Résurrection de Jésus © Bradi Barth

Résurrection de Jésus © Bradi Barth

 « L’Amour est plus fort que la mort », par Mgr Follo

« Le Christ est ressuscité et vit en nous et avec nous »

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« L’Amour est plus fort que la mort: le Christ est ressuscité et vit en nous et avec nous »: dans ce commentaire des lectures de dimanche prochain, 4 avril 2021, dimanche de Pâques, Mgr Francesco Follo exprime le voeu que « chacun de nous découvre, dans le silence de son cœur, la Présence du Seigneur Ressuscité ».

Comme lecture patristique, l’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, à Paris,  propose un sermon de Saint Bernard de Clairvaux.

L’Amour est plus fort que la mort:

le Christ est ressuscité et vit en nous et avec nous

1) Le Christ est mort par  amour et est ressuscité par l’Amour.

C’est Pâques. En ce jour de joie faisons nôtre la prière du pape François : « Que le Seigneur nous fasse participer à sa Résurrection : qu’il nous ouvre à sa nouveauté qui transforme, aux surprises de Dieu qui sont si belles ; qu’il fasse de nous des hommes et des femmes capables de faire mémoire de ce qu’Il accomplit dans notre histoire personnelle et dans celle du monde ; qu’il nous rende capables de le reconnaître comme étant le Vivant, qui vit et agit au milieu de nous ; qu’il nous enseigne chaque jour, chers frères et sœurs, à ne pas chercher parmi les morts Celui qui est vivant », afin qu’en Lui et pour Lui nous puissions vivre à jamais, dans le réconfort et la paix.

C’est Pâques, l’heureux jour du Triduum Pascal, le dernier des trois saints jours au cours desquels l’Eglise fait mémoire de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus.

Le Jeudi saint nous avons fait mémoire de la Cène du Seigneur. Le moment où Jésus, le vrai agneau pascal, s’est livré en échange de notre salut (cf. 1 Cor 5,7), nous offrant son corps donné en nourriture et son sang versé comme boisson.

Le Vendredi saint, nous avons fait mémoire de la passion et de la mort du Seigneur. Nous avons adoré Jésus crucifié, participant à ses souffrances par la pénitence et le jeûne. Levant les yeux vers « celui qu’ils ont transpercé », (cf. Jn 19,37), nous avons contemplé l’immense amour que Jésus a pour nous.

Mais nous ne nous sommes pas arrêtés au Vendredi Saint, quand le Christ, et avec Lui l’amour et le dévouement de Dieu envers nous, a été frappé et tué sur la croix. Et nous ne nous sommes pas arrêtés non plus au samedi saint quand, après la mort du Christ, le monde est devenu désolation de mort et Dieu s’est tu.

Dans la nuit du samedi saint, nous avons célébré la Veillée pascale, le moment où nous est annoncé la résurrection du Christ, sa victoire définitive sur la mort. Le Christ qui nous demande d’être en Lui de nouveaux hommes. « Vous me verrez vivant et vous vivrez aussi » (Jn 14, 19) dit Jésus à ses disciples, donc à nous. Grâce à la communion existentielle qui nous lie à Lui, et grâce au fait que nous soyons en Lui, qui est la Vie, nous vivrons aujourd’hui et pour l’éternité.

Le jour est arrivé où Jésus « mort » est devenu un souvenir du passé. Le Christ est ressuscité, il est vivant pour les siècles des siècles et la mort a été vaincue : Il détient « les clefs de la mort et du séjour des morts » (Ap 1. 18).

Le jour de Pâques nous faisons mémoire du Christ Ressuscité. Le ressuscité est Celui qui – jusqu’au bout – est resté sur la Croix pour nous. Celui qui maintenant existe et vit pour nous, qui «  intercède pour nous » (cf. Rm 8,34) jusqu’à la fin.

La Résurrection du Christ c’est le passage ouvert par l’amour qui rachète et prend sur lui tous les péchés. C’est la victoire de l’amour démesuré du Dieu miséricordieux sur la mort que Jésus, Agneau innocent, a subie.

L’Agneau de Dieu, immolé pour les péchés du monde, témoigne de la grande et belle vérité de cet Amour qui ne nous oblige pas à le suivre. Dieu meurt dans le Verbe incarné pour susciter en nous une adhésion complètement libre à son Amour. Rien n’est plus convaincant que l’amour révélé par le Christ en croix, offre divine pour notre liberté : Rien n’est plus attirant que Jésus, Soleil de Pâques, qui montre les plaies désormais glorieuses et appelle à la vraie vie, infusée dans nos cœurs comme fruit de ce don qu’Il nous a fait en se donnant complètement.

