Dans l’Eglise, personne n’est « inutile », personne n’est « secondaire », personne n’est « anonyme » : c’est ce qu’a affirmé le pape François lors de l’audience générale de ce 26 juin 2013.
Le pape est arrivé ce matin aux environs de 10h sur la place Saint-Pierre, où il a fait un tour d’une demi-heure dans sa jeep blanche découverte, bénissant des enfants, échangeant des poignées de main à la volée avec la foule, dans son style d’interaction coutumier – le pape n’hésitait pas notamment à faire signe aux parents de couvrir la tête de leurs enfants pour les protéger du soleil romain.
Dans l’Eglise, « personne n’est inutile, et s’il arrive que l’on dise à quelqu’un : « Rentre chez toi, tu es inutile », ce n’est pas vrai, parce que personne n’est inutile dans l’Église, nous sommes tous nécessaires pour construire ce temple », a-t-il déclaré durant sa catéchèse.
De même, « personne n’est secondaire. Personne n’est le plus important, nous sommes tous égaux aux yeux de Dieu », même le pape, a-t-il ajouté : « Vous pourriez dire : « Écoutez, sainteté, vous n’êtes pas notre égal ». Si, je suis comme chacun de vous, nous sommes tous égaux, nous sommes frères ! »
En outre, « personne n’est anonyme : nous formons et nous construisons tous l’Église. Mais cela nous invite aussi à réfléchir sur le fait que, s’il manque la pierre de notre vie chrétienne, il manque quelque chose à la beauté de l’Église… Personne ne peut s’en aller, nous devons tous apporter notre vie à l’Église, apporter notre cœur, notre amour, nos pensées, notre travail, tous ensemble ».
Catéchèse du pape François en italien :
Chers frères et sœurs, bonjour !
Aujourd’hui, je voudrais évoquer brièvement une autre image qui nous aide à illustrer le mystère de l’Église : celle du temple (cf. Const. dogm. Lumen gentium, 6). A quoi nous fait penser le mot de « temple » ? Cela nous fait penser à un édifice, à une construction. La pensée de beaucoup d’entre nous se tourne plus particulièrement vers l’histoire du peuple d’Israël, racontée dans l’Ancien testament. À Jérusalem, le grand temple de Salomon était le lieu de la rencontre avec Dieu dans la prière ; il y avait, à l’intérieur du temple, l’arche d’alliance, signe de la présence de Dieu au milieu de son peuple ; et dans l’arche se trouvaient les tables de la loi, la manne et la verge d’Aaron : c’était le rappel du fait que Dieu avait toujours été présent dans l’histoire de son peuple, il en avait accompagné la marche, il en avait guidé les pas. Le temple rappelle cette histoire : nous aussi, lorsque nous allons au temple, nous devons nous souvenir de cette histoire, notre histoire à chacun d’entre nous, comment Jésus m’a rencontré, a marché avec moi, m’a aimé et comment il me bénit.
Voici que ce qui avait été préfiguré dans l’ancien temple était réalisé par la puissance de l’Esprit-Saint, dans l’Église : l’Église est la « maison de Dieu », le lieu de sa présence, où nous pouvons trouver et rencontrer le Seigneur ; l’Église est le temple où habite l’Esprit Saint qui l’anime, la guide et la soutient. Si nous nous demandons : où pouvons-nous rencontrer Dieu ? Où pouvons-nous entrer en communion avec lui à travers le Christ ? Où pouvons-nous trouver la lumière de l’Esprit-Saint qui illumine notre vie ? La réponse est : dans le peuple de Dieu, parmi nous qui sommes l’Église. Nous y rencontrerons Jésus, l’Esprit-Saint et le Père.
