentes, le jeûne; nous croyons et pratiquons la charité; et nous cherchons tous à prendre part au pèlerinage, y compris à Jérusalem, ville sacrée pour les juifs, les chrétiens et les musulmans. 
Puissent ces croyances et ces pratiques communes être reconnues et pratiquées dans l’espérance d’une plus grande compréhension réciproque, pour la réconciliation, la paix, et qui plus est pour l’amour envers ce pays que, nous tous, juifs, chrétiens et musulmans, sommes invités à appeler « saint ». 

[Texte original: anglais]
– S. B. Fouad TWAL, Patriarche de Jérusalem des Latins (JÉRUSALEM)

L’Église Mère de Terre Sainte est une réalité bien concrète et vivante, même si elle est très minoritaire. Fondamentalement, les chrétiens de nos pays ne sont pas des convertis d’un certain moment de l’histoire, mais des descendants de la toute première Communauté, formée par Jésus Christ lui-même. 
De cette vérité historique découlent des conséquences ecclésiales et pastorales importantes pour l’Église Universelle : 
– L’Église Mère de Jérusalem, est donc votre Église où spirituellement et ecclésialement vous êtes tous nés (Ps. 87). Elle garde pour toute l’Église les Lieux Saints des Patriarches, des Prophètes, de Jésus Christ, de la Vierge Marie et des Apôtres . Elle est, comme nous l’a rappelé le Très Saint-Père le Pape Benoit XVI, « un cinquième Évangile ». 
– L’Église Mère de Jérusalem doit donc être l’objet de l’amour, de la prière et de l’attention de toute l’Église, de tous les évêques, prêtres et fidèles du Peuple de Dieu. Être solidaires de l’Église de Jérusalem, vivre la communion et le témoignage dont parle ce Synode, relève de nos devoirs de pasteurs et de la collégialité épiscopale. 
– Aimer la Terre Sainte implique la visite des Lieux Saints et la rencontre avec la Communauté locale. 
– Aimer la Terre Sainte est aussi la servir: ne laissez pas votre Église Mère seule et isolée. Aidez-la par vos prières, votre amour et votre solidarité, évitant qu’elle ne devienne un grand musée à ciel ouvert. Se taire par peur devant la situation dramatique que vous connaissez serait un péché d’omission. 
Par ailleurs, nous sommes très reconnaissants au Saint-Siège, aux évêques, aux prêtres et à tous les amis de Terre Sainte pour ce qu’ils font généreusement pour nous soutenir spirituellement et matériellement. Nous sommes très reconnaissants à la Congrégation des Églises Orientales et à l’Ordre ESSJ de Jérusalem. 
– La Communauté chrétienne de Terre Sainte (à peine 2% de la population) souffre de violence et d’instabilité. C’est une Église du Calvaire. Elle a la grande responsabilité de perpétuer le message de paix et de réconciliation. Malgré les difficultés qui semblent insurmontables, nous croyons en Dieu, maître de l’histoire. « Le Seigneur est notre paix,
c’est Lui qui des deux peuples n’en a fait qu’un, détruisant la barrière qui les séparait … pour créer en sa personne un homme nouveau et faire la paix » (Eph. 2, 14-15) 

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr François EID, O.M.M., Évêque du Caire des Maronites (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)

Le confessionnalisme dans les sociétés islamiques où vivent et témoignent nombre de chrétiens au Moyen-Orient affecte profondément leur état d’ esprit et leur comportement. D’où claustration, fermeture aux autres et hostilité. 
Ces chrétiens ne sont pas des « citoyens indigènes ». Bien au contraire, ils appartiennent fondamentalement et organiquement au tissu social et à l’identité nationale de leurs pays respectifs. C’est pourquoi ils sont appelés à vivre leur foi et à en témoigner avec authenticité, joie et sans contrainte.
S’inspirant de la Parole de Dieu qui invite tout chrétien à faire sienne la préoccupation du Seigneur à l’égard des pauvres et des nécessiteux , les membres de l’Église catholique en Égypte sont profondément engagés dans les services éducatifs (169 collèges ), ainsi que dans les services médicaux et sociaux. Leur action est une manifestation concrète de la sollicitude de Dieu et de l’amour du Christ à l’égard de tous les petits frères du Seigneur. 
Nous avons un exemple bien révélateur de l’apport d’un petit groupe de chrétiens libanais émigrés en Égypte à partir de la deuxième moitié du XIX siècle. Ce petit groupe dynamique et motivé avait réussi, en moins de 100 ans, à fonder 249 journaux et périodiques d’expression arabe, française au anglaise. Ce sont eux qui ont fondé la quasi-totalité des maisons de presse aux noms prestigieux et toujours existantes en Égypte. 
Et que dire de cette pléiade d’écrivains éclairés et de femmes écrivaines pionnières, qui a donné à l’Égypte des dramaturges, des réalisateurs, des acteurs, des musiciens, et des chanteurs ! Je citerais également tous ces bâtisseurs d’églises, d’écoles et d’hôpitaux, ces fondateurs de sociétés de bienfaisance et d’organismes socio-culturels, sportifs et religieux, sans oublier les hommes d’affaires brillants qui ont initié la Bourse d’Égypte et fondé la Maison de l’Opéra ! 
Malheureusement, le climat d’ouverture et de tolérance qui était si favorable à l’éclosion de leurs talents et au lancement des grands projets fut aboli par le révolution de 1952; c’est ce qui a porté un coup fatal à leur contribution socio-culturelle. 
Le Synode actuel ne peut se leurrer en essayant de trouver une solution magique aux problèmes des églises au Moyen-Orient. Cependant, il nous offre l’ occasion de procéder à un examen de conscience personnel et communautaire qui nous permettrait d’entrevoir des pistes d’action. 

