Ordinations sacerdotales, le pape embrasse les mains des nouveaux prêtres (don Riccardo Cendamo), 25 avril 2021 © Vatican Media

Ordinations sacerdotales, le pape embrasse les mains des nouveaux prêtres (don Riccardo Cendamo), 25 avril 2021 © Vatican Media

Le sacerdoce ministériel est un « service » du peuple de Dieu (traduction complète)

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Homélie du pape François: « N’ayez pas peur! »

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Le sacerdoce ministériel ce n’est pas une « carrière », explique le pape François, mais « c’est un service, un service comme celui que Dieu a rendu à son peuple », un service du peuple de Dieu qui est mentionné 17 fois dans l’homélie du pape, ce dimanche matin, 25 avril 2021, pendant la messe d’ordination sacerdotale de 9 diacres formés à Rome. Un peuple de Dieu que le pape qualifie de « saint » et « fidèle ».

Ces 9 nouveaux prêtres sont six Italiens, un Roumain, un Colombien et un Brésilien, qui se sont formés dans des séminaires et des collèges de Rome: le grand Séminaire pontifical romain (Latran), le  Collège diocésain Redemptoris Mater (Chemin néo-catéchuménal), et le Séminaire de Notre Dame de l’Amour divin. Ils viennent aussi d’horizons différents, du football, du cinéma, d’engagements de bénévolat.

Le pape les a exhortés à vivre leur ministère comme un service du peuple de Dieu, mais à la façon dont Dieu lui-même « sert » son peuple: « Et ce service de Dieu à son peuple a des « traces », il a un style, un style que vous devez suivre. Un style de proximité, un style de compassion et un style de tendresse. C’est le style de Dieu. Proximité, compassion, tendresse. »
Pour la proximité, le pape en dénombre quatre: proximité avec Dieu dans la prière, proximité avec l’évêque, proximité entre prêtres, et proximité avec le peuple de Dieu: « Prêtres du peuple, pas clercs d’État! »
A propos de la compassion et de la tendresse, le pape a ajouté: « Perdez du temps à écouter et à consoler. La compassion, qui vous conduit au pardon, à la miséricorde. »
Enfin, le pape les a encouragés à toujours chercher leur consolation auprès du Christ et auprès de Marie, la « Mère ».
Il a conclu par son « n’ayez pas peur »: « Si vous êtes proches du Seigneur, de l’évêque, les uns des autres et du peuple de Dieu, si vous avez le style de Dieu – proximité, compassion et tendresse – n’ayez pas peur, tout ira bien. »
Le pape a eu deux gestes émouvant: il a embrassé les deux mains des nouveaux prêtres, après la photo de groupe finale, et il demandé à l’un d’eux, le Brésilien, le p. Mateus Enrique Ataide Da Cruz, de lui donner sa première bénédiction.

Voici notre traduction de l’homélie du pape François, prononcée d’abondance du coeur, en italien.

AB

Homélie du pape François

Chers frères, ces fils qui sont nôtres ont été appelés à l’ordre du sacerdoce. Réfléchissons attentivement à quel ministère ils seront élevés dans l’Église.

Comme vous le savez, mes frères, le Seigneur Jésus est le seul grand prêtre du Nouveau Testament ; mais en lui, tout le saint peuple de Dieu a également été constitué en peuple sacerdotal. Cependant, parmi tous ses disciples, le Seigneur Jésus a voulu en choisir quelques-uns en particulier, afin qu’exerçant publiquement dans l’Église, en son nom, la fonction sacerdotale en faveur de tous les hommes, ils continuent sa mission personnelle d’enseignant, de prêtre et de pasteur.

Après mûre réflexion, nous sommes sur le point d’élever ces frères à l’ordre des prêtres, afin qu’ils coopèrent, au service du Christ enseignant, prêtre et pasteur, à l’édification du corps du Christ, qui est l’Église, pour en faire le peuple de Dieu et le temple saint de l’Esprit.

Quant à vous, fils bien-aimés, qui êtes sur le point d’être promus à l’ordre du sacerdoce, considérez qu’en exerçant le ministère de la doctrine sacrée, vous participerez à la mission du Christ, l’unique enseignant. Vous serez comme lui des pasteurs, c’est ce qu’il veut de vous. Des pasteurs. Des pasteurs du peuple de Dieu saint et fidèle. Des pasteurs qui accompagnent le peuple de Dieu : parfois devant le troupeau, parfois au milieu ou derrière, mais toujours là, avec le peuple de Dieu.

Autrefois – dans le langage d’autrefois – on parlait de la « carrière ecclésiastique », ce qui n’avait pas la même signification qu’aujourd’hui. Ce n’est pas une « carrière » : c’est un service, un service comme celui que Dieu a rendu à son peuple. Et ce service de Dieu à son peuple a des « traces », il a un style, un style que vous devez suivre. Un style de proximité, un style de compassion et un style de tendresse. C’est le style de Dieu. Proximité, compassion, tendresse.

Proximité. Les quatre proximités du prêtre, il y en a quatre. Proximité avec Dieu dans la prière, dans les sacrements, dans la messe. Parler avec le Seigneur, être proche du Seigneur. Il s’est fait proche de nous dans son Fils. Dans toute l’histoire de son Fils. Il a également été proche de vous, de chacun d’entre vous, dans le parcours de votre vie jusqu’à maintenant. Même dans les mauvais moments du péché, Il était là. Proximité. Soyez proche du peuple de Dieu saint et fidèle . Mais avant tout, soyez proches de Dieu dans la prière. Un prêtre qui ne prie pas éteint lentement le feu de l’Esprit qui est en lui. Proximité avec Dieu.

