Les agnostiques sont plus près de Dieu que les chrétiens « de routine »

Benoît XVI préside la messe à Fribourg en Brisgau

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ROME, Dimanche 25 septembre 2011 (ZENIT.org)– La Parole de Jésus doit « secouer » les chrétiens, déclare Benoît XVI en actualisant la parabole du Père et des deux fils : les agnostiques sont plus près de Dieu que les chrétiens « de routine ». Justement pour cela, il dit sa gratitude pour les nombreux chrétiens « engagés ».

Un ciel limpide et un doux soleil d’automne étaient au rendez-vous de Fribourg ainsi que quelque cent mille participants présents à l’aéroport touristique où Benoît XVI est arrivé sur la « papamobile » électrique.

La religiosité de routine

« Dans l’Évangile, a expliqué le pape, Jésus (…) raconte la parabole des deux fils qui sont envoyés par leur père pour travailler dans la vigne. (…) Le message de la parabole est clair : ce ne sont pas les paroles qui comptent, mais c’est l’agir, les actes de conversion et de foi. Jésus adresse ce message aux grands prêtres et aux anciens du peuple, c’est-à-dire aux experts en religion dans le peuple d’Israël. Eux, d’abord, disent « oui » à la volonté de Dieu. Mais leur religiosité devient routine, et Dieu ne les inquiète plus. Pour cela ils ressentent le message de Jean Baptiste et le message de Jésus comme quelque chose qui dérange. Ainsi, le Seigneur conclut sa parabole par des paroles vigoureuses : « Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole » (Mt 21, 31-32). »

Le pape a actualisé ce message en disant : « Traduite en langage de notre temps, l’affirmation pourrait correspondre plus ou moins à ceci : les agnostiques, qui au sujet de la question de Dieu ne trouvent pas la paix ; les personnes qui souffrent à cause de nos péchés et ont le désir d’un cœur pur, sont plus proches du royaume de Dieu que ne le sont les fidèles « de routine », qui dans l’Église voient désormais seulement ce qui paraît, sans que leur cœur soit touché par la foi. »

« Ainsi la parole de Jésus doit faire réfléchir, et même, doit nous secouer tous », recommande le pape tout en ajoutant immédiatement sa gratitude pour tous ceux qui se donnent aux autres dans l’Eglise, dans les paroisses et dans les œuvres de charité : « L’Église en Allemagne a de nombreuses institutions sociales et caritatives, dans lesquelles l’amour pour le prochain est exercé sous une forme qui est aussi socialement efficace et jusqu’aux extrémités de la terre. »

Dieu impose une limite à sa toute-puissance

Exigeant, il ajoute cette invitation à aller plus loin dans la conversion : « Mais dans l’esprit de l’enseignement de Jésus il faut plus : le cœur ouvert, qui se laisse toucher par l’amour du Christ, et donne ainsi au prochain, qui a besoin de nous, plus qu’un service technique : l’amour, dans lequel se rend visible à l’autre le Dieu qui aime, le Christ. Alors interrogeons-nous : comment est ma relation personnelle avec Dieu, dans la prière, dans la participation à la messe dominicale, dans l’approfondissement de la foi par la méditation de la sainte Écriture et l’étude du Catéchisme de l’Église catholique ? Chers amis, le renouveau de l’Église, en dernière analyse, ne peut se réaliser qu’à travers la disponibilité à la conversion et à travers une foi renouvelée. »

Auparavant, le pape a fait observer que Dieu a lui-même posé une limite à sa toute-puissance, la liberté de sa créature, en disant : « Il exerce sa puissance de manière différente de ce que les hommes ont l’habitude de faire. Lui-même a mis une limite à son pouvoir, en reconnaissant la liberté de ses créatures. Nous sommes heureux et reconnaissants pour le don de la liberté. Toutefois, lorsque nous voyons les choses horribles qui arrivent à cause d’elle, nous nous effrayons. Faisons confiance à Dieu dont la puissance se manifeste surtout dans la miséricorde et dans le pardon. Et nous en sommes certains, chers fidèles : Dieu désire le salut de son peuple. Il désire notre salut. Toujours, et surtout en des temps de péril et de changement radical, il nous est proche, son cœur s’émeut pour nous, il se penche sur nous. Pour que la puissance de sa miséricorde puisse toucher nos cœurs, il faut s’ouvrir à Lui, il faut être prêt à abandonner le mal, à sortir de l’indifférence, et à donner un espace à sa Parole. Dieu respecte notre liberté. Il ne nous contraint pas. »