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Joseph Jules ZEREY, Archevêque titulaire de Damiette des Grecs-Melkites, Évêque auxiliaire et Protosyncelle du Patriarcat d’Antioche des Grecs-Melkites (JÉRUSALEM)

Pourquoi beaucoup de nos familles émigrent-elles ? Pourquoi vivent-elles dans la tiédeur, écrasées par les convoitises venant notamment des médias, les pressions venant de toutes parts, politiques, sociales, matérielles ,ainsi que celles venant d’autres confessions ou d’autres religions. Pourquoi beaucoup ont-elles perdu l’appel à vivre comme les premiers chrétiens, qui, avec les apôtres, menaient une vie évangélique, centrée sur le Christ dans la prière et le partage ? 
Je constate fortement que beaucoup de nos familles « soi disant chrétiennes » ont un besoin vital d’être ré-évangélisées et d’accueillir personnellement le pardon et la Miséricorde de Dieu mérités par la Passion, la mort et la Résurrection de notre Seigneur Jésus Christ. 
Depuis une quarantaine d’années, nous sommes tous témoins que l’Esprit Saint suscite un renouveau dans l’Église d’où sont nés des mouvements et communautés nouvelles qui vivent une dynamique missionnaire comme de grands apôtres et grands saints (que nous connaissons) qui, au cours des siècles, ont su évangéliser au coeur de l’Église et du monde. 
J’ai rencontré ces dernières années dans nos pays arabes et dans d’autres pays, plusieurs familles qui vivent fortement leur foi chrétienne malgré les difficultés énormes de la vie quotidienne. Ces familles embrasées par la Charité du Christ portent leurs croix avec foi et gardent une Espérance contre toute Espérance. 
Ces familles ne peuvent tenir et ne seront missionnaires que par un lien personnel, un amour profond pour le Christ fortifié par la prière quotidienne, ainsi que par le soutien de petites fraternités ou communautés paroissiales se retrouvant chaque semaine autour de la Parole de Dieu. Ces « petits Cénacles » leurs permettront de vivre de manière plus intense l’Eucharistie dominicale.
Ces familles vivent de la Présence du Christ Ressuscité au milieu d’elles qui les vivifie par Son Esprit Saint et les conduit au Père. 
Un centre international pour la spiritualité de la famille sera construit très bientôt à Nazareth. Ce Centre sera au service de l’Église locale et l’Église universelle. Je demande qu’il puisse rayonner sur toutes les villes de Terre Sainte, qu’il aide les familles non seulement à faire face aux problèmes et difficultés de la vie quotidienne, mais spécialement qu’il aide à encourager ces familles à devenir de véritables familles missionnaires, de véritables foyers de Charité et de Lumière. 

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Basile Georges CASMOUSSA, Archevêque de Mossul des Syriens (IRAQ)

Dans nos pays du Moyen-Orient, nous sommes des minorités infimes, ravagées déjà considérablement par les facteurs suivants:
1. L’émigration galopante, ou les Chrétiens perdent de plus en plus confiance dans leurs propres pays historiques. 
2. Les vagues de terrorisme, inspiré par des idéologies religieuses, qu’elles soient islamiques ou totalitaires, déniant le principe même de la parité, au profit d’un négationnisme fondamental qui écrase les minorités, dont les Chrétiens, maillon le plus vulnérable. 
3. La baisse alarmante des naissances chez les Chrétiens, face à une natalité toujours prospère chez les Musulmans. 
4. L’accusation injuste contre les Chrétiens d’être des troupes louées ou menées par et pour l’Occident soi-disant « chrétien », et ainsi considérés comme un corps parasite à la Nation. Présents et actifs ici, bien avant l’Islam, ils se sentent indésirables dans leur propre terre, qui devient de plus en plus une « Dar el-Islam » réservée. L’Occident lui-même n’est pas plus tendre: le terme « chrétien » n’évoque guère pour lui que la dimension religieuse. Quasiment jamais l’aspect social de groupe humain lésé dans ses droits fondamentaux, dans son identité culturelle, dans ses biens, dans son existence même, à cause de sa religion. Voilà le Chrétien oriental en pays d’Islam condamné soit à la disparition, soit à l’exil. Ce qui se passe en Iraq aujourd’hui, nous fait penser à ce qui s’est passé en Turquie durant la Première Guerre Mondiale. C’est alarmant!
5. L’état fractionnaire des Communautés chrétiennes du Moyen-Orient: divisions institutionnelles ecclésiales et identitaires d’églises locales farouches de leurs autonomies, autrefois à base doctrinale et territoriale ou linguistique, érigées artificiellement en nationalisme éthno-politique (l’Iraq aujourd’hui en est un exemple), pourtant se référant à la même sève patristique et linguistique, ayant subi le même sort historique de « dhimitude », l’avenir étant ombragé, pour tous, des mêmes symptômes de désagrégement, aussi bien par les facteurs externes qu’internes.
Voilà les vrais défis, terribles en conséquences, qu’affrontent les Chrétiens du Moyen-Orient! 

