Cardinalat du patriarche copte Naguib : Communiqué de Mgr Chafik

La joie de l’Eglise copte

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ROME, Mercredi 17 novembre 2010 (ZENIT.org) – A l’occasion du cardinalat du Patriarche copte catholique, Antonios Naguib, le recteur de la Mission Copte catholique de Paris, Mgr Michel Chafik publie cette présentation du patriarche, qui sera « créé » cardinal par Benoît XVI samedi, 20 novembre. Il dit la joie de la communauté copte catholique.

ANTONIOS NAGUIB

PATRIARCHE D’ALEXANDRIE

CARDINAL DE L’EGLISE UNIVERSELLE

Le 20 novembre 2010, Monseigneur Antonios Naguib, Patriarche d’Alexandrie, sera créé Cardinal de la Sainte Eglise Catholique par le Pape Benoît XVI. L’Eglise Copte Catholique se réjouit de cette nomination qui rend compte de son identité profonde.

Elle est tout à la fois catholique, c’est-à-dire universelle, et copte, c’est-à-dire égyptienne pas ses origines, arabe par sa langue et orientale par son rite.


Les années de formation

Antonios Naguib est né à Miniah, en Haute-Egypte, le 18 mai 1935. Ses parents, profondément religieux, lui apprirent dès son plus jeune âge à connaître et aimer le Seigneur.

A neuf ans, il entra au Petit Séminaire où il resta jusqu’à la fin de ses études secondaires. Il choisit alors de rejoindre le Grand Séminaire pour y approfondir sa vocation et y parfaire sa formation. Le 30 octobre 1960, il fut ordonné prêtre.

Il débuta son ministère en paroisse, à el-Fikriah, dans le diocèse de Miniah, puis partit pour Rome où il étudia la théologie, la sociologie religieuse et la Bible à l’Institut Biblique Pontifical.

La passion de l’éducation

De retour en Egypte, il enseigna de 1964 à 1977 l’Ecriture Sainte au Grand Séminaire de Méadi au Caire. Durant cette période, il mena une vie retirée, partageant son temps entre enseignement et recherche, inspirée par une double ambition scientifique et pastorale. Intégrant dans son approche critique les dernières découvertes de l’exégèse, il étudiait sans relâche la Bible. Il nourrissait ses analyses d’échanges fructueux avec les spécialistes des autres confessions, ouvrant ainsi à l’œcuménisme de nouvelles perspectives.

Ses étudiants, dont j’eus le privilège d’être, furent les premiers bénéficiaires de ses travaux qui les guidaient dans la lecture de l’Ecriture Sainte, les amenaient à une meilleure intelligence de la Parole et les préparaient à mieux l’annoncer à leurs frères. En rupture avec la culture ambiante qui, à la manière coranique, prend les textes à la lettre sans jamais les replacer dans leur contexte, il nous apprit à dépasser les données conjoncturelles pour rejoindre l’Esprit qui vivifie.

Le Père Antonios Naguib était un pédagogue hors pair qui avait l’art d’énoncer avec clarté les concepts les plus complexes, d’unir esprit d’analyse et de synthèse. Nous l’admirions et cependant il ne nous intimidait pas. Il savait être proche de nous et toujours disponible. Qui allait vers lui avait la certitude, quelles que fussent ses difficultés et ses insuffisances, d’être accueilli avec bonté et patience. Il accompagnait ses séminaristes jusqu’au sacerdoce et bien au-delà. Il me fit ainsi la joie d’assister avec Monseigneur Nouer, évêque d’Assiout, et Monseigneur Abadir, ancien directeur du séminaire et évêque d’Ismaïlia, à mon ordination.

L’évêque de Miniah

Le 9 septembre 1977, Le Père Naguib prit congé du séminaire et devint évêque de Miniah. Parmi les trois devoirs du prêtre tels que les identifie la Tradition-enseigner, sanctifier et gouverner- Monseigneur Naguib avait jusqu’alors consacré l’essentiel de son temps aux deux premiers. Il lui fallait désormais s’attacher à la gouvernance, dans l’esprit du verset aux Ephésiens qu’il choisit pour maxime : « Faire la Vérité avec Charité».

Son intelligence des êtres et des situations lui permit de négocier sans trop de difficulté avec le pouvoir. Il put ainsi acheter des terrains, y faire construire pour chaque paroisse un centre de catéchèse et, si nécessaire, une école ; de la même façon il s’impliqua dans le développement économique et social de son diocèse.

