Mgr Olivier Ribadeau-Dumas © Sanctuaire de Lourdes

Mgr Olivier Ribadeau-Dumas © Sanctuaire de Lourdes

Lourdes, pour édifier le « monde d’après », par Mgr Ribadeau-Dumas

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Auprès d’ « une mère pleine d’amour »

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« En cette période, se multiplient les réflexions sur ce que le monde devra être après cette crise. Je suis convaincu que Lourdes est un signe de ce monde souhaité », explique Mgr Ribadeau-Dumas.

L’Osservatore Romano du 11 février 2021 publie une interview du recteur du sanctuaire de Lourdes, à l’occasion de la Journée mondiale du malade, en la fête de Notre Dame de Lourdes.

Prêtre du diocèse de Paris, Mgr Olivier Ribadeau-Dumas était auparavant secrétaire général et porte-parole de la Conférence épiscopale française (CEF).

L’accueil dans le sanctuaire

Il évoque tout d’abord l’accueil dans le sanctuaire, en ce temps de restrictions sanitaires et de couvre-feu: « Le sanctuaire est ouvert de 8 à 18 heures, heure du couvre-feu. Les pèlerins et les malades, qui sont en cette période entre 300 et 400 par jour, peuvent se confesser, prier à la grotte et participer aux différentes célébrations. Nous avons rédigé un règlement certifié par un bureau médical : il établit des normes précises pour garantir la sécurité sanitaire dans toutes les parties du sanctuaire, où ne travaille actuellement qu’un groupe de 330 employés. Les autres font du smart working. »

Pour la Journée mondiale du malade, instituée par Jean-Paul II, en la fête de Notre Dame de Lourdes qui correspond à l’anniversaire de la première apparition de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous, le 11 février 1858, il souligne que les « Journées de Lourdes » réunissent « en présence et en ligne environ 850 personnes impliquées à divers titres dans l’organisation des pèlerinages ; l’objectif est de réfléchir ensemble sur l’accueil, prier et méditer la parole de Dieu ».

« Le 13, en revanche, ajoute le recteur, nous aurons une rencontre avec les médecins et le personnel de la santé : nous désirons présenter ce qui a été mis au point pour héberger les malades en toute sécurité. Nous avons également organisé une soirée à la grotte avec la prière du chapelet et le renouvellement du geste de l’eau : puisqu’il n’est plus possible de faire le bain dans les piscines, il a été établi que l’eau sera désormais versée sur les mains des pèlerins et des malades, qui pourront la boire ou l’utiliser pour se laver les mains et le visage. »

Le souci des personnes

Il fait observer que la pandémie invite à la « profondeur », au « souci des personnes », à la « compassion »: « La pandémie a imposé un certain nombre de changements dans l’organisation des journées et nous a conduits à vivre avec davantage encore d’intensité et de profondeur la prière, les célébrations religieuses et le souci des personnes. Nous désirons aider chacun à faire l’expérience de la compassion du Seigneur et du soin qu’il prend de toutes les créatures. »

Lourdes reflète ce que les personnes vivent du fait de la pandémie, constate Mgr Ribadeau-Dumas: « Il y a trois caractéristiques constantes que j’ai pu repérer. La première est le sentiment d’incertitude provoqué par la pandémie : la perte soudaine de ce qui paraissait acquis et sûr provoque partout une souffrance profonde, un désarroi, une angoisse. En outre, des millions d’êtres humains se découvrent tout à coup vulnérables ; ils ne pensaient pas l’être : c’est une surprise douloureuse. Enfin, comme jamais auparavant, les personnes craignent la mort, la leur et celle de leurs proches. »

Une mère pleine d’amour

« Ici, la vulnérabilité ne doit pas être cachée, explique Mgr Ribadeau-Dumas, et elle n’est pas méprisée comme cela se produit souvent dans le monde : on l’honore et on en prend soin. Les personnes apprennent donc rapidement à se montrer petites et fragiles sans en avoir honte. Et, comme les « pauvres en esprit » dont parle la première béatitude, ils se mettent dans les mains de Dieu, renonçant à mettre leur confiance dans les possessions, le pouvoir, l’apparence, qui ne garantissent rien. A Lourdes, on fait l’expérience dans sa chair que, quand tout devient incertain, l’unique voie sûre à parcourir est de se confier à Dieu, mettre sa confiance en lui. Et aussi dans la Vierge Marie qui, comme une mère pleine d’amour, conduit tout le monde à son Fils. En même temps, on comprend que la mort, tellement crainte, n’est pas la fin de l’existence mais le passage vers le monde de l’agapé de Dieu, un monde que nous pouvons commencer à découvrir dès maintenant, avec sa grâce, en vivant la fraternité, l’amour mutuel : à Lourdes, cela se produit tous les jours puisqu’on prend soin les uns des autres et que l’on prie pour tous. Y compris pour ceux qui souffrent à cause des nombreux conflit actuels dans le monde : toute la journée du samedi est dédiée à la prière continue pour la paix. »

Edifier le « monde d’après »

Il voit en Lourdes un lieu où la fraternité tant souhaitée par le pape François est tangible: « En cette période, se multiplient les réflexions sur ce que le monde devra être après cette crise. Je suis convaincu que Lourdes est un signe de ce monde souhaité : parce qu’ici, on vit déjà le souci des plus petits, l’accueil inconditionnel de toutes les personnes, la fraternité active, la compassion à l’égard de la faiblesse, la découverte de la beauté de chaque être humain, la remise de soi confiance au Seigneur, la prière d’intercession. Il convient de souligner que ce que l’on expérimente à Lourdes n’est pas réservé à ce lieu : on peut le vivre partout. En ce sens, la vie au sanctuaire représente une invitation, un appel adressé à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté. Précisément parce que nous désirons que la vie fraternelle et pleine de compassion, dont on peut faire ici l’expérience ici, franchisse les frontières de notre petite ville, nous avons décidé non seulement de développer en ce temps de pandémie le recours aux moyens de communication, mais également d’envoyer des prêtres et laïcs dans les diocèses français dans le but de proposer pendant une semaine l’esprit de notre sanctuaire, à travers prières, réflexions, processions et catéchèses. La dimension missionnaire est pour nous incontournable. Je suis persuadé que Lourdes peut aider à édifier le monde d’après la pandémie en montrant comment pourrait vivre la famille humaine ainsi que la valeur de toute créature qui, aux yeux de Dieu, est toujours un trésor dont il faut prendre soin. »

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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