Des données récemment publiées dans le manuel de référence historique du Bundestag montrent que plus de 48 % des députés en exercice ont déclaré leur appartenance à l’Église catholique ou protestante, soit plus que la population générale, où ces deux confessions chrétiennes ne représentent qu’un peu plus de 45 % à elles deux.
– À une époque où l’appartenance religieuse ne cesse de décliner dans une grande partie de l’Europe, le parlement fédéral allemand révèle une tendance différente. Malgré une tendance évidente à la laïcité dans la population générale, les membres du Bundestag restent ancrés de manière disproportionnée dans la tradition chrétienne.
Des données récemment publiées dans le manuel de référence historique du Bundestag montrent que plus de 48 % des députés en exercice ont déclaré leur appartenance à l’Église catholique ou protestante, ce qui est supérieur à la population générale, où ces deux confessions chrétiennes représentent un peu plus de 45 % à elles deux. Les catholiques représentent 26,1 % des députés, contre 22,7 % pour les protestants. En revanche, les statistiques nationales indiquent que 23,7 % des citoyens sont catholiques et 21,5 % protestants.
Cet alignement entre la foi et la fonction législative soulève des questions sur l’influence continue de la religion dans une société en voie de sécularisation et sur la manière dont cette influence est répartie dans l’éventail politique complexe de l’Allemagne.
Le bloc chrétien-démocrate (CDU/CSU), enraciné dans une tradition d’inspiration religieuse d’après-guerre, se distingue comme on pouvait s’y attendre : 84,6 % de ses 208 membres s’identifient comme chrétiens : plus de la moitié comme catholiques et près d’un tiers comme protestants. Ce profil spirituel contraste fortement avec celui de la gauche (Die Linke), où l’affiliation religieuse est minimale. Sur ses 64 députés, moins de 11 % s’identifient au christianisme et près de 58 % n’ont fourni aucune information religieuse.
L’auto-identification religieuse est volontaire parmi les députés, et environ un tiers d’entre eux (32,5 %) ont choisi de ne pas divulguer leur affiliation. Cela n’indique pas nécessairement un manque de croyance ou d’affiliation, mais cela introduit une certaine ambiguïté dans les statistiques. Le nombre réel de députés religieux pourrait être plus élevé, bien que ce groupe silencieux puisse également refléter une tendance croissante à la laïcité personnelle au sein de l’élite politique allemande.
Les sociaux-démocrates (SPD) présentent un tableau religieux plus modéré : un peu plus de la moitié de leurs députés sont affiliés au catholicisme ou au protestantisme, les protestants ayant une légère avance. Les Verts, souvent associés à une laïcité progressiste, présentent également un tableau contrasté : si 30,6 % d’entre eux ont déclaré leur appartenance chrétienne, un pourcentage étonnant de 40 % n’a pas fourni de données, ce qui met en évidence un changement générationnel et culturel dans les valeurs.
Il est surprenant de constater que même le parti populiste de droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui invoque souvent l’identité chrétienne dans sa rhétorique, ne s’identifie que faiblement à la religion. Près de la moitié de ses députés n’ont donné aucune information sur leur religion ; seuls 13,2 % se sont identifiés comme catholiques et un peu plus de 9 % comme protestants.
L’islam, quant à lui, reste nettement sous-représenté au Bundestag, malgré le nombre croissant de musulmans en Allemagne. Seuls six députés s’identifient comme musulmans : quatre des Verts et deux du SPD. Bien que modeste, cette représentation marque un progrès dans la visibilité du plus grand groupe religieux non chrétien du pays.
Qu’est-ce que cela nous apprend ? En apparence, la religion conserve une empreinte visible dans la vie politique allemande, mais elle est de plus en plus inégale. Chez les conservateurs, la foi reste un pilier culturel ; chez les progressistes, elle devient plus privée, plus nuancée, voire omise. Les données montrent que l’identité religieuse en politique n’a pas disparu, mais qu’elle est devenue plus fragmentée et, dans certains cas, plus stratégiquement exprimée.
Il reste à voir si cela reflète des changements plus larges dans la société allemande ou simplement les particularités démographiques de cette législature. Mais une chose est claire : même dans les salles raffinées du Reichstag à Berlin, la religion continue de chuchoter son influence, même si c’est de moins en moins fort et pas toujours à l’unisson.