Interview du pape François © capture RAI

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Migrations : « Nous voyons tout mais nous regardons ailleurs », déplore le pape François

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Interview à l’émission de Rai 3 « Che tempo che fa » (5)

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Pour le pape François, le phénomène de la migration est « un signe de la culture de l’indifférence » : « Avec les médias, nous voyons tout mais nous prenons nos distances ; nous regardons d’un autre côté », a-t-il regretté.

Le pape François était l’invité de l’émission télévisée de Rai3, « Che tempo che fa », dimanche soir 6 février 2022. En vidéo conférence de son bureau, il a répondu aux questions du présentateur de la chaîne publique italienne RAI3, Fabio Fazio, sur des thèmes d’actualité.

Après la récente découverte de douze migrants morts de froid à la frontière entre la Grèce et la Turquie, la question des migrations s’est rapidement imposée dans le dialogue avec le journaliste italien.

Le pape a déploré une « tentation terrible », pour ceux qui sont nés dans un pays développé, avec la possibilité d’étudier et de travailler : celle de « détourner le regard, de ne pas regarder ». « Nous voyons toutes ces injustices », a-t-il fait observer, mais « il ne suffit pas de voir, il faut sentir, il faut toucher », comme le bon Samaritain de la parabole. Il faut « toucher les misères », ce qui nous « conduit à l’héroïsme », comme l’ont fait, rappelle François, les médecins et les infirmiers pendant la pandémie : « ils ont touché le mal et ils ont choisi de rester là avec les malades ».

Dénonçant le traitement « criminel » réservé à des milliers de migrants, notamment dans les « camps » en Libye, le pape s’est exclamé : « Comme ils souffrent entre les mains des trafiquants, ceux qui désirent s’échapper ! ». Et le pape d’énumérer les difficultés : « Ils souffrent et prennent le risque de traverser la Méditerranée. Puis parfois ils sont rejetés… il y a ces bateaux qui tournent en rond à la recherche d’un port : “Non, qu’ils fassent demi-tour et qu’ils meurent en mer“. Voilà ce qui se passe aujourd’hui ».

« C’est un problème de politique intérieure qui doit être bien pensé », a reconnu le pape, pour qui « chaque pays doit dire combien de migrants il peut accepter ». Pour « les autres », a-t-il poursuivi, « il y a l’Union européenne » : il faut « se mettre d’accord », afin de parvenir à « un équilibre, en communion ».

A propos de l’accueil des migrants, le pape François a réitéré son principe de base : accueillir, accompagner, promouvoir et intégrer. Les accueillir, a-t-il précisé, parce qu’ils sont « en difficulté ». Et « surtout, les intégrer afin d’éviter la ghettoïsation et les extrémismes nés d’idéologies, comme ce fut le cas lors de la tragédie de Zaventem en Belgique ». Et prendre en compte le fait qu’ils représentent une ressource dans les pays connaissant un fort déclin démographique.

Le pape a invité au « réalisme : « Nous devons penser intelligemment à une politique migratoire, une politique continentale », a-t-il souligné. Et le fait que « la Méditerranée soit aujourd’hui le plus grand cimetière d’Europe doit nous faire réfléchir ».

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Hélène Ginabat

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