Rencontre très émouvante samedi 5 octobre entre le pape François et le père Franz Jalics, jésuite d’origine hongroise, aujourd’hui âgé de 86 ans, enlevé le 23 mai 1976 puis torturé durant cinq mois, jusqu'en octobre, à l'Ecole de mécanique navale de Buenos Aires, par les escadrons de la mort sous la dictature argentine, avec son confrère Orlando Yorio.

Le pape était à l’époque le supérieur provincial des jésuites d’Argentine et c’est grâce à une opération très discrète de sa part que les deux hommes ont pu être libérés.

Or, les militaires firent croire aux deux jésuites qu'au contraire leur supérieur les avait dénoncés et abandonnés à leur sort.

Les accusations les plus lourdes arrivèrent plus tard du fait du journaliste Horacio Verbitsky, fomentées par l’entourage de la présidente Cristina Kirchner, après les fortes critiques que lui avait adressées celui qui était alors archevêque de Buenos Aires, Mgr Jorge Mario Bergoglio.

Tout cela blessa si profondément les pères Jalics et Yorio qu’ils finirent par quitter la compagnie. Puis le P. Jalics revint, mais pas le P. Yorio, qui est décédé le 9 août 2000 à Montevidéo (Uruguay).

Il fallut beaucoup de temps au P. Jalics pour faire la vérité et se réconcilier : le 21 mars dernier, le religieux, résidant en Allemagne, a déclaré sur le site www.jesuiten.org qu’il avait longtemps cru avoir été victime de délation, mais que vers la fin des années 90 il avait eu la conviction qu’il n’y avait eu aucune délation, encore moins de son supérieur, l’actuel pape François.

Le père Jalics a confié, le 15 mars dernier, au lendemain de l'élection du cardinal Bergoglio comme successeur de Pierre: "la vérité et le temps nous ont réconciliés".

Plus encore, après avoir eu des questons sur sa déclaration du 15 mars, il a déclaré à la revue des jésuites allemands: "Voilà les faits: ni Orlando Yorio ni moi n'avons été danoncés par le père Bergoglio".

Il précise: "Nous avons été arrêtés du fait d'une catéchiste qui avait d'abord travaillé avec nous et qui avait plus tard rejoint la guérilla": "Pendant neuf mois nous ne l'avons plus revue. Mais deux ou trois jours après son arrestation, nous avons aussi été arrêtés. L'officier qui m'a interrogé m'a demandé mes papiers. Quand il a vu que j'étais né à Budapest, il a cru que j'étai un espion russe."

"Dans les provinces jésuites d'Argentine et dans l'Eglise catholique, on avait répandu les années précédentes une fausse information disant que nosu aviosn déménagé dans els bidonvilles parce que nosu appartenions à la guérilla. Mais ce n'était pas le cas. Je suppose que ces rumeurs étaient motivées par le fait que nous n'avons pas été relâchés immédiatement".

"Jétais auparavant enclin à penser que j'avais été victime d'une dénonciation. Mais à la fin des années quatre-vingt-dix, après de nombreuses conversations, j'ai réalisé que cette hypothèse n'était pas fondée."

"Il est donc faux de dire que notre arrestation a été le fait du père Bergoglio", a déclaré à nouveau clairement le jésuite qui est donc venu trouver le pape Françosi au Vatican samedi dernier, 5 octobre.

On comprend qu'après de telles calomnies le pape ne cesse d'appeler les catholiques à renoncer aux commérages et à la médisance. Une leçon apprise par la Compagnie de Jésus dès sa fondation: saint Ignace lui-même a été victime de dénonciations calomnieuses.

Avec Océane Le Gall pour la traduction