Son Excellence, le Pro-préfet du Dicastère pour l'évangélisation, Mgr Rino Fisichella; le maire de Rome, Roberto Gualtieri © Dicastère pour l'évangélisation

Son Excellence, le Pro-préfet du Dicastère pour l'évangélisation, Mgr Rino Fisichella; le maire de Rome, Roberto Gualtieri © Dicastère pour l'évangélisation

Tourisme et transformation durable

Message du Dicastère pour l’évangélisation à l’occasion de la Journée mondiale du tourisme 2025

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Lundi 26 mai 2025

Nous publions ci-dessous le message que S.E. Mgr Rino Fisichella, pro-préfet du Dicastère pour l’évangélisation, Section pour les questions fondamentales de l’évangélisation dans le monde, a envoyé à l’occasion de la 46e Journée mondiale du tourisme qui sera célébrée le 27 septembre 2025 sur le thème « Tourisme et transformation durable ».

Message

Tourisme et transformation durable

  1. La beauté de la création et le patrimoine culturel de l’humanité nous enseignent à lire les signes de la sagesse de Dieu. Dans cette perspective, le tourisme est aussi une occasion de croissance, de rencontre et de connaissance réciproque: tandis qu’il enrichit les relations entre les peuples, l’expérience du voyage invite chacun à prendre soin de la maison commune.

             « Tourisme et transformation durable » est le binôme choisi par l’Organisation mondiale du tourisme pour la prochaine Journée mondiale du tourisme, qui aura lieu le 27 septembre 2025. Le lien ainsi exprimé est visionnaire et trouve un écho significatif dans l’encyclique Laudato si’ du pape François, qui affirme: «Le défi urgent de protéger notre maison commune comprend la préoccupation d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et intégral» (n. 13).

Cette attitude de sauvegarde concerne aussi le tourisme: chaque année, en effet, le nombre de personnes qui se déplacent à travers le monde pour les buts les plus disparates et avec divers moyens de transport augmente. Cette mobilité globale nécessite une utilisation des ressources qui a un impact considérable sur la santé des personnes et sur la nature. Tandis que grandit la conscience d’habiter un monde qui devient de plus en plus petit précisément en raison de la mobilité, il est important d’entrer dans l’horizon de la transformation durable également pour les opérateurs du tourisme. L’ampleur des ressources sur le terrain peut permettre de trouver des outils plus cohérents pour faciliter le transport et la santé des passagers. Par ailleurs, le touriste lui-même apprécie les situations qui respectent la durabilité de l’environnement. Le souci et le soin de la création requièrent donc la responsabilité personnelle et collective, pour que rien ne soit perdu de ce que nous avons reçu.Ensemble, dans la création

  1. Partir en voyage stimule le développement d’une vision plus large de la réalité; favorise la contemplation de la beauté naturelle et artistique présente dans tous les coins du monde. Le tourisme est aussi une occasion de rencontre entre les personnes et peut permettre d’améliorer la relation entre les peuples en  favorisant le respect mutuel et la solidarité. On ne peut donc pas négliger le grand impact relationnel que le tourisme renferme et qui prend des aspects encore plus profonds quand la destination est un lieu sacré. Pendant qu’ils redonnent des forces à leur corps et à leur esprit, en effet, les touristes peuvent trouver une édification particulière dans les sanctuaires, en méditant à la fois sur leur propre chemin de foi, et leur engagement pour le développement durable qui embrasse désormais de grands espaces de la vie sociale. Pensons au bien précieux de l’eau et de sa consommation. Ceux qui admirent les grandes cascades, par exemple, devraient réfléchir au fait que l’eau n’est pas notre propriété exclusive: c’est un bien qui nous a été donné et comme tel demande respect et protection. Nous souhaitons donc à ceux qui auront quelques jours de repos à la mer ou à la montagne d’apprécier la valeur de l’eau, considérant la valeur d’un bien qui ne peut être gaspillé ou, pire encore, pollué. Et que cette prise de conscience conduise à des modes de vie plus sages dans l’utilisation quotidienne de cette ressource.

L’utilisation durable ne concerne évidemment pas seulement l’eau, mais s’étend à de nombreux autres éléments qui permettent l’existence d’un écosystème: puisque nous sommes tous des hôtes, nous ne pouvons pas déléguer le soin de l’environnement commun à quelques-uns qui comprennent la problématique de sa conservation et le caractère dramatique du moment historique. Il faut l’engagement de tous, spécialement des chrétiens, qui reconnaissent dans la nature «l’expression d’un dessein d’amour et de vérité. Elle nous précède et Dieu nous l’a donnée comme milieu de vie. Elle nous parle du Créateur et de son amour pour l’humanité» (Benoît XVI, Lett. enc. Caritas in veritate, 48). De cet amour nous sommes témoins aussi comme touristes, pendant que nous bénéficions d’un monde merveilleux, que justement pour cela nous devons garder intact.