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Antoine Nabil ANDARI, Évêque titulaire de Tarse des Maronites, Évêque auxiliaire et
Syncelle pour Jounieh (LIBAN)

« Ne crains-pas, petit troupeau » est un appel à l’espérance.
Quels sont les chemins possibles vers l’avenir pour les chrétiens, à partir de l’expérience libanaise? 
Il s’agit de regarder les principales menaces actuelles qui pèsent sur les chrétiens, pour envisager et proposer ensuite des suggestions pratiques envisageables en vue d’un avenir de paix. 
-parmi les principales menaces: l’accord tronqué de Taëf, le décret de naturalisation, les achats sournois de terrains de la part d’étrangers, la paupérisation rampante … 
-parmi les suggestions envisageables: le rétablissement de l’équilibre confessionnel, un « livre blanc » sur la situation démographique et les aspects illégaux du décret de naturalisation, l’attribution de la nationalité aux émigrés ainsi que leur droit de vote, appuyer les efforts de la fondation maronite dans le monde, abroger les lois actuelles sur l’acquisition des terrains par des étrangers, instituer un « Cénacle permanent » des penseurs chrétiens arabes … 

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Ramzi GARMOU, Archevêque de Téhéran des Chaldéens, Administrateur Patriarcal d’Ahwaz des Chaldéens, Président de la Conférence épiscopale iranienne (IRAN)

« L’ Instrumentum Laboris », dans sa conclusion, pose cette question très importante et en même temps très inquiétante: Quel avenir pour les chrétiens du Moyen-Orient ?
A mon avis cette question, nous lance un appel urgent à une réelle et profonde conversion du coeur à une vie conforme au message de l’Évangile. C’est vrai, l’avenir de l’Église dans nos pays et dans le monde entier est entre les mains de Dieu, qui veille sur tous ses enfants comme un Père plein de tendresse et de miséricorde. Mais il est aussi confié à notre responsabilité de pasteurs, successeurs des Apôtres, qui avons reçu la charge de paître le troupeau de Dieu, non par cupidité, mais par dévouement, en devenant des modèles du troupeau. ( lP 5,2-3) .
Afin que ce Synode puisse être source de grâces et de renouveau pour nos Églises, il est indispensable d’écouter ce que l’Esprit Saint nous dit. C’est Lui qui peut purifier nos coeurs et les libérer de tout ce qui nous empêche d’être des témoins authentiques et fidèles du Ressuscité . En ce Saint Synode, il nous est demandé d’être dociles et attentifs à la voix de l’Esprit Saint qui nous rappelle que la mission de l’Église locale est d’être au. service du peuple auquel elle est envoyée, sa mission, principale est d’annoncer la Bonne Nouvelle de l’Évangile selon la culture de ce peuple. Heureusement, le document de travail, nous met en garde contre le danger du confessionnalisme et d’un attachement exagéré à l’ethnie qui transforment nos Églises en ghettos et les ferment sur elles-mêmes. Tandis que la mission de l’évangélisation nous appelle à vivre la diversité qui caractérise les vénérables Traditions de nos Églises dans une communion profonde qui manifeste leur richesse et leur beauté.
Une Église ethnique et nationaliste s’oppose à l’oeuvre de l’Esprit Saint et à la volonté du Christ qui nous dit : « Mais vous allez recevoir une puissance, celle de l’Esprit-Saint qui viendra sur vous, vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » ( Act 1,8). Saint Paul, à cause de la passion qu’il avait pour l’annonce de l’évangile à tous les peuples, s’est donné le titre de « l’apôtre des nations », lui qui pouvait pourtant se glorifier d’être juif et israélite. Écoutons ce qu’il dit : « Pourtant j’ai des raisons d’avoir aussi confiance en moi-même….circoncis le huitième jour, de la race d’Israël, de la tribu du Benjamin, hébreu fils d’hébreux , pour la loi pharisien, pour le zèle, persécuteur de l’Église, pour la justice qu’on trouve dans la loi, devenu irréprochable. Or toutes ces choses qui étaient pour moi des gains , je les ai considérées comme une perte à cause du Christ » (Ph 3-4-8). Pour qu’il puisse rendre témoignage au Christ mort et ressuscité devant les nations païennes, Paul a dû sacrifier sa nation et son ethnie. Est-ce que nous sommes prêts à l’imiter sur ce point afin que nos églises puissent trouver un nouveau souffle missionnaire qui fasse tomber les barrières ethniques et nationalistes qui risquent des les asphyxier et les rendre stériles ?
« L’ Intrumentum Laboris « , a presque ignoré l’importance vitale de la vie monastique et contemplative pour le renouveau et le réveil de nos Églises. Cette forme de vie qui a vu le jour en Orient, a été à l’origine d’une expansion missionnaire extraordinaire et d’un témoignage admirable de nos Églises aux premiers siècles. L’histoire nous apprend que les Évêques étaient choisis parmi les moines, c’est-à-dire des hommes de prière et d’une profonde vie spirituelle, ayant une grande expérience dans les « choses de Dieu ». Aujourd’hui malheureusement , le choix des Évêques n’obéit pas aux mêmes critères et nous constatons les résultats qui ne sont pas toujours heureux, malheureusement.
L’expérience bimillénaire de l’Église nous confirme que la prière est l’âme de la mission, c’est grâce à elle que toutes les activités de l’Église sont fécondées et portent beaucoup de fruits. D’ailleurs, tous ceux qui ont participé à la réforme de l’Église et lui ont rendu sa beauté innocente et sa jeunesse éternelle ont été essentiellement des hommes et des femmes de prière. Ce n’est pas pour rien que notre Seigneur nous invite à prier sans cesse… Nous constatons avec regret et amertume que les monastères de vie contemplative, source d’abondantes grâces pour le peuple de Dieu, ont presque disparu de nos Églises d’Orient. Quelle grande perte! Quel dommage!

