Nous publions ci-dessous les discours de Son Eminence le cardinal Michael Czerny, S.I. et de S.E. Monseigneur Vittorio Francesco Viola, O.F.M. à l’occasion de la Conférence de presse pour la présentation du nouveau formulaire de la Missa « pro custodia creationis » qui a eu lieu le 3 juillet 2025 à Rome au Bureau de presse du Saint-Siège, Via delle Conciliazione, 54. Cette messe sera ajoutée aux messes « pro variis necessitatibus vel ad diversa » du Missel romain.
Intervention du card. Michael Czerny, S.I., Préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral
Résumé : Dans le Missel romain, il existe 49 messes et prières pour des besoins et circonstances diverses. Vingt sont destinées à l’Église, dix-sept aux besoins civils, et douze à diverses occasions. Parmi les formulaires “pour les besoins civils”, nous avons la joie aujourd’hui de présenter une “Messe pour la sauvegarde de la création” (Missa pro custodia creationis), en réponse aux demandes exprimées dans Laudato si’.
Au cours des dernières décennies, l’Église n’a cessé d’affirmer la « responsabilité mutuelle entre les êtres humains et la nature » (LS 67). Il y a trente-cinq ans, le pape saint Jean-Paul II publiait son message révolutionnaire pour la Journée mondiale de la paix de 1990 : « Paix avec Dieu Créateur, paix avec toute la Création ». Et il y a dix ans, le pape François publiait son encyclique encore plus marquante, Laudato si’: sur la sauvegarde de la maison commune.
Rendons grâce à Dieu notre Créateur pour ce nouveau formulaire de prières pour la messe ; qu’il nous aide à apprendre à prendre soin de son immense don. Le pape Léon XIV l’utilisera la semaine prochaine lors d’une messe célébrée au Borgo Laudato si’, à Castel Gandolfo. Conformément aux normes liturgiques, ce formulaire peut être utilisé pour demander à Dieu la grâce de prendre soin de la création.
La création n’est pas un thème ajouté à la liturgie catholique : elle y est toujours déjà présente. Dans la célébration eucharistique, « tout le cosmos rend grâce à Dieu… L’Eucharistie unit le ciel et la terre ; elle embrasse et pénètre toute la création » (Laudato si’, 236).
À chaque messe, nous bénissons Dieu pour le pain et le vin que nous recevons : ils sont à la fois « fruit de la terre… fruit de la vigne… et œuvre des mains humaines ». Et chaque dimanche et jour de fête, notre proclamation de foi commence par : « Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre ». Le don de la vie par Dieu, dès l’origine, trouve son accomplissement dans la vie, la passion, la mort et la résurrection du Christ.
La Missa pro custodia creationis commence par :
« Les cieux proclament la gloire de Dieu ; le firmament annonce l’œuvre de ses mains » (Psaume 18,2).
L’Évangile évoque « les lys des champs et les oiseaux du ciel » (Matthieu 6,24-34), ou bien le récit de Jésus calmant la tempête (Matthieu 8,23-27).
Avec cette messe, l’Église offre un soutien liturgique, spirituel et communautaire pour la sauvegarde de la nature, notre maison commune. Un tel service est un grand acte de foi, d’espérance et de charité.
Cette messe est une source de joie. Elle accroît notre gratitude, fortifie notre foi et nous invite à répondre avec soin et amour, dans un esprit croissant d’émerveillement, de respect et de responsabilité. Elle nous appelle à être des intendants fidèles de ce que Dieu nous a confié — non seulement par nos choix quotidiens et nos politiques publiques, mais aussi dans notre prière, notre culte et notre manière de vivre dans le monde.
Intervention de S.E. Monseigneur Vittorio Francesco Viola, O.F.M., Secrétaire du Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements.
La création dans la liturgie
Résumé : Dans l’encyclique Laudato si’ (24 mai 2015), le pape François a attiré l’attention de tous — croyants et non-croyants — sur le soin à apporter à notre maison commune. Ce thème a été repris dans l’exhortation apostolique Laudate Deum(4 octobre 2023), consacrée à la crise climatique.
Le mystère pascal se rend présent dans toute notre liturgie sacrée. Chaque moment de l’année liturgique célèbre la rédemption, le renouvellement et l’accomplissement final de la création dans la Pâque du Seigneur.