La justice nécessaire
  1. A la lumière du développement durable, l’expérience du tourisme fait également ressortir le thème de la justice. Il est inévitable que l’augmentation du nombre des voyageurs doive trouver une correspondance dans les offres disponibles pour eux. Les tour-opérateurs pourraient alors succomber à la tentation de faire du tourisme un objet de spéculation. Les mauvais exemples, malheureusement, sont nombreux et suscitent pas mal de perplexité. La croissance disproportionnée des touristes dans certains endroits a conduit les autorités à mettre des limites aux entrées. Les habitants se plaignent même au point de vouloir fermer la porte aux touristes. Certes, la surpopulation de certaines localités pose de sérieux problèmes, mais on peut les prévenir par des interventions opportunes et en utilisant aussi les outils que la technologie nous offre. Ce sont les toutistes eux-mêmes qui demandent à être protégés, tandis que des projets sont étudiés pour favoriser leur augmentation.

  Un problème similaire se pose pour la demande de personnel de service. A cet égard, il faut bien   garder à l’esprit que «le juste salaire est le fruit légitime du travail» et donc «l’accord des parties n’est pas suffisant pour justifier moralement le montant du salaire» (Catéchisme de l’Eglise catholique, 2434).

La précarité, à laquelle les jeunes sont souvent soumis, n’est jamais source d’un avenir durable. La justice ne peut être éclipsée par la soif de profit ni par des conditions qui portent atteinte à la dignité du travailleur. Une vraie justice devient un soutien pour combattre la pauvreté et pour aider les gens à exprimer leurs capacités professionnelles.

Ce que l’on trouve plutôt semble être le désir du pur profit, réalisé à la hâte sans beaucoup d’effort: cette frénésie étourdit et conduit à des solutions qui humilient les employés, les touristes et les opérateurs eux-mêmes. Comme l’observait le pape François, « la qualité réelle de vie des personnes diminue souvent – à cause de la détérioration de l’environnement, de la mauvaise qualité des produits alimentaires eux-mêmes ou de l’épuisement de certaines ressources – dans un contexte de croissance économique. Dans ce cadre, le discours de la croissance durable devient souvent un moyen de diversion et de justification qui enferme les valeurs du discours écologique dans la logique des finances et de la technocratie; la responsabilité sociale et environnementale des entreprises se réduit d’ordinaire à une série d’actions de marketing  et  d’image» (Lett enc. Laudato si’, 194). Au contraire, la véritable promotion du tourisme  s’accompagne toujours de bonnes pratiques de justice sociale et de respect de l’environnement.

Le Jubilé et les signes d’espérance
  1. La communauté chrétienne non seulement participe directement au tourisme, mais elle en est souvent l’artisan à travers un réseau de services créés pour exprimer l’hospitalité aux pèlerins et aux touristes. Il est du devoir des responsables des sanctuaires de veiller attentivement afin que ces lieux restent des espaces sacrés d’authentique spiritualité, où le coeur trouve réconfort, et la réflexion sur les questions humaines de fond est favorisée dans le silence, la prière et le dialogue avec des hommes et des femmes de Dieu. A cet égard, la préparation des prêtres et des agents pastoraux qui ont la responsabilité des sanctuaires est une exigence qui ne peut être négligée. Ces oasis de paix et de sérénité sont une ressource précieuse et peuvent devenir une école de vie qui, à travers le patrimoine spirituel ancien et toujours actuel, aide à regarder avec confiance vers l’avenir.

Il est bon que, comme les sanctuaires, les communautés paroissiales, surtout celles qui sont traditionnellement des lieux de tourisme, s’ouvrent aux demandes d’un style durable, contribuant à préparer un avenir prometteur pour les jeunes générations. L’engagement pour la sauvegarde de la création commence par l’attention aux petites choses: c’est à partir de là que nous pouvons faire les premiers pas pour assumer cette «dette écologique» qui implique toute l’humanité. En cette Année jubilaire, nous souhaitons donc que ceux qui travaillent dans le secteur du tourisme expriment des gestes concrets qui rendent tangible l’espérance chrétienne, en investissant dans l’utilisation durable des ressources naturelles et structurelles à notre disposition.

Dans cette perspective, Rome accueillera du 16 au 19 octobre prochain, le IXe Congrès mondial de la Pastorale du tourisme: ce sera une occasion importante de réfléchir ensemble sur ces thèmes et sur l’engagement que l’Eglise veut entreprendre, afin que le tourisme puisse également se développer comme instrument d’évangélisation et de promotion humaine.

Le 26 mai 2025, mémoire de Saint Philippe Néri

+ Rino Fisichella pro-préfet

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Rédaction Zenit

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