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Bosco PUTHUR, Évêque titulaire de Foratiana, Évêque de Curie d’Ernakulam-Angamaly des Syro-Malabares (INDE)

Avant tout, l’Archevêque majeur, le Synode des Évêques; les Prêtres; les Religieux et les fidèles de l’Église syro-malabare sont reconnaissants au Saint-Père de nous avoir invité à participer à ce Synode. Vu que notre Archevêque majeur, le Cardinal Varkey Vithayathil CSsR, n’est pas en mesure de voyager actuellement, j’ai été chargé de représenter l’Église syro-malabare. Notre Église a accueilli de tout coeur et soutient les initiatives prises par le Saint-Père pour renforcer l’Église catholique au Moyen-Orient de façon à ce qu’elle puisse témoigner de l’Évangile dans cette région.
Cependant, à travers cette intervention, je voudrais attirer l’attention de cette auguste assemblée sur un certain nombre de problèmes pastoraux mentionnés dans le Document de travail au numéros 49 et 50 indiquant: « Dans les pays du Moyen-Orient, un phénomène nouveau et important apparaît: diverses nations accueillent des centaines de milliers d’Africains et d’Asiatiques comme travailleurs immigrés… Ces personnes sont souvent objet d’injustices sociales… Cette immigration interpelle aussi nos Églises. Il y a là une responsabilité pastorale pour accompagner ces personnes tant au plan religieux qu’au plan social ».
Les fidèles syro-malabars sont présents dans la région du Golfe depuis les années 60. Ils dépendent entièrement des Vicariats latins du Koweït et de l’Arabie en ce qui concerne leurs besoins pastoraux. Ces structures ecclésiastiques créées au XXème siècle pour quelques centaines d’immigrés ne sont plus du tout adéquates pour prendre soin de millions de fidèles désormais présents dans cette région.
Nous reconnaissons avec gratitude les efforts des deux Vicaires apostoliques de cette région. Cependant, la situation de la pastorale des fidèles syro-malabars dans les pays du Golfe est tout à fait inadaptée et insatisfaisante. Il y a au moins 430 000 immigrés syro-malabars dans la région (190 000 en Arabie Saoudite, 110 000 aux Emirats Arabes Unis, 45 000 en Oman, 40 000 au Koweit, 35 000 au Bahreïn et 10 000 au
Qatar), mais à ce jour pas une seule paroisse n’a été érigée pour eux. Il n’existe pas de pastorale propre, pas plus que de formation à la foi et de catéchèse des fidèles syro-malabars selon leur propre tradition ecclésiale, sauf à Doha. La hiérarchie syro-malabare n’est pas du tout impliquée ni invitée à cet usage. La seule église à avoir été construite pour nos fidèles à Doha n’a pas encore été érigée en paroisse, mais demeure une annexe de la paroisse latine. En outre, de sérieuses restrictions ont été faites à la hiérarchie syro-malabare par le « Rescript » du Saint-Siège empêchant dans cette région toute participation de notre Église en matière de pastorale appropriée envers nos fidèles.
La communauté est dans une situation précaire et nombreux sont ceux qui ont commencé à être indifférents à la pratique de la foi catholique. Les Ordinaires locaux ne sont ni capables ni adéquatement préparés pour mettre en place une pastorale propre selon l’héritage de l’Église particulière. Aucune liberté n’est accordée à l’Église syro-malabare pour qu’elle prenne soin de ses fidèles dans la région, un droit qui est envisagé par les enseignements du Concile Vatican II, par le Droit Canonique, ainsi que par d’autres documents magistériels. Les prêtres religieux travaillant actuellement dans la région n’ont pas la formation pastorale et liturgique nécessaire pour prendre soin de nos fidèles. Comme il y a une inadéquation en matière de pastorale, il y a même un danger toujours plus croissant pour nos fidèles, à savoir celui de se laisser fourvoyer par les groupes pentecôtistes qui se développent dans la région du Golfe. Il est donc essentiel de confier la pastorale des fidèles syro-malabars à notre propre Église, érigeant des structures ecclésiales propres et garantissant la juridiction de notre hiérarchie. Contrairement à l’opinion généralement véhiculée par certains ecclésiastiques, les gouvernements de la région du Golfe sont en général ouverts aux Communautés chrétiennes, en raison du fait qu’ils ont maintenant besoin de travailleurs immigrés.
Nous espérons et prions afin que le Siège Apostolique puisse prendre des mesures appropriées afin de rétablir la grave situation dans cette région et de permettre à tous ceux qui sont concernés de fournir à nos fidèles une pastorale adéquate et qui soit conforme à la tradition liturgique et spirituelle des Chrétiens de saint Thomas.