Le troisième fils

Le pape propose une interprétation nouvelle de la parabole en évoquant un mystérieux « troisième fils » qui n’est pas nommé : « Le troisième fils dit « oui » et fait aussi ce qui lui est ordonné. Ce troisième fils est le Fils unique de Dieu, Jésus Christ, qui nous a tous réunis ici (…). En humilité et obéissance, Jésus a accompli la volonté du Père, il est mort sur la croix pour ses frères et ses sœurs et il nous a rachetés de notre orgueil et de notre obstination. Remercions-le pour son sacrifice, fléchissons les genoux devant son Nom et proclamons ensemble avec les disciples de la première génération : « Jésus Christ est le Seigneur – pour la gloire de Dieu le Père » (Ph 2, 10). »

S’appuyant sur saint Paul, le pape exprime ces recommandations pour le renouveau de l’Eglise en Allemagne : « Chers amis, avec Paul, j’ose vous exhorter : rendez ma joie complète en étant solidement unis dans le Christ ! L’Église en Allemagne surmontera les grands défis du présent et de l’avenir et demeurera un levain dans la société si les prêtres, les personnes consacrées et les laïcs croyants dans le Christ, en fidélité à leur vocation spécifique, collaborent dans l’unité ; si les paroisses, les communautés et les mouvements se soutiennent et s’enrichissent mutuellement ; si les baptisés et les confirmés, en union avec l’Évêque, tiennent haut le flambeau d’une foi inaltérée et laissent illuminer par elle leurs riches connaissances et capacités. L’Église en Allemagne continuera d’être une bénédiction pour la communauté catholique mondiale, si elle demeure fidèlement unie aux Successeurs de saint Pierre et des Apôtres, si elle soigne de multiples manières la collaboration avec les pays de mission et se laisse aussi « gagner » en cela par la joie dans la foi des jeunes Églises. »

Le courage et l’humilité

Exhortation de saint Paul à l’unité, donc, mais aussi à l’humilité, qui vient de l’écoute de la Parole de Dieu : « L’existence chrétienne est une pro-existence : un être pour l’autre, un engagement humble pour le prochain et pour le bien commun. Chers fidèles, l’humilité est une vertu qui aujourd’hui ne jouit pas d’une grande estime. Mais les disciples du Seigneur savent que cette vertu est, pour ainsi dire, l’huile qui rend féconds les processus de dialogue, facile la collaboration et cordiale l’unité. Humilitas, le mot latin pour « humilité », a quelque chose à voir avec humus, c’est-à-dire avec l’adhérence à la terre, à la réalité. Les personnes humbles ont les deux pieds sur la terre. Mais surtout ils écoutent le Christ, la Parole de Dieu, qui renouvelle sans arrêt l’Église et chacun de ses membres. »

Le pape revient au thème de son voyage : Là où il y a Dieu, il y a un avenir », en concluant: « Demandons à Dieu le courage et l’humilité de cheminer sur la route de la foi, de puiser à la richesse de sa miséricorde et de tenir fixé notre regard sur le Christ, la Parole qui fait toutes choses nouvelles, qui pour nous est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), qui est notre avenir. »

Humblement, le pape avait commencé par se recommander à la prière des catholiques d’Allemagne : « Je voudrais vous remercier aussi, vous tous, pour votre prière en faveur du Successeur de Pierre, afin qu’il puisse continuer à exercer son ministère avec joie et espérance confiante et confirmer ses frères dans la foi. »

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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