En vérité, dans la commémoration annuelle de Pâques et à chaque dimanche, dans chaque célébration eucharistique (notamment lors de la présentation des dons), dans les Rogations, les Quatre Temps, ainsi que dans les sacrements, la liturgie contemple l’action créatrice de Dieu à la lumière de l’histoire du salut.
À cette richesse déjà présente dans la liturgie concernant le mystère de la création, s’ajoute désormais la Missa pro custodia creationis, désormais incluse dans le Missel romain, édition typique tertia (2008), avec l’approbation du pape Léon. Elle figure dans la section Missæ et Orationes pro variis necessitatibus vel ad diversa, partie II Pro circumstantiis publicis, et son usage est régi par le chapitre VII de l’Institutio Generalis Missalis Romani ainsi que ses propres rubriques (p. 1074).
Un formulaire pour la Messe de la sauvegarde de la création
Le titre de cette nouvelle messe s’inspire de l’herméneutique biblique propre à laquelle le pape François nous appelle. Au n° 67 de Laudato si’, on lit :
« “Cultiver” signifie labourer ou travailler, tandis que “garder” veut dire prendre soin, protéger, surveiller et préserver. Cela implique une relation de responsabilité mutuelle entre l’être humain et la nature. »
Le verset 2 du psaume 18(19), choisi comme antienne d’ouverture, exprime l’émerveillement devant la manière dont la création reflète la gloire de Dieu. Sans cet émerveillement, écrit le pape François, « notre attitude sera celle de maîtres, de consommateurs, d’exploiteurs impitoyables » (LS 11).
La prière d’ouverture (collecte) résume la théologie de la création : le Christ est le premier-né de toute créature ; le Père appelle toute chose à l’existence ; l’humanité est appelée à protéger son œuvre.
La prière sur les offrandes reprend et amplifie les paroles de la présentation des dons, résumant les concepts théologiques qui inspirent notre contemplation liturgique de la création : l’histoire du salut, dont la création est le fondement, culmine dans la Pâque du Seigneur ; la liturgie rend présent le mystère pascal de façon sacramentelle ; la matière créée (pain, vin, huile, eau…) atteint sa pleine signification dans l’action liturgique.
L’antienne de communion (Ps 97,3) — « Tous les confins de la terre ont vu le salut de notre Dieu » — accompagne l’assemblée nourrie à la table eucharistique et contemplant l’œuvre du salut qui unit l’humanité à toutes les créatures.
La prière après la communion est inspirée du n° 66 de Laudato si’, où le pape François rappelle les trois relations fondamentales et intimement liées : avec Dieu, avec le prochain, et avec la terre elle-même — relations brisées par le péché.
La communion avec Dieu, le prochain et la terre est nourrie par l’Eucharistie, le sacrement de l’unité, et tend vers son accomplissement ultime, vers cette plénitude de la communion où « tout sera nouveau ». L’harmonie avec toutes les créatures, que nous voyons en saint François d’Assise, ne peut surgir que d’une expérience de réconciliation avec Dieu et avec les autres.
Lectures bibliques de la Missa pro custodia creationis
-
La Sagesse invite à voir la beauté du Créateur à travers ses créatures.
-
Le Psaume chante la gloire de Dieu avec la création.
-
L’hymne de la lettre aux Colossiens propose une lecture christologique de la création.
-
Les Évangiles :
-
Matthieu 6,24-34 : « Regardez les oiseaux du ciel… Cherchez d’abord le Royaume de Dieu ».
-
Matthieu 8,23-27 : « Jésus menaça les vents et la mer, et il se fit un grand calme ».
-
Ces textes constituent une invitation à adopter une lecture corrigée de la Bible, comme le propose Laudato si’ 67. Sans cela, on risque d’encourager un « anthropocentrisme dévié » (LS 69).
Conclusion
La Missa pro custodia creationis reprend certains des thèmes centraux de Laudato si’ et les exprime dans une forme de prière, enracinée dans la théologie de l’encyclique. Ce formulaire liturgique est un antidote contre certaines lectures réductrices de Laudato si’, qui risqueraient d’en faire une « écologie superficielle » (LS 59), loin de l’écologie intégrale promue par le texte (cf. chap. IV).
Traduction de l’original en anglais réalisée par ZENIT