[Texte original: anglais]

– Rév. P. Pierbattista PIZZABALLA, O.F.M., Custode de Terre Sainte (JÉRUSALEM)

Trop souvent, la perspective pastorale en Terre Sainte part de la situation plus que de la vocation de l’Église. Notre vocation a comme point de départ la citation des Actes des Apôtres 2, 9-12. Alors, comme aujourd’hui, l’Église de Jérusalem naît et se développe en tant qu’Église universelle. Les Lieux Saints de Terre Sainte ne sont pas seulement une référence pour l’identité chrétienne locale, mais ils sont la mémoire vivante de l’Incarnation. Celle-ci n’a pas seulement eu lieu dans le temps, mais également dans un espace. Habiter cet espace est notre vocation. Les pèlerinages du monde entier et la présence de juifs et de musulmans apparaissent aux yeux de la foi comme l’accomplissement, même s’il est de nature partielle, de la prophétie du rassemblement de tous les peuples sur le Mont Sion (Is 2, 2-4).
Les pèlerinages et le caractère multi-religieux de l’Église de Terre Sainte nous demande d’être Église de manière toujours plus expansive, accueillante, ouverte aux autres. Être une minorité nous pousse à être davantage porteurs de propositions. Les institutions de l’Église sont un témoignage vivant de cette capacité à se faire porteuse de propositions.
À nous, chrétiens de Terre Sainte, il appartient enfin de rappeler notre devoir de conserver le caractère chrétien de la Terre du Seigneur.

[Texte original: italien]
– S. B. Baselios Cleemis THOTTUNKAL, Archevêque Majeur de Trivandrum des Syro-Malankares (INDE)

La communion dérive fondamentalement de la Très Sainte Trinité. Cette réalité divine est reflétée dans tous les actes salvifiques du Seigneur Jésus Christ. Donc Son corps, l’Église, doit transmettre la même réalité-communion. L’Église universelle est une communion d’Églises célébrant les seuls et mêmes actes salvifiques du Seigneur dans différentes traditions, présidée par l’Évêque de Rome, le Successeur de saint Pierre, le chef du Collège apostolique. La communion ecclésiale demande donc un profond sens de communion spirituelle. Dans le cadre de toute tentative d’approfondir le sens et le besoin de communion ecclésiale, qu’elle soit ad intra ou ad extra, nous devons tous hériter personnellement de la spiritualité de communion et la transmettre comme Corps du Christ.
Comme nous sommes engagés dans l’approfondissement de notre témoignage chrétien au Moyen-Orient, je sens que nos efforts visant à atteindre la pleine communion avec nos Églises soeurs orthodoxes doivent être renforcés. Comme nous le suggéra le Pape Jean-Paul II d’heureuse mémoire, il faut rechercher une nouvelle forme du Ministère pétrinien, sans abandonner ce qui est essentiel dans le Ministère de l’Évêque de Rome en tant que Souverain Pontife (Ut Unum Sint 95). La pleine communion avec nos Églises soeurs au Moyen-Orient accroîtra miséricordieusement notre communion et notre témoignage dans le monde.
Notre engagement commun avec les musulmans, les juifs et toutes les religions et les personnes de bonne volonté, est de promouvoir la justice de toutes parts en nous faisant proches de ceux que Dieu aime et dont Il prend soin, et qui nous demandent de faire de même, de façon à ce que l’être humain demeure le couronnement de la création dans notre monde actuel.

