Le livre d’Alain Desjonqueres « Jean-Marie Lustiger et le diaconat permanent », réunit des textes du cardinal Aron Jean-Marie Lustiger (1926-2007), ancien archevêque de Paris, et d’autres témoignages: il paraît ce 22 mars 2018 aux éditions Parole et Silence, indique le site de l’éditeur.
Le cardinal Lustiger n’a jamais écrit de traité sur le diaconat permanent, mais « a eu des idées très claires qui apparaissent notamment dans les homélies qu’il a prononcées lors des ordinations diaconales », explique l’éditeur: « Les témoignages recueillis dans cette étude le confirment. »
D’après les témoignages, le cardinal Lustiger, « avait des convictions très précises sur un certain nombre de points fondamentaux ». « En revanche, dans l’appel à des hommes à devenir diacres, la mise en œuvre du diaconat dans son diocèse, les responsabilités confiées à des diacres, il a manifesté un grand pragmatisme », précise la même source.
« Je voudrais, enfin, vous faire partager mon vif désir, a écrit le cardinal dans une lettre aux diacres permanents, le 14 juillet 1990 : que le nombre des diacres permanents à Paris s’accroisse encore. Je vous demande de prier pour les vocations diaconales et s’en évoquer la possibilité auprès de ceux qui pourraient y être appelés. »
L’auteur du livre est diacre permanent dans le diocèse de Paris, depuis son ordination le 4 avril 1992, et ancien secrétaire du Comité national du diaconat (CND).
***
Voici le texte de la première annonce aux parisiens d’une ordination diaconale, dans l’hebdomadaire « Paris Notre-Dame » (n° 152, 14 janvier 1987), l’essentiel sur ce qu’est un diacre tient en un paragraphe :
« Diacres permanents, ils recevront par l’imposition des mains de leur archevêque, une participation au sacrement de l’Ordre ‘non pas en vue du sacerdoce, mais en vue du service’. Serviteurs ‘de la liturgie de la Parole et de la charité’ (Conc. Vat. II, LG 29), ils sont envoyés pour l’annonce de l’Evangile avec des chrétiens de différentes paroisses et aumôneries de Paris. »
Le journal diocésain publiera dans le numéro suivant (Paris Notre-Dame n°153, 21 janvier 1987), toujours en référence aux ordinations diaconales du 24 janvier 1987 et en complément de l’annonce du cardinal, une note non signée sur le diaconat permanent. En voici de larges extraits :
Le diacre est ordonné pour le service de l’Eglise
En rétablissant le diaconat comme un « degré propre et permanent » du ministère ordonné et en permettant à des hommes mariés et exerçant une profession de le recevoir, le Concile Vatican II a voulu que soit à nouveau manifestée toute la richesse du sacrement de l’Ordre avec ses trois degrés, l’épiscopat, le presbytérat et le diaconat. Cette insistance sur le sacrement de l’Ordre vise à mieux pourvoir aux besoins de l’Eglise et à ouvrir de nouvelles possibilités pour la mission. Le rétablissement du diaconat permanent est donné comme un des moyens de répondre aux problèmes de notre temps et des temps à venir.
Dans l’histoire, le diaconat a connu des formes et des fonctions très diverses, mais aux différentes époques on peut relever une constante : le diacre est ordonné pour le service de l’Eglise. Il agit au nom de l’évêque qui l’ordonne et lui donne mission. Le caractère sacramentel de son ordination le fait entrer dans une relation spécifique avec le Christ prêtre. Par les actes de son ministère, le diacre manifeste comme l’évêque et le prêtre que l’Eglise ne se construit pas en fonction des capacités humaines de ses membres, mais par le don que le Christ lui fait sans cesse de lui-même.
Charité, liturgie, service pastoral
Le diacre participe aux trois charges pastorales de l’évêque [Enseigner, gouverner, sanctifier, ce que les théologiens nomment les tria munera]. Pour lui, cela se traduit par la charité, la liturgie et le service pastoral.
La charité : Depuis les temps apostoliques, l’Eglise a dû prendre soin de ses membres, en particulier des plus éprouvés : les malades et les pauvres. Cela a conduit les diacres à certaines époques à gérer les biens de l’Eglise, à prendre en charge la collecte et la redistribution. Ils gardent aujourd’hui cette fonction de charité.
La liturgie : L’Amour de Dieu pour les hommes qui anime le service de la charité est célébré par l’Eglise spécialement dans l’Eucharistie comme le ciment de la communion ecclésiale. Le service du diacre dans l’Eglise est indissociable de sa participation propre à l’Eucharistie. Il sert la célébration pour qu’elle se déroule convenablement pour le bien de tous et la gloire de Dieu. Depuis la rénovation du diaconat, l’Eglise donne au diacre un rôle dans la préparation et la célébration des baptêmes et des mariages, la célébration des obsèques et la liturgie des Heures.
Le service pastoral : Le diacre assiste l’évêque dans de multiples domaines de la vie pastorale : accompagnement d’équipes, groupes de réflexion, apostolat, l’expérience faisant constamment apparaître de nouveaux besoins.
L’exercice du ministère dans les conditions communes de l’existence
Les missions du diacre peuvent être diverses. Mais de façon habituelle, il ne peut se donner à son ministère à plein temps. C’est précisément une des chances offertes à l’activité apostolique de l’Eglise que de pouvoir ordonner des hommes qui vivront leur ministère dans les conditions communes de l’existence, profession et vie familiale. Le diacre n’a pas pour mission de remplacer le prêtre. Prêtre et diacre sont des ministères ordonnés pour être, chacun selon son ordination, les collaborateurs de l’évêque et l’assister dans l’accomplissement de la mission de l’Eglise.
Enfin, l’archevêque rappelle dans ce document initial les conditions pour que l’ordination soit possible : âge minimum de 35 ans pour un homme marié, accord de l’épouse, une durée minimale de trois ans pour le discernement et la formation.
© Parole et Silence
Jean-Marie Lustiger et le diaconat permanent @ Parole et Silence
«Jean-Marie Lustiger et le diaconat permanent», publication
Des textes réunis par A. Desjonquères