2) Trois fidélités

La Résurrection montre que Dieu est toujours vainqueur, mais par amour : grâce à cet amour le Christ donne sa vie, meurt à notre place pour que nous vivions éternellement. Cet amour se révéla aux femmes qui furent les premières à se rendre au tombeau, car elles étaient les premières en amour, et qui aime cherche pourquoi la mort ne tue pas l’amour.

La résurrection c’est aussi le triomphe de trois fidélités : celle du Père qui n’abandonne pas Jésus dans la mort, celle de Jésus qui n’abandonne pas les disciples dans leurs dérives et celle des femmes qui, très tôt le matin, se rendent au sépulcre. Chez ces femmes il y avait de la tristesse, car elles croyaient que leur grande aventure avec Jésus était terminée et, avant de retourner à leur vie antérieure, elles sont allées au tombeau car l’amour fidèle continuait.

Poussées par l’amour elles se sont rendues au tombeau du Bien-Aimé et virent qu’il était vide. Elles cherchaient le Christ et ont rencontré un de ses anges (mot d’origine grec pour dire messager). Cet ange leur a dit que Jésus, le Crucifié, était ressuscité. Ces femmes, qui étaient restées fidèles à l’Amour qu’elles avaient vu mourir, auraient dû se réjouir, or elles ont eu peur et sont restées sans voix. Saint Marc (c’est le récit de cet évangéliste qu’on lit cette année) veut probablement dire que l’être humain a non seulement peur de la croix, mais il s’étonne, reste saisi devant l’événement qui retourne la situation et transforme cette croix en vie et gloire, comme s’il n’arrivait pas y croire. « Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité » (Mc 16,6): cette annonce attire l’attention sur le Crucifié. La résurrection est la manifestation du sens vrai, profond et mystérieux du cheminement de Jésus sur terre, cheminement qui trouve son aboutissement dans la crucifixion. Entre ces deux moments – le Jésus de Nazareth et le Jésus ressuscité – il y a un rapport de profonde continuité, comme entre ce qui est caché et ce qui est révélé. La résurrection est la vérité de la croix. Le visage du dévouement, de l’amour et du service que Jésus rend pendant son passage sur terre n’a pas changé mais il est devenu lumineux, victorieux. Sans la mémoire de la Croix et la résurrection celui-ci n’aurait plus de sens.

La résurrection de Jésus ce n’est pas simplement la nouvelle d’une victoire générale de la vie sur la mort. C’est une nouvelle bien plus précise : c’est l’Amour qui triomphe de la mort.

La résurrection de Jésus inaugure une nouvelle et précise manière de vivre. C’est une heureuse nouvelle avec ses contraintes. Plus encore : la Croix montre le nouveau visage de Dieu révélé par Jésus: un visage rejeté car trop éloigné de l’image que s’en font les hommes. Ici s’ouvre l’espace pour cette profonde conversion «  théologique » à laquelle tout chrétien est invité. Dieu a vraiment le visage que Jésus a révélé: le Père s’est reconnu dans ce visage. C’est donc l’image que l’on se fait de Dieu qui doit changer.

« Voici qu’Il vous précède en Galilée ; là vous le verrez. Voilà ce que j’avais à vous dire » (Mt 28, 7). Jésus, à peine ressuscité, pense aux disciples. Ils l’ont abandonné, mais pour lui ils restent «  ses disciples ».

Face à la nouveauté, comme les apôtres, nous avons souvent un moment d’égarement : « Nous préférons souvent garder nos sécurités ». « Nous avons peur des surprises de Dieu ». Même quand il s’agit de Jésus-Christ, nous avons peur de la résurrection car, si nous croyons vraiment qu’Il est ressuscité, alors notre vie change. Donc nous préférons « nous arrêter sur une tombe, à une pensée pour un défunt, qui à la fin vit seulement dans le souvenir de l’histoire comme les grands personnages du passé ».

Voici le vrai appel de Pâques: « Ne nous fermons pas à la nouveauté que Dieu veut apporter dans notre vie ! Ne sommes-nous pas souvent fatigués, déçus, tristes, ne sentons-nous pas le poids de nos péchés, ne pensons-nous pas que nous n’y arriverons pas ? Ne nous replions pas sur nous-mêmes, ne perdons pas confiance, ne nous résignons jamais : il n’y a pas de situations que Dieu ne puisse changer, il n’y a aucun péché qu’il ne puisse pardonner si nous nous ouvrons à Lui. » (Pape François, Pâques 2013).

Les « pieuses » femmes qui, les premières, se rendirent au tombeau au lever du soleil, eurent une réaction de peur qui s’est ensuite transformée en confiance, leur instinct de fuite est devenu « suite du Christ », leur silence de foi « annonce » et leur vie a été transfigurée.

