Cuba, États-Unis, ONU et VIIIe Rencontre mondiale des familles

Traduction de Zenit, catéchèse du pape François donnée en italien.

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Voyage apostolique à Cuba, aux États-Unis et à l’ONU – VIIIe Rencontre mondiale des familles

Chers frères et sœurs, bonjour !

L’audience d’aujourd’hui se tiendra en deux lieux, ici sur la place et aussi dans la salle Paul VI où se trouvent de nombreux malades qui la suivent sur le grand écran. Étant donné que le temps n’est pas très bon, nous avons fait le choix qu’ils soient couverts et plus tranquilles là-bas. Unissons-nous les uns aux autres et saluons-nous !

Ces derniers jours, j’ai effectué mon voyage apostolique à Cuba et aux États-Unis d’Amérique. Il est né de la volonté de participer à la Rencontre mondiale des familles, prévue depuis longtemps à Philadelphie. Ce « noyau originel » s’est élargi à une visite aux États-Unis d’Amérique et au Siège central des Nations unies, et ensuite à Cuba, qui est devenue la première étape de cet itinéraire. Je redis ma reconnaissance envers le président Castro, le président Obama et le secrétaire général Ban Ki-moon pour l’accueil qu’ils m’ont réservé. Je remercie de tout cœur mes frères évêques et tous les collaborateurs pour le grand travail accompli et pour l’amour de l’Église qui l’a animé.

Misionero de la Misericordia (« missionnaire de la Miséricorde ») : c’est ainsi que je me suis présenté à Cuba, terre riche de beauté naturelle, de culture et de foi. La miséricorde de Dieu est plus grande que toutes les blessures, tous les conflits, toutes les idéologies ; et avec ce regard de miséricorde, j’ai pu embrasser tout le peuple cubain, dans sa patrie ou en dehors, au-delà de toutes les divisions. La Vierge de la Charité del Cobre est le symbole de cette unité profonde de l’âme cubaine ; il y a exactement cent ans qu’elle a été proclamée Patronne de Cuba. Je me suis rendu en pèlerinage au sanctuaire de cette Mère de l’espérance, Mère qui guide sur le chemin de la justice, de la paix, de la liberté et de la réconciliation.

J’ai pu partager avec le peuple cubain l’espérance de l’accomplissement de la prophétie de saint Jean-Paul II : que Cuba s’ouvre au monde et que le monde s’ouvre à Cuba. Plus de fermetures, plus d’exploitation de la pauvreté, mais la liberté dans la dignité. Voilà le chemin qui fait vibrer le cœur de tant de jeunes Cubains : non pas un chemin d’évasion, de gains faciles, mais de responsabilité, de service du prochain, d’attention à la fragilité. Un chemin qui tire sa force des racines chrétiennes de ce peuple, qui a tant souffert. Un chemin sur lequel j’ai tout particulièrement encouragé les prêtres et tous les consacrés, les étudiants et les familles. Que l’Esprit-Saint, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, fasse croître les semences que nous avons jetées.

De Cuba aux États-Unis d’Amérique : cela a été un passage emblématique, un pont qui, grâce à Dieu, est en train de se reconstruire. Dieu veut toujours construire des ponts ; c’est nous qui construisons des murs ! Et les murs s’écroulent, toujours !

Et aux États-Unis, j’ai accompli trois étapes : Washington, New York et Philadelphie.

À Washington, j’ai rencontré les autorités politiques, les gens ordinaires, les évêques, les prêtres et les consacrés, les plus pauvres et les plus marginalisés. J’ai rappelé que la plus grande richesse de ce pays et de son peuple réside dans son patrimoine spirituel et éthique. Et j’ai ainsi voulu encourager à développer la construction sociale dans la fidélité à son principe fondamental, à savoir que tous les hommes sont créés égaux par Dieu et dotés de droits inaliénables, tels que la vie, la liberté et la poursuite du bonheur. Ces valeurs, partageables par tous, trouvent dans l’Évangile leur plein accomplissement, comme l’a bien manifesté la canonisation du père Junípero Serra, franciscain, grand évangélisateur de la Californie. Saint Junípero montre le chemin de la joie : aller partager avec les autres l’amour du Christ. C’est la voie du chrétien, mais aussi de tout homme qui a connu l’amour : ne pas le garder pour soi mais le partager avec les autres. C’est sur cette base religieuse et morale que sont nés et ont grandi les États-Unis d’Amérique et, sur cette base, ils peuvent continuer d’être une terre de liberté et d’accueil, et de coopérer pour un monde plus juste et fraternel.

À New York, j’ai pu rendre visite au Siège central de l’ONU et saluer le personnel qui y travaille. J’ai eu des entretiens avec le secrétaire général et les présidents des dernières assemblées générales et du Conseil de sécurité. En parlant aux représentants des Nations, sur la voie de mes prédécesseurs, j’ai renouvelé les encouragements de l’Église catholique à l’égard de cette Institution et de son rôle dans la promotion du développement et de la paix, rappelant en particulier la nécessité d’un engagement unanime et effectif pour la protection de la création. J’ai aussi lancé à nouveau un appel à arrêter et empêcher les violences contre les minorités ethniques et religieuses et contre les populations civiles.

Pour la paix et la fraternité, nous avons prié devant le mémorial de Ground Zero, avec les représentants des religions, les familles de nombreuses personnes tuées et le peuple de New York, si riche de diversités culturelles. Et pour la paix et la justice, j’ai célébré l’Eucharistie dans le jardin de Madison Square.
À Washington comme à New York, j’ai pu rencontrer quelques réalités caritatives et éducatives, emblématiques de l’immense service rendu dans ces domaines par les communautés catholiques : prêtres, religieuses, religieux et laïcs.

Le sommet du voyage a été la Rencontre des familles à Philadelphie, où l’horizon s’est élargi au monde entier, à travers le « prisme », pour ainsi dire, de la famille. La famille, à savoir l’alliance féconde entre l’homme et la femme, est la réponse au grand défi de notre monde, qui est un double défi : la fragmentation et la massification, deux extrêmes qui cohabitent et se soutiennent mutuellement et qui ensemble soutiennent le modèle économique consumériste. La famille est la réponse parce qu’elle est la cellule d’une société qui équilibre la dimension personnelle et la dimension communautaire ; et en même temps, elle peut être le modèle d’une gestion durable des biens et des ressources de la création. La famille est le sujet protagoniste d’une écologie intégrale, parce qu’elle est le sujet social principal, qui contient en son sein les deux principes de base de la civilisation humaine sur la terre : le principe de communion et le principe de fécondité. L’humanisme biblique nous présente cette image : le couple humain, uni et fécond, placé par Dieu dans le jardin du monde, pour le cultiver et le garder.

Je désire adresser mes remerciements fraternels et chaleureux à Mgr Chaput, archevêque de Philadelphie, pour son engagement, sa piété, son enthousiasme et son grand amour de la famille, dans l’organisation de cet événement. Tout bien considéré, ce n’est pas par hasard, mais il est providentiel que le message, ou plutôt, le témoignage de la Rencontre mondiale des familles soit venu en ce moment des États-Unis d’Amérique, c’est-à-dire du pays qui, au siècle passé, a atteint le plus grand développement économique et technologique sans renier ses racines religieuses. Maintenant, ces mêmes racines demandent de repartir de la famille pour repenser et changer le modèle de développement, pour le bien de la famille humaine tout entière.

© Traduction de Zenit, Constance Roques

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