Centre sportif italien © Vatican Media

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Sport : le pape encourage à être "maître" et non esclave de ses limites

Voir dans l’adversaire « un ami et un frère » (Traduction intégrale)

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« Nous devons être maîtres de nos limites et non pas esclaves de nos limites », a déclaré le pape François devant 400 membres du Centre sportif italien (Centro Sportivo Italiano C.S.I.) qu’il a reçus ce 11 mai 2019 pour le 75e anniversaire de sa fondation.
« Quand vous affrontez une compétition, leur a-t-il dit dans son discours, vous apprenez que les règles sont essentielles pour vivre ensemble ; que le bonheur ne se trouve pas dans le dérèglement, mais dans la poursuite de ses objectifs avec fidélité ; et vous apprenez aussi que l’on ne se sent pas plus libre quand il n’y a pas de limites, mais quand avec ses limites, l’on donne le maximum. »
Le sport, a poursuivi le pape « fait grandir les personnes », et il « peut favoriser une culture du dialogue et de la rencontre respectueuse ». Il a plaidé pour « un sain esprit de compétition, qui voie toujours dans l’adversaire aussi un ami et un frère ».
Fondé en 1906, dissout sous Mussolini en 1927 et reconstitué en 1944, le CSI rassemble plus de 12.000 sociétés affiliées dans tous les diocèses d’Italie, soit 40.000 équipes mise sur pied grâce au bénévolat de 130.000 entraîneurs, arbitres, animateurs et dirigeants. Il promeut le sport comme moment d’éducation, de croissance, d’engagement et d’agrégation sociale, s’inspirant de la vision chrétienne de l’homme. Vision, leur a dit le pape, qui signifie « apprendre à regarder les autres et les choses avec les yeux mêmes de Dieu ».
« Puissiez-vous être porteurs d’espérance dans tous les milieux de vie où vous vous trouvez, a-t-il souhaité aux jeunes sportifs ; et rester toujours proches de celui qui parmi vous est plus faible à cause d’un handicap, afin qu’il participe aux diverses activités avec les autres et qu’il ne se sente jamais exclu. »
Enfin, le pape a défendu la pratique du sport en amateur : « C’est très important, parce que vous protégez la gratuité, la gratuité d’être, de se donner. »
Voici notre traduction du discours que le pape a prononcé.
Discours du pape François 
Chers amis du Centre sportif italien !
Je suis heureux de vous voir aujourd’hui, ou plutôt de vous revoir, après notre rencontre d’il y a cinq ans, dont je garde un beau souvenir. Je salue votre président, que je remercie pour ses paroles, et les dirigeants. Et je vous salue tous, jeunes gens et jeunes filles, vos entraîneurs, les arbitres et les éducateurs. Vous êtes en train de fêter le 75e anniversaire de votre association, qui compte plus d’un million deux-cent mille adhérents, et qui rassemble de très nombreuses sociétés et associations sportives, au-delà des inscrits et des groupes sportifs paroissiaux qui vous sont affiliés, présents dans toutes les régions d’Italie.
Les compétitions et les activités que vous organisez, dédiées en particulier aux plus jeunes, mais ouvertes à tous les âges, embrassent un grand nombre de disciplines, plus d’une centaine ! Je ne pourrais pas reconnaître une si grande quantité de disciplines, et cela me laisse imaginer la variété de vos propositions et l’immense créativité du monde du sport, où chacun peut trouver la spécialité vers laquelle il se sent porté.
C’est à travers ce grand engagement d’animation sportive que le Centre sportif italien poursuit sa mission, celle d’offrir aux jeunes, à travers le sport, un style de vie sain et positif, fondé sur la vision chrétienne de la personne et de la société. Le sport, en effet, est une grande école, à condition qu’il se vive dans le contrôle de soi et dans le respect de l’autre, dans un engagement pour s’améliorer qui enseigne le dévouement et la constance, et dans un esprit de compétition qui ne fasse pas perdre le sourire et entraîne aussi à accepter les défaites.
L’une des grandes leçons du sport, qui nous aide aussi à affronter la fatigue quotidienne de l’étude et du travail ainsi que des relations avec les autres, est que l’on peut se divertir seulement dans un cadre de règles bien précises. En effet, si lors d’une compétition quelqu’un refusait de respecter la règle du hors-jeu, ou partait avant le “partez”, ou si un slalomeur sautait quelques fanions, il n’y aurait plus de compétition, mais seulement des prestations individuelles et désordonnées. Au contraire, quand vous affrontez une compétition, vous apprenez que les règles sont essentielles pour vivre ensemble ; que le bonheur ne se trouve pas dans le dérèglement, mais dans la poursuite de ses objectifs avec fidélité ; et vous apprenez aussi que l’on ne se sent pas plus libre quand il n’y a pas de limites, mais quand avec ses limites, l’on donne le maximum. Nous devons être maîtres de nos limites et non pas esclaves de nos limites.