Deuxièmement : la proximité avec l’évêque, et dans ce cas avec le « vice-évêque ». Être proche, parce que dans l’évêque vous aurez l’unité. Vous êtes, je ne veux pas dire des serviteurs – vous êtes les serviteurs de Dieu – mais des collaborateurs de l’évêque. Proximité. Je me souviens d’une fois, il y a longtemps, d’un prêtre qui avait eu le malheur – pour ainsi dire – de faire un « faux pas »… La première chose qui m’est venue à l’esprit a été d’appeler l’évêque. Même dans les mauvais moments, appelez l’évêque pour être près de lui. Proximité de Dieu dans la prière, proximité de l’évêque. « Mais je n’aime pas cet évêque… ». Mais c’est ton père. « Mais cet évêque me traite mal… ». Soyez humble, allez voir l’évêque.

Troisièmement : la proximité entre vous. Et je propose une résolution : de ne jamais dire du mal d’un frère prêtre. Si vous avez quelque chose contre un autre, soyez des hommes, vous portez des pantalons : allez-y et dites-lui en face. « Mais c’est une très mauvaise chose… Je ne sais pas comment il va le prendre… ». Va voir l’évêque, il t’aidera. Mais ne jamais, jamais médire. Ne soyez pas des bavards. Ne tombez pas dans les ragots. L’unité entre vous : dans le conseil presbytéral, dans les commissions, au travail. Proximité entre vous et avec l’évêque.

Et quatrièmement : pour moi, après Dieu, la proximité la plus importante est celle avec le peuple de Dieu saint et fidèle. Aucun d’entre vous n’a étudié « pour » devenir prêtre. Vous avez étudié les sciences ecclésiastiques, comme l’Église vous y oblige. Mais vous avez été élus, pris dans le peuple de Dieu. Le Seigneur dit à David : « Je t’ai pris derrière le troupeau ». N’oubliez pas d’où vous venez : votre famille, votre peuple… Ne perdez pas le flair du peuple de Dieu. Paul disait à Timothée : « Souviens-toi de ta mère, de ta grand-mère…. » Oui, d’où tu es venu. Et ce peuple de Dieu… L’auteur de l’épître aux Hébreux dit :  » Souvenez-vous de ceux qui vous ont introduit dans la foi. » Prêtres du peuple, pas clercs d’État!

Les quatre proximités du prêtre : proximité avec Dieu, proximité avec l’évêque, proximité avec autres, proximité avec le peuple de Dieu. Le style de la proximité qui est le style de Dieu. Mais le style de Dieu est aussi un style de compassion et de tendresse. Ne fermez pas votre cœur aux problèmes. Et vous en verrez tant ! Quand les gens viennent vous raconter leurs problèmes et se faire accompagner… Perdez du temps à écouter et à consoler. La compassion, qui vous conduit au pardon, à la miséricorde.

S’il vous plaît : soyez miséricordieux, soyez des « pardonneurs ». Parce que Dieu pardonne tout, il ne se lasse pas de pardonner, c’est nous qui nous lassons de demander le pardon. Proximité et compassion. Mais une compassion tendre, avec cette tendresse de la famille, des frères, du père… avec cette tendresse qui te fait sentir être dans la maison de Dieu.

Je vous souhaite ce style, ce style qui est le style de Dieu.

Et puis, j’ai mentionné quelque chose dans la sacristie, mais je voudrais le mentionner ici devant le peuple de Dieu. S’il vous plaît, détournez-vous de la vanité, de l’orgueil de l’argent. Le diable entre « par les poches ». Pensez à ça. Soyez pauvres, comme est pauvre le peuple de Dieu saint et fidèle. Des pauvres qui aiment les pauvres. Ne soyez pas des arrivistes. La « carrière ecclésiastique »… Alors tu deviens un fonctionnaire, et quand un prêtre commence à faire l’entrepreneur, que ce soit de la paroisse ou du collège…, où que ce soit, il perd cette proximité avec le peuple, il perd cette pauvreté qui le rend semblable au Christ pauvre et crucifié, et il devient l’entrepreneur, le prêtre entrepreneur et non le serviteur.

J’ai entendu une histoire qui m’a ému. Un prêtre très intelligent, très pratique, très capable, qui avait beaucoup d’administrations entre les mains, mais il avait le cœur attaché à cette charge. Un jour, il a vu qu’un de ses employés, un vieil homme, avait fait une erreur, alors il l’a réprimandé, il l’a mis dehors. Et ce vieil homme en est mort. Cet homme avait été ordonné prêtre, et il a fini comme un homme d’affaires impitoyable. Ayez toujours cette image, ayez toujours cette image.

Des pasteurs proches de Dieu, de l’évêque, les uns des autres, et du peuple de Dieu. Des pasteurs : des serviteurs comme des pasteurs, pas des entrepreneurs. Et se tenir loin de l’argent.

Et puis, rappelez-vous que cette route des quatre proximités est belle, cette route d’être pasteurs, parce que Jésus console les pasteurs, parce qu’il est le Bon Pasteur. Et cherchez la consolation en Jésus, cherchez la consolation en Marie – n’oubliez pas la Mère – cherchez toujours la consolation là : soyez consolé là.

Et portez vos croix – il y en aura dans notre vie – dans les mains de Jésus et de la Vierge Marie. Et n’ayez pas peur, n’ayez pas peur. Si vous êtes proches du Seigneur, de l’évêque, les uns des autres et du peuple de Dieu, si vous avez le style de Dieu – proximité, compassion et tendresse – n’ayez pas peur, tout ira bien.

© Traduction de Zenit, Anita Bourdin

 

 

 

 

 

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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