Le débat sur la publication des noms des membres du clergé accusés reste profondément divisé - Image illustrative © Diocèse de Vitoria

Le débat sur la publication des noms des membres du clergé accusés reste profondément divisé - Image illustrative © Diocèse de Vitoria

Le Vatican déconseille la publication de listes de clercs accusés d’abus sexuels

En voici les raisons

Share this Entry

 

Dans une décision susceptible de susciter la controverse, le Dicastère des textes législatifs du Vatican a publié une nouvelle réponse indiquant que le droit canonique décourage les diocèses de publier des listes de clercs qui ont été « accusés de manière crédible » d’abus sexuels. La directive, publiée en ligne le 22 février 2025, fait suite à une lettre d’un évêque anonyme demandant des éclaircissements sur la question.

Le dicastère, qui supervise les interprétations juridiques de l’Église universelle, a averti que de telles listes publiques pourraient violer les droits juridiques fondamentaux. Tout en reconnaissant le devoir de l’Église de protéger les communautés d’éventuels préjudices, les juristes du Vatican ont fait valoir que le fait de nommer publiquement les religieux accusés, en particulier ceux qui sont décédés, pourrait porter injustement atteinte à leur réputation, en particulier lorsqu’aucun jugement juridique formel n’a été rendu.

Le document souligne que la présomption d’innocence reste une pierre angulaire de la justice, tant dans le droit séculier que dans le droit ecclésiastique. Le dicastère a noté que les déterminations diocésaines de « crédibilité » sont souvent basées sur des preuves minimes et n’offrent pas à l’accusé une défense juridique complète. Il a également fait valoir que les revendications générales de « transparence » ne doivent pas l’emporter sur les principes fondamentaux d’une procédure régulière.

Cette position s’aligne sur les déclarations antérieures du dicastère pour la doctrine de la foi et du dicastère pour le clergé, ainsi que du pape François lui-même. En 2019, lors d’un sommet mondial sur les abus sexuels commis par le clergé, le pape a explicitement rejeté la pratique consistant à publier de telles listes, réitérant la nécessité de maintenir la présomption d’innocence jusqu’à ce que la culpabilité soit définitivement établie. Le manuel juridique 2022 du Vatican sur les cas d’abus a renforcé cette position, mettant en garde contre les déclarations publiques qui pourraient anticiper les résultats juridiques.

Le débat autour de la publication des noms des membres du clergé accusés reste très conflictuel. De nombreux diocèses américains ont commencé à publier ces listes en réponse à des scandales d’abus généralisés, en particulier lorsque des enquêtes menées au niveau des États et des réformes juridiques ont levé les délais de prescription. Les défenseurs des survivants affirment que ces listes valident l’expérience des victimes et encouragent d’autres personnes à se manifester. Ils affirment que pour les personnes abusées par des membres du clergé décédés, la reconnaissance publique peut être le moyen le plus proche de la justice.

D’un autre côté, les détracteurs de cette pratique avertissent qu’elle peut créer des dommages durables, en particulier lorsque les accusations ne sont pas prouvées. Certains prêtres, une fois inscrits sur ces listes, se retrouvent marginalisés de façon permanente, même si aucune preuve concluante n’est apportée contre eux. Le Vatican s’est dit préoccupé par le fait que de tels résultats pourraient effectivement imposer une punition à vie sans procédure régulière. Si la directive du Vatican est claire, ses implications pour les politiques diocésaines, en particulier dans des pays comme les États-Unis où les mesures de transparence sont devenues la norme, restent incertaines.

Share this Entry

Rédaction

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel