Apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine, Fra Angelico, @Musée San Marco (Florence, Italie)

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Diaconat féminin: nouvelle commission créée par le pape François

Nouveaux membres, nouveaux objectifs

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Le pape François a créé  une nouvelle « Commission d’étude sur le diaconat féminin », lors d’une récente audience accordée au cardinal Luis Francisco Ladaria Ferrer SJ, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, indique le Vatican, ce ce 8 avril 2020.

Le président de la commission est le cardinal Giuseppe Petrocchi, archevêque de L’Aquila (Italie), polyglotte (italien, français, anglais, allemand, espagnol), philosophe, psychologue et théologien.

Le secrétaire un Français, le p. Denis Dupont-Fauville, official de la Congrégation pour la doctrine de la foi, polyglotte (italien, anglais, allemand), théologien.

Cinq théologiennes

La commission comprend dix membres, cinq théologiennes et cinq théologiens, de 8 pays différents.

Catherine Brown Tkacz, spécialiste de la tradition byzantine et du Moyen Age, Lviv (Ukraine).
Dominic Cerrato, diacre, Steubenville (Ohio, États-Unis).
Santiago del Cura Elena, prêtre espagnol, ancien membre de la Commission théologique internationale ( 1997-2009), de l ’Académie pontificale de théologie (2007) Burgos (Espagne).
Caroline Farey, philosophe, et théologienne, Shrewsbury (Grande-Bretagne).
Barbara Hallensleben, laïque, de la Commission théologique internationale, spécialiste de l’oecuménisme, Fribourg (Suisse).
Manfred Hauke, prêtre allemand, spécialiste en mariologie, Lugano (Suisse).
James Keating, diacre, Omaha (États-Unis).
Angelo Lameri, prêtre du bureau liturgique de la CEI, Crema (Italie).
Rosalba Manes, bibliste, membre de l’Ordo Virginum, Viterbe (Italie).
Anne-Marie Pelletier, bibliste, Prix Ratzinger 2014, laïque, Paris (France).

C’est une commission « nouvelle » dans deux sens du terme: parce que les membres sont nouveaux et parce que l’objectif est nouveau. Il ne porte plus sur une étude historique sur les « diaconesses » mais sur ce que signifierait un « diaconat » au féminin.

Une première commission avait en effet été instituée en 2016, pour étudier le rôle des diaconesses dans l’Eglise primitive. En mai 2019, le résultat n’était « pas clair » pour le pape.

« Le pape François en avait longuement parlé lors d’une rencontre avec l’Union internationale des Supérieures générales (UISG) le 10 mai 2019, remettant aux religieuses le résultat des travaux de la commission, le définissant comme «un pas en avant», même si petit », souligne Radio Vatican en italien.

Et, à la fin du synode sur l’Amazonie, le 26 octobre 2019, le pape avait annoncé son intention de reprendre la recherche: « J’accueille la requête de re-convoquer la commission et de l’étendre peut-être à de nouveaux membres pour continuer d’étudier la façon dont existait le diaconat permanent dans l’Eglise primitive. Vous savez qu’on est arrivé à un accord entre tous, mais qui n’est pas très clair. J’ai remis cela aux religieuses, à l’Union générale des religieuses, qui m’avait demandé de faire la recherche, je leur ai remis et à présent, chacun des théologiens cherche, enquête. J’essaierai d’y travailler à nouveau avec la Congrégation pour la doctrine de la foi et d’insérer de nouvelles personnes dans cette Commission. Je relève le défi que vous avez lancé: «et qu’elles soient écoutées». Je relève le défi [applaudissements]. Certaines choses qui doivent être réformées sont apparues: l’Eglise doit toujours se réformer. »

Après six mois de réflexion, le pape a donc choisi de repartir avec une commission toute nouvelle.

Pour un style nouveau dans l’Eglise

Il existe actuellement deux types de diaconat, mais uniquement pour des hommes dans l’Eglise catholique latine: le diaconat comme une étape en vue du sacerdoce, avec option pour le célibat; et le diaconat permanent, soit dans le célibat, soit pour des hommes mariés, à condition que leurs femmes accordent leur consentement. Leur vocation est de « servir » comme l’indique leur nom. Dans la paroisse ce peut être le service de la parole (homélie) et le service de certains sacrements (baptêmes), ils peuvent aussi accompagner le rite des funérailles.

Le synode sur l’Amazonie avait proposé l’institutions de femmes diacres pour le service des communautés sans prêtres pendant des mois, mais le pape François n’a pas retenu cette possibilité dans son exhortation apostolique post-synodale faisant remarquer que le synode portait sur l’Amazonie, et que des questions comme le diaconat féminin relevait de toute l’Eglise.

Surtout, le pape François a invité à un style nouveau d’Eglise qui « intègre la femme en tant que figure de l’Église dans notre pensée », et pas seulement dans les structures, de façon aussi à « penser l’Eglise avec les catégories d’une femme ».

Le pape a, par exemple, voulu, en 2016, que la fête de sainte Marie-Madeleine, « apôtre des apôtres », fêtée le 22 juillet, soit élevée au même rang que celles des apôtres.

Parmi les signes d’un changement de style aussi, la publication du supplément mensuel féminin de L’Osservatore Romano: “Donne, Chiesa, Mondo”.

Et la participation des femmes aux synodes où leur voix est « entendue », mais elles n’ont pas actuellement droit de vote.

Nominations féminines au Vatican

Cependant le pape n’a pas attendu l’institution d’un « diaconat » pour favoriser dans l’Eglise la place de femmes dans les organes de décision: une tendance amorcée déjà par Jean-Paul II et Benoît XVI, voire prophétisée par Paul VI.

Deux femmes sont à la tête de deux grandes structures du Vatican: Barbara Jatta, directrice des Musées du Vatican, et Mariella Enoc, directrice de l’hôpital pédiatrique Bambino Gesù.

En janvier dernier, Francesca Di Giovanni, une laïque italienne, du Mouvement des Focolari, a été nommée par le pape François sous-secrétaire pour les Relations avec les États, donc, aux côtés du Secrétaire, Mgr Paul Richard Gallagher, au service de la diplomatie de la paix. Elle est en charge des rapports multilatéraux.

Depuis 2017 deux femmes sont « numéro trois » c’est-à-dire sous-secrétaires du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, Gabriella Gambino et Linda Ghisoni.

Auparavant, Flaminia Giovanelli avait été nommée sous-secrétaire du Conseil pontifical justice et paix par Benoît XVI puis sous-secrétaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral, par le pape François.

Une religieuse espagnole de Notre Dame de la Consolation, soeur Carmen Ros Nortes, a été nommée en 2018, comme sous-secrétaire du dicastère pour la vie consacrée.

Soeur Nicla Spezzati, des Adoratrices du Sang du Christ, avait déjà été nommée auparavant à ce rang par Benoît XVI en 2011.

En 2004, saint Jean-Paul II avait nommé sœur Enrica Rosanna, salésienne des Filles de Marie Auxiliatrice, également comme sous-secrétaire du dicastère pour la vie consacrée.

Mais la pionnière c’est Rosemary Goldie, une Australienne, première femme à avoir assumé un poste à responsabilité au Vatican: elle s’est éteinte à 94 ans, en 2010. Elle avait été nommée sous-secrétaire du Conseil pontifical pour les laïcs par Paul VI en 1966, charge qu’elle exercera jusqu’en 1976: elle passa quelque 50 ans au service de l’Eglise et des laïcs catholiques.

Un geste prophétique de Paul VI, dans la ligne du Message du concile Vatican II aux femmes, le 8 décembre 1965: « L’heure vient, l’heure est venue, où la vocation de la femme s’accomplit en plénitude, l’heure où la femme acquiert dans la cité une influence, un rayonnement, un pouvoir jamais atteints jusqu’ici. »

Au mois de mai, le diaconat sera l’intention de prière du pape François: « Prions pour les diacres, fidèles à leur charisme au service de la Parole et des pauvres, soient un signe stimulant pour toute l’Eglise. »

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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