Le Saint-Père lors de la commémoration de tous les fidèles défunts au cimetière Laurentino de Rome © Vatican Media

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L’amour de Dieu libère de la mort

Homélie du pape François lors de la messe en mémoire des cardinaux et évêques décédés

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Ce lundi 4 novembre à 11 heures, en la basilique vaticane, le Saint-Père a présidé la messe de suffrage à l’intention des cardinaux et évêques décédés au cours de l’année.

Nous publions ci-dessous l’homélie intégrale que le pape a prononcée après la proclamation de l’Évangile.

 

« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23, 42). Ce sont les dernières paroles adressées au Seigneur par l’un des deux crucifiés avec Lui. Ce n’est pas un disciple qui les prononce, l’un de ceux qui ont suivi Jésus sur les routes de Galilée et qui ont partagé le pain avec Lui lors de la dernière Cène. L’homme qui s’adresse au Seigneur est au contraire un malfaiteur. Un homme qui ne le rencontre qu’à la fin de sa vie, un homme dont nous ne connaissons même pas le nom.

Les dernières respirations de cet étranger deviennent cependant, dans l’Évangile, un dialogue plein de vérité. Alors que Jésus est « compté avec les pécheurs » (Is 53, 12), comme l’avait prophétisé Isaïe, une voix inattendue s’élève pour dire : « Après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais Lui, il n’a rien fait de mal » (Lc 23, 41). C’est bien le cas. Et ce condamné nous représente tous, nous pouvons lui dire notre nom, nous pouvons lui donner notre nom. Surtout, nous pouvons faire nôtre son appel : “Jésus, souviens-toi de moi”. Garde moi vivant dans ta mémoire. “Ne m’oublie pas”.

Méditons sur cet acte : souviens-toi, se souvenir. Se souvenir signifie “ramener au cœur”, remettre dans le cœur. Cet homme, crucifié avec Jésus, transforme une douleur extrême en prière : “Prends-moi dans ton cœur, Jésus”. Et il ne le demande pas d’une voix angoissée, celle d’un perdant, mais d’un ton rempli d’espérance. Et c’est tout ce que désire le coupable qui meurt comme disciple de la dernière heure : il cherche un cœur accueillant. Et c’est tout ce qui compte pour lui, maintenant qu’il est nu devant la mort. Et le Seigneur entend la prière du pécheur, jusqu’au bout, comme toujours. Transpercé par la douleur, le cœur du Christ s’ouvre pour sauver le monde – un cœur ouvert, non fermé – : Il accueille, mourant, la voix de ceux qui meurent. Jésus meurt avec nous, parce qu’Il meurt pour nous. Il meurt avec nous, parce qu’Il meurt pour nous

À l’appel du coupable crucifié répond le Crucifié innocent : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (Lc 23, 43). Le souvenir de Jésus est efficace, la mémoire de Jésus est efficace parce qu’il est riche en miséricorde ; c’est pour cela qu’il est efficace. Alors que la vie de l’homme s’éteint, l’amour de Dieu libère de la mort. Alors le condamné est racheté ; l’étranger devient un compagnon ; une brève rencontre sur la croix se prolonge pour toujours dans la paix. Cela nous fait réfléchir un peu. Comment est-ce que je rencontre Jésus ? Ou mieux encore, comment est-ce que je me laisse rencontrer par Jésus ? Est-ce que je me laisse rencontrer ou est-ce que je m’enferme dans mon égoïsme, dans ma souffrance, dans ma suffisance ? Est-ce que je me sens pécheur pour me laisser rencontrer par le Seigneur, ou est-ce que je me sens juste et je dis : « Tu ne me sers à rien. Continue » ?

Jésus se souvient de celui qui est crucifié à côté de lui. Son attention, jusqu’au dernier souffle, nous fait réfléchir : il y a des façons et des manières de se souvenir des personnes et des choses. On peut se souvenir des torts, se rappeler les comptes en suspens, se souvenir des amis et des adversaires. Frères et sœurs, demandons-nous aujourd’hui, devant cette scène de l’Évangile : comment sont les personnes dans notre cœur ? Comment nous souvenons-nous de ceux qui passent à nos côtés au cours des événements de la vie ? Est-ce que je juge ? Est-ce que je divise ? Est-ce que j’accueille ?

Chers frères, en se tournant vers le cœur de Dieu, les hommes d’aujourd’hui comme de tous les temps peuvent espérer le salut, même si « aux yeux de l’insensé, ils ont paru mourir » (Sg 3, 2). En effet, la mémoire du Seigneur conserve toute l’histoire. La mémoire est gardienne. Il en est le juge compatissant et riche en miséricorde. Le Seigneur est proche de nous en tant que juge ; il est proche, compatissant et miséricordieux. Ce sont les trois attitudes du Seigneur. Suis-je proche des gens ? Ai-je un cœur compatissant ? Suis-je miséricordieux ? C’est avec cette foi que nous prions pour les Cardinaux et les Évêques décédés au cours des douze derniers mois. Aujourd’hui, notre souvenir devient suffrage pour ces frères qui sont les nôtres. Membres élus du peuple de Dieu, ils ont été baptisés dans la mort du Christ (cf. Rm 6, 3), pour ressusciter avec Lui. Ils ont été bergers et modèles du troupeau du Seigneur (cf. 1 P 5, 3) : qu’ils puissent s’assoir maintenant à sa table, après avoir rompu sur terre le Pain de vie. Ils ont aimé l’Église, chacun à sa manière mais tous ont aimé l’Église : prions pour qu’ils puissent jouir de la compagnie éternelle des saints. Et nous, attendons, avec une ferme espérance, de nous réjouir avec eux au Paradis. Et je vous invite à dire trois fois avec moi : « Jésus, souviens-toi de nous !». Tous. « Jésus, souviens-toi de nous !», « Jésus, souviens-toi de nous !», « Jésus, souviens-toi de nous !».

 

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Pape François

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