Le martyrologe romain fait aujourd’hui mémoire du saint patriarche Abraham (v. 1700 avant Jésus-Christ): avec lui “commence la grande marche du peuple de Dieu”.
Dans sa Lettre sur les Lieux qui ont été marqués par l’histoire du salut, Jean-Paul II souligne le rapport du premier des Patriarches, le « Père des croyants », au Christ: “Abraham est pour nous, par antonomase, le » père dans la foi « , écrit le pape. Dans l’Evangile de Jean, on lit la parole que le Christ prononça un jour à son sujet: » Abraham votre père a tressailli d’allégresse dans l’espoir de voir mon Jour. Il l’a vu, et il a été dans la joie » (8, 56).”
Le bienheureux pape disait aussi son désir de se rendre à Ur en Chaldée, l’actuel Tal al Muqayyar dans le sud de l’Irak, ville où, selon le récit biblique, « Abraham entendit la parole du Seigneur qui l’arrachait à sa terre, à son peuple, en un sens à lui-même, pour faire de lui l’instrument d’un dessein de salut qui embrassait le futur peuple de l’Alliance et même tous les peuples du monde ».
Ne pouvant s’y rendre en raison de la situation politique internationale, le pape a choisi de commencer son pèlerinage jubilaire par un voyage spirituel, liturgique, sur les pas d’Abraham, le 23 février 2000, en la salle Paul VI du Vatican, ornée de chênes pour rappeler l’épisode biblique de la visite des Trois Anges à Mambré, représentée par l’icône d’Andrei Roublev “L’hospitalité d’Abraham” aussi appelée “Icône de la Sainte Trinité”. Des images de l’Irak ont aussi été projetées.
“ »Le Seigneur dit à Abraham: « Pars de ton pays, laisse ta famille et la maison de ton père, va dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction! […] En toi seront bénies toutes les familles de la terre » » (Gn 12, 1-3). Par ces paroles, explique le pape Jean-Paul II dans sa Lettre, commence la grande marche du peuple de Dieu. Vers Abraham regardent non seulement ceux qui sont fiers de descendre physiquement de lui, mais aussi ceux – et ils sont innombrables – qui se considèrent comme sa descendance « spirituelle » parce qu’ils partagent sa foi et son abandon sans réserve à l’initiative salvifique du Tout-Puissant.”
Dans son homélie, ce 23 février 2000, le pape concluait en évoquant Marie, fille d’Abraham: “Le modèle inimitable du peuple racheté, en marche vers l’accomplissement de cette promesse universelle, est Marie, « celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur » (Lc 1, 45). Fille d’Abraham selon la foi, outre que selon la chair, Marie en partagea en première personne l’expérience. Elle aussi, comme Abraham, accepta l’immolation du Fils, mais alors que le sacrifice effectif d’Isaac ne fut pas demandé à Abraham, le Christ but le calice de la souffrance jusqu’à la dernière goutte. Et Marie participa personnellement à l’épreuve de son Fils, croyant et espérant, debout à côté de la croix (cf. Jn 19, 25). C’était l’épilogue d’une longue attente. Formée dans la méditation des pages prophétiques, Marie savait ce qui l’attendait et en exaltant la miséricorde de Dieu, fidèle à son peuple de génération en génération, elle exprimait sa propre adhésion à son dessein de salut; elle exprimait en particulier son « oui » à l’événement central de ce dessein, le sacrifice de cet Enfant qu’elle portait dans son sein. Comme Abraham, elle acceptait le sacrifice de son Fils. Aujourd’hui, nous unissons notre voix à la sienne, et avec Elle, la Vierge Fille de Sion, nous proclamons que Dieu s’est rappelé de sa miséricorde, « selon qu’il l’avait annoncé à nos pères – en faveur d’Abraham et de sa postérité à jamais » (Lc 1, 55).”