Audience générale 31 août 2022 © Vatican Media

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Catéchèse : une belle décision « conduit toujours à la joie » (Texte intégral)

Nouveau cycle de catéchèses sur « le discernement »

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« Prendre une belle décision, une décision juste, te conduit toujours à cette joie finale », « la joie de celui qui a trouvé le Seigneur », a déclaré le pape François devant les nombreux pèlerins et fidèles d’Italie et du monde entier, rassemblés dans la Salle Paul VI pour l’audience générale de ce mercredi 31 août 2022.

Dans son discours en italien, le pape qui commence un nouveau cycle de catéchèses sur le discernement, a centré sa méditation sur la question : « Que signifie discerner ? ». S’inspirant de l’évangile de Matthieu (13, 44.47-48) dans lequel Jésus compare le royaume des cieux à un trésor caché dans un champ ou à un négociant en perles fines, le pape a évoqué l’importance du discernement dans les décisions de la vie quotidienne.

Si le discernement se présente comme un « exercice d’intelligence », « d’expertise et de volonté » pour poser un bon choix, il « implique aussi les sentiments », a souligné François François : « peut-être faut-il souffrir un peu de l’incertitude en chemin, réfléchir, chercher, mais à la fin la décision juste te procure de la joie », c’est « la joie de celui qui a trouvé le Seigneur ». En effet, « dans une décision bonne, juste, la volonté de Dieu rencontre la nôtre ».

Le pape a également évoqué la question de la liberté : « nous ne trouvons pas devant nous, tout empaquetée, la vie que nous devons vivre », a-t-il lancé, mais « il nous invite continuellement à la décider », à « évaluer et à choisir » : « il nous a créés libres et il veut que nous exercions notre liberté. C’est pour cela que discerner est exigeant »

Après un résumé de sa catéchèse en différentes langues, le pape a adressé des salutations particulières aux fidèles présents. Puis il a lancé un appel pour la Journée mondiale de prière pour la création, qui sera célébrée jeudi 1er septembre, ainsi que pour les événements violents des jours derniers à Baghdad. L’audience générale s’est conclue avec la récitation du Notre Père et la bénédiction apostolique.

Voici notre traduction intégrale de la catéchèse à partir de l’italien.

 

Catéchèse du pape François (Traduction intégrale)

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous commençons aujourd’hui un nouveau cycle de catéchèses : nous avons terminé les catéchèses sur la vieillesse ; maintenant nous commençons un nouveau cycle sur le thème du discernement. Discerner est un acte important qui concerne tout le monde, parce que les choix sont un aspect fondamental de la vie. Discerner ses choix. On choisit un plat, un vêtement, un parcours d’études, un travail, une relation. Dans tout cela, un projet de vie se concrétise et c’est notre relation à Dieu aussi se concrétise.

Dans l’évangile, Jésus parle du discernement avec des images tirées de la vie ordinaire ; par exemple, il décrit les pêcheurs qui sélectionnent les bons poissons et rejettent les mauvais ; ou le marchand qui sait distinguer parmi de nombreuses perles celle qui a davantage de valeur. Ou celui qui, en labourant son champ, se heurte à quelque chose qui se révèle être un trésor (cf. Mt 13, 44-48).

A la lumière de ces exemples, le discernement se présente comme un exercice d’intelligence, et aussi d’expertise et de volonté, pour saisir le moment favorable : ce sont les conditions pour effectuer un bon choix. Il faut de l’intelligence, de l’expertise et également de la volonté pour poser un bon choix. Et cela représente également un coût afin que le discernement puisse devenir effectif. Pour exercer au mieux son métier, le pêcheur tient compte de la fatigue, des longues nuits passées en mer, et du fait qu’il devra rejeter une partie de la pêche, acceptant une perte du profit pour le bien de ceux à qui elle est destinée. Le marchand de perles n’hésite pas à tout dépenser pour acheter cette perle ; et l’homme qui s’est heurté à un trésor fait de même. Des situations inattendues, non programmées, où il est fondamental de reconnaître l’importance et l’urgence d’une décision à prendre. Chacun doit prendre des décisions ; personne ne les prend pour nous. A un certain point, les adultes, libres, peuvent demander conseil, réfléchir, mais la décision leur appartient ; on ne peut pas dire : « J’ai perdu cela, parce que c’est mon mari qui l’a décidé, c’est ma femme qui l’a décidé, c’est mon frère qui l’a décidé ». Non ! C’est à toi de décider, chacun de nous doit décider et c’est pourquoi il est important de savoir discerner : pour bien décider, il est nécessaire de savoir discerner.

