Pie XII au milieu du peuple romain après le bombardement du 19 juillet 1943 © Vatican News

Pie XII au milieu du peuple romain après le bombardement du 19 juillet 1943 © Vatican News

Le pape annonce l'ouverture des archives sur Pie XII le 2 mars 2020

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«L’Eglise n’a pas peur de l’histoire»

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En recevant les responsables et le personnel des Archives secrètes du Vatican ce 4 mars 2019, le pape François a annoncé sa décision d’ouvrir, à la date du 2 mars 2020, les archives relatives au pontificat du pape Pie XII (2 mars 1939 – 9 octobre 1958) : une figure parfois critiquée «avec quelque préjugé ou exagération», a-t-il souligné, mais qui sut conserver «la flamme», aux périodes les plus sombres. «L’Eglise n’a pas peur de l’histoire», a-t-il aussi affirmé.
81 ans jour pour jour après l’élection d’Eugenio Pacelli au siège de Pierre, les documents de son pontificat seront donc ouverts aux chercheurs – notamment les documents concernant les actions du pape et du Vatican durant la Seconde guerre mondiale. Leur inventaire avait commencé en 2006 selon la volonté de Benoît XVI.
Trois grands groupes de documents constituent le fonds d’archive du pontificat de Pie XII : les représentations pontificales ; la secrétairerie d’Etat ; les congrégations romaines. En tout, quelques 16 millions de feuillets, plus de 15.000 enveloppes et 2.500 fascicules (cf. Zenit du 31 octobre 2008). Une vingtaine d’archivistes ont collaboré au travail de préparation de la documentation : description des différentes positions (protocoles, fascicules, enveloppes, etc.) ; numérotation des feuillets ; timbrage des feuillets pour des raisons de sécurité ; reliure des fascicules de papiers plus détériorés ou plus délicats.
Pie XII, a rappelé le pape François, «s’est trouvé à conduire la barque de Pierre à l’un des moments les plus tristes et les plus sombres du XXe siècle, agité et déchiré de tous côtés par le dernier conflit mondial, et durant la période successive de réorganisation des nations et de reconstruction».
«Cette figure a été examinée et étudiée sous nombre de ses aspects, parfois discutée et même critiquée (avec quelque préjugé ou exagération, pourrait-on dire), a poursuivi le pape. Aujourd’hui elle est dûment réévaluée dans une lumière plus juste pour ses qualités multiples : pastorales surtout, puis théologiques, ascétiques, diplomatiques.»
Le pape a confié que sa décision d’ouvrir ces archives, déjà consultables en partie par volonté de Paul VI et saint Jean-Paul II, avait été prise «d’une âme sereine et confiante» : «»L’Eglise n’a pas peur de l’histoire, au contraire elle l’aime, et elle voudrait l’aimer davantage et mieux, comme Dieu l’aime !»
«La recherche sérieuse et objective, a-t-il poursuivi, saura évaluer dans leur juste lumière, avec une critique appropriée, les moments d’exaltation de ce pape, et, sans doute aussi les moments de graves difficultés, de décisions tourmentées, de prudence humaine et chrétienne, qui pourront sembler de la réticence à certains, et qui au contraire furent des tentatives, humainement très combattues, de garder allumée, dans les périodes d’obscurité la plus grande et de cruauté, la flamme des initiatives humanitaires, de la diplomatie cachée mais active, de l’espérance en de possibles ouvertures des cœurs.»
Dans un article publié par L’Osservatore Romano, Mgr Sergio Pagano, préfet des Archives secrètes du Vatican, retrace la «longue période de préparation» et d’ouverture graduelle :  en 2002 Jean-Paul II, décidait de rendre accessibles des documents sur l’entre deux-guerres, notamment des archives des nonciatures apostoliques de Munich et de Berlin ainsi que de la secrétairerie d’Etat et de la Congrégation pour la doctrine de la foi. En 2004, il ouvrait aussi la consultation aux informations vaticanes sur les prisonniers de guerre (1939-1947). Puis en 2006, Benoît XVI décidait l’ouverture de l’archive du pontificat de Pie XI (1922-1939), tandis que les archivistes commençaient à travailler sur celui de son successeur. Un travail qui dura 13 ans.
C’est «pleinement au courant», que le pape François a pris cette décision, ajoute Mgr Pagano, qui annonce l’ouverture des documents des Archives secrètes, de l’Archive de la section pour les relations avec les Etats de la secrétairerie d’Etat, des Archives des Congrégation pour la doctrine de la foi, pour l’évangélisation des peuples, pour les Eglises orientales, de l’Archive de la Fabrique de Saint-Pierre et d’autres dicastères.
Cette ouverture, espère-t-il, permettra de découvrir la «portée et la richesse» de «la grande figure de Pie XII, trop superficiellement jugée et critiquée pour certains aspects de son pontificat».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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