Allons nous aussi trouver le Christ ressuscité et pour nous aussi la peur se transformera en confiance, la fuite deviendra «  suite du Christ » et le silence « annonce » d’une Présence rencontrée.

Les Vierges consacrées dans le monde sont un exemple particulier de comment, aujourd’hui, on peut imiter les femmes fidèles qui sont allées au tombeau de Jésus et furent les premières à nous rapporter l’évangile de sa résurrection.

Le fait de s’être données complètement au Christ, auquel elles ont adhéré dans un amour unique et indivis, témoigne de leur foi en la Résurrection de l’Epoux royal et éternel. Le Seigneur Jésus, dans l’évangile, se présente lui-même comme l’Epoux (Mt 9, 14-15, e par.), vers qui on doit aller (Mt 25, 1-13, ici 6), en restant vigilant. Ce sont des noces d’amour et donc de Sang, consumées, c’est-à-dire portées à leur plénitude sur la Croix, l’Arbre de la Vie. Les vierges consacrées, en répondant oui à l’évêque qui leur a demandé: « Voulez-vous être consacrée au Seigneur Jésus Christ, le fils du Dieu Très-Haut, et Le reconnaître comme votre Epoux ? »(Rituel de la Consécration des Vierges, n. 30), ont accueilli l’appel à grandir chaque jour davantage dans leurs relations avec le Seigneur, accueillant avec confiance le projet de Dieu dans la normalité de leur vie quotidienne.

 

Lecture Patristique

Saint Bernard de Clairvaux

58ème Sermon, sur Mc 16,1 – 8

 

  1. Que nous représentent ces trois saintes femmes qui s’en vont acheter des parfums après la mort de Jésus, pour embaumer son corps, déposé dans le tombeau? Quel exemple nous donnent-elles à suivre dans leur action 2 Car, selon saint Grégoire (S. Gregor. in homil. Paschae), tout ce qui s’est fait est un signe de ce qu’il faut faire dans la sainte,Église. Pour nous donc, si nous voyons que le Christ, c’est-à-dire la foi du Christ, a cessé de vivre dans le coeur de quelqu’un de nos frères, il faut employer tous nos soins pour venir embaumer son corps et nous approcher de lui, après avoir fait emplette de parfums. Les trois saintes femmes de l’Évangile nous représentent trois puissances qui se procurent chacune les parfums qui leur conviennent. Quelles sont-elles? Ce sont l’esprit, la main et la langue. En effet, quiconque achète, donne quelque chose et reçoit une autre chose; et ce qu’il donne, il le perd pour acquérir ce qu’il reçoit. L’esprit donne l’écu de sa volonté propre, et il fait emplette de sentiments de compassion, de zèle pour la justice, et de discernement dans le conseil. La main paie en monnaie d’obéissance, et reçoit, en échange, la patience dans les tribulations, la persévérance dans l’action, et la continence dans la Chair. Quant à la langue, elle donne le denier de la confession, et reçoit la mesure dans la correction, l’abondance dans l’exhortation, et l’efficacité dans la persuasion.
  2. Après s’être approvisionnées de parfums, elles s’entretenaient entre elles le long du chemin et se disaient: «Qui nous ôtera la pierre qui ferme l’entrée du sépulcre (Ibidem)? Or, cette pierre, c’est la tristesse excessive, ou la paresse, ou la dureté. Car, tant qu’elles ferment l’entrée du coeur, il est inutile que l’esprit, la main et la langue s’approchent du mort avec leurs parfums pour l’embaumer. Mais parce que il est écrit: «Votre oreille, Seigneur, a entendu la préparation même de son coeur (Ps 9,17),» elles voient la pierre écartée et elles entrent dans le sépulcre, mais alors elles apprennent que le mort dont elles venaient embaumer le corps est ressuscité. Qui le leur fait connaître? Qui le leur annonce? C’est un ange qui avait été témoin de cette résurrection. Aussi voit-on le visage de celui en qui le Christ est ressuscité plus joyeux et son aspect plus beau; son langage est plus pur, sa démarche plus modeste et son esprit plus prompt à toute espèce de bonnes oeuvres. Or, qu’est-ce que tout cela, sinon autant de gais messagers de sa résurrection intérieure? On pourrait de même donner un sens figuré à tous les autres détails de la résurrection de Jésus-Christ, dans le linceul trouvé sur la pierre du sépulcre, dans l’annonce faite par l’ange que le Seigneur se fera voir en Galilée, et dans tous les autres traits du récit évangélique, en sorte que tout ce qu’on raconte comme s’étant passé dans le chef, se trouve reproduit au sens moral dans son corps.

 

 

 

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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