L’ancien temple était édifié par les mains des hommes : il fallait « donner une maison » à Dieu, pour avoir un signe visible de sa présence au milieu du peuple. Avec l’incarnation du Fils de Dieu, la prophétie de Nathan au roi David s’accomplit (cf. 2 Sam 7,1-29) : ce n’est pas le roi, ce n’est pas nous qui « donnons une maison à Dieu », mais c’est Dieu lui-même qui « construit sa maison » pour venir habiter au milieu de nous, comme l’écrit saint Jean dans le prologue de son Évangile (cf 1,14). Le Christ est le temple vivant du Père, et le Christ édifie lui-même sa « maison spirituelle », l’Église, faite non pas de pierres matérielles mais des « pierres vivantes » que nous sommes. L’apôtre Paul dit aux chrétiens d’Éphèse : « Car la construction que vous êtes a pour fondations les apôtres et prophètes, et pour pierre d’angle le Christ Jésus lui-même. En lui toute construction s’ajuste et grandit en un temple saint, dans le Seigneur ; en lui, vous aussi, vous êtes intégrés à la construction pour devenir une demeure de Dieu, dans l’Esprit ». C’est très beau, cela ! Nous sommes les pierres vivantes de l’édifice de Dieu, profondément unies au Christ, qui est la pierre de soutènement, et aussi de soutien entre nous. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que nous sommes le temple, nous sommes l’Église vivante, le temple vivant et quand nous sommes ensemble, l’Esprit-Saint est aussi parmi nous, il nous aide à grandir en tant qu’Église. Nous ne sommes pas isolés, mais nous sommes le peuple de Dieu : c’est cela l’Église !
Et c’est l’Esprit-Saint, avec ses dons, qui dessine la variété. Ça, c’est important : que fait l’Esprit-Saint parmi nous ? Il dessine la variété qui est la richesse dans l’Église et il unit toutes les choses et toutes les personnes, afin de constituer un temple spirituel, dans lequel nous n’offrons pas des sacrifices matériels, mais nous-mêmes, notre vie (cf. 1 P 2, 4-5). L’Église n’est pas un enchevêtrement de choses et d’intérêts, mais elle est le temple de l’Esprit-Saint, le temple dans lequel Dieu agit, le temple dans lequel chacun de nous, par le don de l’Esprit-Saint, est une pierre vivante. Cela nous montre que personne n’est inutile dans l’Église, et s’il arrive que l’on dise à quelqu’un : « Rentre chez toi, tu es inutile », ce n’est pas vrai, parce que personne n’est inutile dans l’Église, nous sommes tous nécessaires pour construire ce temple ! Personne n’est secondaire. Personne n’est le plus important dans l’Église, nous sommes tous égaux aux yeux de Dieu. Vous pourriez dire : « Écoutez, sainteté, vous n’êtes pas notre égal ». Si, je suis comme chacun de vous, nous sommes tous égaux, nous sommes frères ! Personne n’est anonyme : nous formons et nous construisons tous l’Église. Mais cela nous invite aussi à réfléchir sur le fait que, s’il manque la pierre de notre vie chrétienne, il manque quelque chose à la beauté de l’Église. Certains diront : « Moi, je n’ai rien à voir avec l’Église », mais ainsi il manque la pierre d’une vie, dans ce beau temple. Personne ne peut s’en aller, nous devons tous apporter notre vie à l’Église, apporter notre cœur, notre amour, nos pensées, notre travail, tous ensemble.
Je voudrais alors que nous nous demandions : comment vivons-nous le fait que nous sommes l’Église ? Sommes-nous des pierres vivantes ou sommes-nous, pour ainsi dire, des pierres fatiguées, qui s’ennuient, indifférentes ? Vous avez déjà vu comme c’est triste de voir un chrétien fatigué, qui s’ennuie, indifférent ? Un chrétien comme ça, ça ne va pas, le chrétien doit être vivant, joyeux d’être chrétien ; il doit vivre cette beauté de faire partie du peuple de Dieu qu’est l’Église.
Est-ce que nous nous ouvrons à l’action de l’Esprit-Saint pour être partie prenante dans nos communautés, ou est-ce que nous nous replions sur nous-mêmes en disant : « j’ai tellement à faire, ce n’est pas mon rôle » ?
Que le Seigneur nous donne sa grâce, sa force, afin que nous puissions être profondément unis au Christ, qui est la pierre angulaire, le pilier, la pierre de soutènement de notre vie et de toute la vie de l’Église. Prions pour que, animés par son Esprit, nous soyons tou
jours des pierres vivantes de son Église.
Traduction de Zenit, Hélène Ginabat