[Texte original: anglais]
– S. Exc. Mgr Dimitrios SALACHAS, Évêque titulaire deCarcabie, Exarque apostolique pour les catholiques de rite byzantin résidents en Grèce (GRÈCE)

L’émigration massive des fidèles catholiques orientaux du Moyen-Orient en Occident dans des territoires de circonscriptions ecclésiastiques latines pose la question urgente de leur soin pastoral, ainsi que de leur situation juridique. Le Concile Vatican II, ainsi que le Législateur Suprême de l’Église catholique, le Souverain Pontife, dans sa sollicitude envers l’Église universelle, avec la promulgation des deux Codes, un pour l’Église latine et l’autre pour les Églises orientales catholiques, y ont suffisamment pourvu par des normes adaptées, en exigeant un respect fidèle.
Avant tout, le Code oriental énonce un principe général, selon lequel les fidèles des Églises orientales, bien que confiés au soin pastoral d’un évêque ou d’un curé d’une autre Église sui iuris, y compris également l’Église latine, restent toutefois toujours inscrits dans leur propre Église, et sont tenus à observer partout dans le monde leur propre rite, compris comme un patrimoine liturgique, spirituel et disciplinaire propre.
Un autre principe est le suivant: dans les lieux où n’a pas encore été constitué par le Siège apostolique une hiérarchie propre pour les fidèles orientaux, il faut comprendre comme supérieur propre (Ordinaire) de ces mêmes fidèles, le supérieur d’une autre Église sui iuris, même de l’Église latine, c’est-à-dire qu’ils sont juridiquement soumis à la juridiction de l’Évêque du lieu, même de l’Église latine (can. 916, § 5)
Pour ces cas, le droit et le devoir de l’Évêque latin – qui a dans son diocèse des fidèles orientaux catholiques – est de sauvegarder et de garantir à ces fidèles le respect de leur propre rite, c’est-à-dire leur propre liturgie et discipline canonique, et de pourvoir à la création des ces structures ecclésiales canoniques prévues également par le code latin, comme par exemple la création des paroisses personnelles. En outre, il est bien connu qu’en matière de sa
crements d’initiation chrétienne et de mariage, les deux Codes établissent des normes différentes, qui codifient respectivement la légitime diversité de la tradition latine et orientale. Cela implique que l’Évêque ou le curé latins connaissent suffisamment ces légitimes différences et favorisent en pratique le respect de la tradition orientale pour les fidèles orientaux soumis à leur propre juridiction, sans imposer aux orientaux – leur sujets – la discipline et la pratique latines, comme il arrive souvent par simple ignorance dans des pays occidentaux.
C’est pourquoi, il est donc urgent que, dans les séminaires latins situés dans les lieux où vivent des fidèles orientaux, les étudiants soient également instruits dans le domaine de la discipline qui est en vigueur pour les orientaux. Dans ces circonscriptions latines, ces mêmes évêques et ces mêmes curés sont tenus à connaître cette discipline afin de garantir le droit et l’obligation des fidèles orientaux, leurs sujets, à observer leur propre rite, c’est-à-dire leur identité catholique et orientale dans l’Église universelle.
Le législateur suprême a équipé l’Église catholique de deux normes canoniques, à savoir de deux Codes – un pour l’Église latine et un pour les Églises orientales – dont on a célébré ces jours-ci le 20ème anniversaire de leur promulgation. 
C’est pourquoi l’émigration crée de nouvelles urgentes nécessités pastorales qui requièrent toutefois une connaissance, même sommaire, de ces normes, à savoir que les évêques orientaux connaissent la législation latine et que les évêques latins connaissent la législation orientale. Le Concile Vatican II (OE) enseigne que, l’unité de la foi ainsi que l’unique constitution divine de l’Église universelle demeurant, les Églises d’Orient et les Églises d’Occident ont le droit et le devoir de s’organiser selon leurs propres disciplines, mieux adaptées aux biens des âmes de leurs propres fidèles. 