Voilà les horizons que nous ouvre le monde du sport, et nombreuses sont les conséquences bénéfiques, pour vous-mêmes et pour toute la société, d’une pratique sportive vécue comme occasion d’agrégation, de croissance et de fraternité. C’est pourquoi, dans vos Statuts, l’on dit que le Centre sportif italien entend témoigner de la valeur du sport comme instrument pour promouvoir l’accueil, la santé, le travail, l’égalité d’opportunités, la protection de l’environnement, la protection de l’enfance et de l’adolescence, la cohésion et l’intégration sociale (cf. Préambule).
Je pourrais vous demander comment vous pouvez espérer que le sport soit l’instrument pour résoudre tant de problèmes, et pour réaliser une transformation si profonde de notre société. Nous pouvons répondre que le sport peut le faire parce qu’il fait grandir les personnes, et qu’il peut favoriser une culture du dialogue et de la rencontre respectueuse. La lutte avec les adversaires, dans les compétitions sportives, est toujours définie “rencontre”, et jamais “confrontation”, parce qu’à la fin, même s’il est mieux de gagner, dans un certain sens les deux gagnent. C’est le monde dont nous rêvons, et que nous voulons construire avec détermination, sur la base d’un sain esprit de compétition, qui voie toujours dans l’adversaire aussi un ami et un frère.
C’est le cœur de la vision chrétienne de l’homme, qui pour vous est aussi la base de l’activité sportive. Par cette attitude, avec ce cœur si élargi, toute activité sportive peut être appelée jeu, jouer. Les enfants jouent ; le jeu est l’activité de la joie, toujours. C’est seulement à partir de cette base que nous pouvons poursuivre de hauts et beaux idéaux. Peut-être, vous les jeunes, que vous me demanderez : “Père, quelle est cette vision chrétienne de la vie que vous nous proposez ? C’est peut-être un principe abstrait, ou un concept qui ne peut se comprendre qu’après avoir beaucoup étudié ?”. Non ! Cela ne s’étudie pas ! La vision chrétienne signifie apprendre à regarder les autres et les choses avec les yeux mêmes de Dieu : avec les yeux de Dieu, les yeux par lesquels Dieu me regarde ; voir comme voyait Jésus, voir comme voyait Dieu. Cela veut dire écouter ses paroles pour comprendre ses sentiments et chercher à imiter ses gestes. Soyez-en certains : de l’Evangile naît un monde plus beau et plus juste, dans lequel la diversité des autres n’est pas motif de division, mais de croissance et d’aide mutuelle.
Je vous encourage à vivre avec cet esprit dans les oratoires et dans les paroisses où vous œuvrez, et à protéger la foi qui vous est donnée, qui est le bien le plus précieux pour votre vie. Puissiez-vous être toujours reconnaissants envers ceux qui vous éduquent et qui vous accompagnent, vos entraîneurs, vos éducateurs, vos parents et vos familles. Puissiez-vous être porteurs d’espérance dans tous les milieux de vie où vous vous trouvez ; et rester toujours proches de celui qui parmi vous est plus faible à cause d’un handicap, afin qu’il participe aux diverses activités avec les autres et qu’il ne se sente jamais exclu. Puissiez-vous aussi accompagner, par votre amitié et votre soutien concret, tous ceux qui parmi vous se dédient aux projets de volontariat sportif international, que vous êtes en train de réaliser dans divers pays et qui représentent un signe précieux pour notre temps. C’est la gratuité. Votre activité doit toujours être inspirée par la gratuité : donner ! Et pour cela il est important de défendre la dimension d’amateurisme dans le sport. C’est très important, parce que vous protégez la gratuité, la gratuité d’être, de se donner.
Je vous souhaite de toujours vivre avec joie votre vie associative et de devenir vous aussi missionnaires dans les milieux que vous fréquentez, en transmettant la joie de s’améliorer chaque jour et en tendant toujours votre main amicale à ceux qui vous entourent. Que le Seigneur bénisse votre chemin, et le mien. Et vous, priez pour moi, et je prie pour vous. Merci !
Traduction de Zenit, Anne Kurian

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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