L’évangile suggère un autre aspect important du discernement : il implique les sentiments. Celui qui a trouvé le trésor n’éprouve pas de difficulté à tout vendre, tant sa joie est grande (cf. Mt 13,44). Le terme employé par l’évangéliste Matthieu indique une joie tout à fait particulière, qu’aucune réalité humaine ne peut donner ; et, en effet, il revient dans quelques très rares autres passages de l’évangile, qui renvoient tous à la rencontre avec Dieu. C’est la joie des mages lorsqu’après un voyage long et fatigant, ils revoient l’étoile (cf. Mt 2,10) ; la joie, c’est la joie des femmes qui reviennent du tombeau vide après avoir entendu l’annonce de la résurrection par l’ange (cf. Mt 28,8). C’est la joie de celui qui a trouvé le Seigneur. Prendre une belle décision, une décision juste, te conduit toujours à cette joie finale ; peut-être faut-il souffrir un peu de l’incertitude en chemin, réfléchir, chercher, mais à la fin la décision juste te procure de la joie.

Lors du jugement final, Dieu opèrera un discernement – le grand discernement – à notre égard. Les images du paysan, du pêcheur et du marchand sont des exemples de ce qui se produit dans le royaume des cieux, un royaume qui se manifeste dans les actions ordinaires de la vie, qui requièrent de prendre position. C’est pourquoi il est si important de savoir discerner : les grands choix peuvent naître de circonstances à première vue secondaires, mais qui se révèlent décisives. Par exemple, pensons à la première rencontre d’André et Jean avec Jésus, une rencontre qui part d’une simple question : « Rabbi, où demeures-tu ? – Venez, et vous verrez » (cf. Jn 1,38-39), dit Jésus. Un échange très bref, mais c’est le début d’un changement qui, pas à pas, marquera toute leur vie. Avec les années, l’évangéliste continuera de se souvenir de cette rencontre qui l’a changé pour toujours, il se souviendra même de l’heure : il était « environ quatre heures de l’après-midi » (v.39). C’est l’heure à laquelle le temps et l’éternité se sont rencontrés dans sa vie. Et dans une décision bonne, juste, la volonté de Dieu rencontre la nôtre ; le chemin actuel rencontre l’éternité. Prendre une décision juste, après un chemin de discernement, c’est faire cette rencontre : le temps avec l’éternité.

Par conséquent : connaissance, expérience, sentiments et volonté : voilà quelques éléments indispensables du discernement. Au cours de ces catéchèses, nous en verrons d’autres, tout aussi importants.

Comme je le disais, le discernement implique une fatigue. Selon la Bible, nous ne trouvons pas devant nous, tout empaquetée, la vie que nous devons vivre. Non ! Nous devons continuellement la décider, selon les réalités qui apparaissent. Dieu nous invite à évaluer et à choisir : il nous a créés libres et il veut que nous exercions notre liberté. C’est pour cela que discerner est exigeant.

Nous avons souvent fait cette expérience : choisir quelque chose qui nous semblait bien et en fait, ça ne l’était pas. Ou encore, savoir quel était notre vrai bien et ne pas le choisir. A la différence des animaux, l’homme peut se tromper, il peut ne pas vouloir choisir correctement et la Bible le montre dès les premières pages. Dieu donne à l’homme une instruction précise : si tu veux vivre, si tu veux goûter la vie, souviens-toi que tu es une créature, que ce n’est pas toi le critère du bien et du mal et que les choix que tu feras auront une conséquence pour toi, pour les autres et pour le monde (cf. Gn 2,16-17) ; tu peux faire de la terre un jardin magnifique ou tu peux en faire un désert de mort. Un enseignement fondamental : ce n’est pas par hasard qu’il s’agit du premier dialogue entre Dieu et l’homme. Le dialogue est : le Seigneur donne la mission, tu dois faire ceci et cela ; et à chaque pas qu’il fait, l’homme doit discerner quelle décision prendre. Le discernement est cette réflexion de l’esprit et du cœur que nous devons faire avant de prendre une décision.

Le discernement est pénible mais indispensable pour vivre. Il nécessite que je me connaisse, que je sache ce qui est bien pour moi ici et maintenant. Il requiert surtout une relation filiale avec Dieu. Dieu est Père et il ne nous laisse pas seuls, il est toujours disposé à nous conseiller, à nous encourager et à nous accueillir. Mais il n’impose jamais sa volonté. Pourquoi ? Parce qu’il veut être aimé et non craint. Et il veut aussi que nous soyons des fils, et non des esclaves : des fils et des filles libres. Et l’on ne peut vivre l’amour que dans la liberté. Pour apprendre à vivre, il faut apprendre à aimer, et il est nécessaire pour cela de discerner : que puis-je faire maintenant, devant cette alternative ? Que ce soit le signe de davantage d’amour, davantage de maturité dans l’amour. Demandons que l’Esprit-Saint nous guide ! Invoquons-le tous les jours, surtout lorsque nous devons faire des choix. Merci.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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