[Texte original: italien]
– S. Exc. Mgr Charbel Georges MERHI, Évêque de San Charbel en Buenos Aires des Maronites (ARGENTINE)

L’Église réunie en un Synode reçoit l’assistance du Saint-Esprit pour réaliser ses activités ecclésiales. 
Nous sommes invités à être des témoins confiables, selon ce que nous indique l’Evangile. Nos fidèles en Orient ont rendu un témoignage d’un héroïsme exemplaire, durant 20 siècles, malgré les mauvais moments historiques qui ont fait couler le sang innocent des martyrs et ont laissé croître un christianisme brillant et authentique. Tout cela, on le doit non à l’unique effort des fidèles mais plutôt à l’intervention de la Divine Providence. Un témoignage à citer est celui de la communauté Maronite qui a persévéré 1600 ans malgré les énormes persécutions qu’elle devait supporter. Sans cette Providence Divine elle ne pourrait pas arriver à former une Église importante partout respectée. 
Cela on peut l’affirmer aussi, sans aucune erreur, des autres communautés ici présentes. 
Le témoignage que nous devons donner, au niveau communautaire et personnel, c’est le service de la charité en sa dimension horizontale. C’est le précepte évangélique du Seigneur. 
En tant que témoins de l’Évangile, les chrétiens doivent aussi vivre la convivialité avec intelligence, habilité et prudence. Je peux suggérer aux amis qui composent l’Assemblée de suivre une règle générale pour avoir une convivialité d’harmonie, entre les différentes communautés qui habitent en cette région actuellement conflictuelle. Tachons, juifs, chrétiens et musulmans, de vivre sans hostilité, car tous nous sommes les fils d’Abraham.

[Texte original: français]

– Rév. P. José RODRÍGUEZ CARBALLO, O.F.M., Ministre général de l’Ordre franciscain des Frères Mineurs (ITALIE)

En 1218, saint François d’Assise partit pour l’Orient. À Damiète, il rencontre le Sultan Malek al Kamil. Dans ce climat de croisade, le Petit Pauvre d’Assise ne part pas avec les armes, ni mu par un désir de conquête, mais avec la ferme volonté de rencontrer l’autre, le différent et, dans ce contexte, l’ennemi. Il ne s’oppose à personne, mais se trouve au milieu de, inter (cf. Règle 16,5). C’est la pédagogie de la « non violence » et du dialogue. Depuis lors, nous franciscains sommes présents de manière ininterrompue (cf. Paul VI) en Terre Sainte comme Custodes des Lieux Saints, au nom de l’Église catholique et des « pierres vivantes », dans les écoles, les paroisses et à travers les nombreuses oeuvres sociales au service de tous, sans distinction de foi. C’est le petit/grand miracle de ce geste prophétique de François à Damiète et de la pédagogie de la non violence et du « dialogue de la vie ».
Le dialogue qui se fait rencontre n’a pas d’alternative possible dans les relations avec les autres communautés chrétiennes – dialogue oecuménique; il n’a pas d’alternative dans les relations avec le Judaïsme et l’Islam – dialogue interreligieux – qui passe par la reconnaissance des biens spirituels et moraux qui existent dans ces religions (cf. NA 2) mais, selon la méthodologie proposée par saint François dans sa Règle, ce dialogue passe également par la confession de sa propre foi avec la vie de chaque instant, sans syncrétismes ni relativismes, avec humilité et sans promouvoir de disputes et, lorsqu’il plaît au Seigneur, aussi à travers la parole (cf. Règle 16, 6-7). Le dialogue et la « voie de la non violence » n’a pas d’alternative, même en ce qui concerne l’ensemble du processus de paix dans la région.
Face au triste spectacle de tant de conflits en Terre Sainte et contre l’idée si répandue que les religions sont à la base de ces derniers, nous chrétiens sommes appelés à montrer au monde que les religions, vécues de manière authentique, sont au service de la compréhension entre les différents, au service de la paix et qu’elles forgent des coeurs réconciliés et réconciliateurs. La réconciliation dans la région du Moyen-Orient passe par la rencontre des religions et, pour nous chrétiens, par la rencontre/le dialogue entre les différentes confessions chrétiennes. « Sans communion, il ne peut pas y avoir de témoignage » (cf. Benoît XVI).
Dans le contexte de la Nouvelle Évangélisation, je fais quatre propositions:
– que soit élaboré un catéchisme unique pour l’ensemble des catholiques du Moyen-Orient;
– que des initiatives concrètes soient prises en vue d’une formation adaptée aux besoins de la Nouvelle Évangélisation et de la situation particulière du Moyen-Orient, de l’ensemble des agents pastoraux: prêtres, religieux et laïcs.
– En continuité avec l’Année paulinienne, que soit célébrée une année dédiée à saint Jean dans toutes les Églises du Moyen-Orient et, si possible, avec les frères des Églises non catholiques.
– que les études bibliques soient renforcées, en particulier à travers trois Instituts bibliques déjà présents à Jérusalem: la Faculté de Sciences bibliques et archéologiques des Franciscains, l’École biblique des Dominicains et l’Institut biblique des Jésuites.
En outre, je souhaite que, face à la constante diminution du nombre des Chrétiens en Terre Sainte, provienne de ce Synode une parole de réconfort destinée aux communautés chrétiennes et en particulier catholiques qui vivent en ces terres. Puisse le Synode être une occasion propice pour renforcer avec force le dialogue oecuménique et interreligieux. Que s’élève en outre une prière intense et confiante pour la paix au Moyen-Orient et à Jérusalem et un appel urgent à ceux qui ont entre leurs mains le destin des peuples du Moyen-Orient et, en particulier, de la Terre Sainte, afin qu’ils écoutent le cri de tant d’hommes et de femmes de bonne volonté qui crient pour la paix et pour le respect de la justice.