Fervent partisan du dialogue interreligieux, il s’employa en outre à tisser avec les musulmans des relations empreintes d’estime et de fraternité. Homme de paix, il eut aussi à cœur d’œuvrer pour l’unité avec ses frères orthodoxes et protestants. Il travailla en étroite collaboration avec eux à la réalisation d’un projet auquel il songeait depuis longtemps déjà : mettre la Bible à la portée de tous en en proposant une traduction plus simple, plus accessible aux néophytes.

Sur le plan pastoral, il fit de l’éducation son cheval de bataille. Convaincu que, pour résister à la double influence du contexte islamique et des médias laïques, il faut avoir des bases religieuses solides, il s’employa à développer un réseau catéchétique de qualité. Dans cet engagement éducatif, il tint à associer étroitement les laïcs, les prêtres, les religieux et les religieuses, invités les uns et les autres à approfondir leur formation. Dans ce but il rédigea pour la revue El-Salah, une série d’articles intitulés : « Comprends-tu ce que tu lis ? ».

Une courte retraite

En septembre 2002, de graves problèmes de santé l’amenèrent à se retirer de sa charge. Il subit une lourde opération et, peu à peu, recouvra ses forces. Il se préparait à vivre une paisible retraite dédiée, selon ses vœux, à l’étude, à la méditation et à la prière quand le Seigneur vint le rechercher.

Le Patriarche d’Alexandrie 

Le 30 avril 2006, le Synode Copte Catholique élut Monseigneur Naguib Patriarche d’Alexandrie. Son élection fut confirmée par Benoît XVI après qu’il lui eût demandé, comme le veut la tradition, la communion ecclésiale, signe de l’unité de son Eglise avec le Saint Siège. Succédant au Cardinal Stéphanos II Ghattas, Sa Béatitude Antonios Naguib devint le père et le chef de l’Eglise Copte Catholique d’Alexandrie, siège prestigieux, honoré au cours des cinq premiers siècles comme premier patriarcat après Rome. Il conserva son nom qui rappelle le grand courant du monachisme né en Egypte et dont Saint Antoine fut le père.

Monseigneur Naguib n’avait sans doute jamais souhaité pareille distinction, mais il ne se déroba pas. Dès l’enfance, il avait appris de la Vierge Marie, à laquelle l’Eglise Copte voue une vénération toute particulière, la grandeur du consentement, du « FIAT » haut et clair (Lc 1, 38). Il s’y référa dans le discours d’intronisation qu’il prononça le 1er mai 2006 en la cathédrale Notre Dame d’Egypte du Caire.

Il revint donc aux affaires de l’Eglise et assume depuis lors les trois fonctions essentielles qui sont attribuées au Patriarche: celle d’abord de coordonner et d’animer l’Eglise et ses sept diocèses ; celle ensuite qui lui incombe en tant qu’évêque du patriarcat d’Alexandrie, lui-même composé des trois diocèses du Caire, du Delta du Nil et d’Alexandrie ; celle enfin de présider la hiérarchie catholique des évêques en Egypte.

Dans ses nouvelles fonctions, Sa Béatitude poursuit son combat pour le développement et l’éducation : éducation humaine, spirituelle, morale et intellectuelle des jeunes de toutes religions, de toutes confessions, seul gage d’une convivialité à réinventer en ces temps troublés. Il veille par ailleurs avec un soin tout particulier à ce que s’intensifie la formation des prêtres appelés à enraciner toujours plus profondément leur vie et leur mission dans le Christ.

Sa Béatitude est véritablement le bon pasteur de ses fidèles. Il est le père, le frère, l’ami de ses prêtres qu’il traite avec une extrême délicatesse, les conseillant dans les difficultés, les accompagnant dans les souffrances. J’ai pu l’éprouver il y a de cela quelq
ues mois : alors que j’avais été longuement hospitalisé, il prit très régulièrement de mes nouvelles et m’entoura de ses prières et de sa paternelle sollicitude.

Mais qu’on ne s’y trompe pas. Cette douceur n’exclut pas l’exigence. Sa Béatitude nourrit pour son petit troupeau  la plus haute ambition : elle le veut tout à Dieu.

Le Cardinal de l’Eglise Universelle

Le 20 novembre 2010, alors que s’est refermé le synode pour les évêques du Moyen-Orient où, par son esprit d’analyse, son sens de la mesure et son ouverture, il a joué un rôle déterminant en tant que rapporteur général, il sera créé cardinal par le pape Benoît XVI. Cette nomination souligne que, si le patriarche de chaque Eglise Catholique Orientale est la tête de cette Eglise, il n’en reconnaît pas moins la primauté hiérarchique du Pape de Rome, à l’élection duquel il participe de droit.

Mgr Michel Chafik

Recteur de la Mission copte catholique de Paris

Notre Dame d’Egypte-Paris 10ème

www.Notredame-egypte.fr

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ZENIT Staff

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