[Texte original: italien]
AUDITION DES AUDITEURS (I)

Ensuite, est intervenu l’Auditeur suivant:

– M. Harés CHÉHAB, Secrétaire général du Comité National
pour le Dialogue Islamo-Chrétien (LIBAN)

Nous publions, ci-dessous, le résumé de l’intervention:

– M. Harés CHÉHAB, Secrétaire général du Comité National pour le Dialogue Islamo-Chrétien (LIBAN)

Il est paradoxal de voir que ces chrétiens, qui sont partie constituante de cet Orient, bien avant l’Islam, soient actuellement face à un dilemme meurtrier, choisir entre la disparition et l’isolement, qui mettrait fin a leur rôle historique et à leur mission.
L’acuité de ce problème continua de s’intensifier pour prendre toute son ampleur au cours des dernières décennies, qui virent notre région se vider graduellement de ses chrétiens, qui pourtant ont tant contribué à l’élaboration de sa civilisation , et ont toujours été les pionniers dans la lutte pour sa liberté, son accession à la modernité. Cet exode ne peut en aucune manière être attribué à des motifs d’ordre purement économique, sinon toute la région aurait été dépeuplée, et il est évident que la discrimination, la persécution dans certains endroits, la peur dans d’autres, l’absence de liberté, l’inégalité des droits, sont à la base de ce mouvement.
Toute question relative au futur des chrétiens dans notre région nous amène à nous pencher sur un certain nombre de questions qui lui sont intimement liées, à commencer par le Dialogue interreligieux: où en est-il et quels sont ses horizons ? Qu’en est-il de la relation entre la Religion et l’État ou, en d’autres termes, entre le spirituel et le temporel, la laïcité, la liberté, l’extrémisme, le fondamentalisme et le terrorisme ? Tant de sujets qui sont étalés régulièrement dans les médias.
Malheureusement, les colloques et multiples conférences qui traitent du Dialogue Islamo-Chrétien, du succès duquel dépend en grande partie la pérennité de la présence active chrétienne dans notre Région, n’accorde pas la place primordiale que ces sujets méritent, se contentant de mettre l’accent sur les points de convergence, certes utiles, mais l’occultation de ces problèmes, ou dans la meilleure des hypothèses, leur approche de façon timide, n’ont pas beaucoup fait avancer notre Cause. Bien au contraire. Les acquis obtenus demeurent fragiles et s’estompent dès la première rencontre d’une difficulté sérieuse. Et c’est ainsi que le fossé se creuse de plus en plus entre les tables de Conférence sur le Dialogue, et le vécu au quotidien, et où la littérature utilisée et la convergence sur certains points ne trouvent pas le chemin vers une application pratique.
C’est pour cela que ce style devrait céder la place dorénavant à une autre forme d’où sera banni le langage de complaisance, pour axer surtout sur la vérité, quelque dure qu’elle soit, mais avec Amour et sincérité, ayant pour souci de sensibiliser le musulman pour prendre conscience de la réalité de nos problèmes, et ceci, dans l’intérêt mutuel de toutes les parties et de notre Région.
On devrait intensifier la tenue de congrès, de réunions, pour amener les participants à aborder ces questions épineuses. Jusqu’à présent, et même dans les papiers préparés par les experts musulmans en vue du Synode , les remarques ne dépassent pas le cadre classique et traditionnel parce que simples, dans une société en mutation rapide, et dont les problèmes relatifs à son caractère multi-culturel et multi-religieux sont tellement complexes. En plus, ramener un problème chronique datant depuis plusieurs centaines d’années, donc bien avant la naissance du conflit israélo-arabe, à l’appui que porte l’Occident à Israël, et en confondant les Chrétiens et l’Occident, relève de la volonté d’occulter les causes réelles du problème.
Mais parallèlement, il y a une action grandissante de la part de nombreux musulmans qui, fidèles à leur foi et à leur religion, ne cessent de proclamer qu’elle refuse et interdit de pareils agissements. De même, au niveau de certains États, nous constatons une tolérance qui, certes, n’a pas atteint encore le niveau qu’on souhaite, mais qui laisse quand même une note d’espoir concernant le futur.
Quoi qu’il en soit, nous sommes déterminés au Liban, chrétiens et musulmans, d’aller de l’avant, de consolider notre vie commune et d’affronter ensemble les menaces représentées par les courants extrémistes, le fanatisme, l’intégrisme qui refusent le droit à la différence, conscients des difficultés, mais décidés à réussir dans la transmission de notre message de vie commune.

[Texte original: français]

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ZENIT Staff

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