2e Congrégation générale du Synode des évêques sur les jeunes 4 oct. © Vatican Media

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Synode 2018 : regarder le monde avec les yeux des jeunes

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Briefing de la 2e Congrégation générale

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Regarder le monde avec les yeux des jeunes, avec « franchise », « authenticité », et partir de la réalité, c’est le désir des 267 Pères synodaux réunis au Vatican du 3 au 27 octobre 2018 pour le Synode sur les jeunes.
Un briefing a eu lieu au Vatican le 4 octobre en milieu de journée, après la 2e Congrégation générale, avec le préfet du Dicastère pour la communication, Paolo Ruffini, qui a indiqué que 25 Pères synodaux étaient intervenus dans la matinée. Ils ont insisté, a-t-il précisé, sur la nécessité d’écouter – l’écoute étant une « reconnaissance de l’autre » – et d’être « empathique ».
Il a dressé la liste de certains thèmes qui sont revenus à plusieurs reprises : le constat d’une certaine mise à l’écart des jeunes, le besoin d’être « crédibles », d’écouter les jeunes « là où ils sont », sans mettre d’étiquettes, de parler d’affectivité, de sexualité. Plusieurs se sont demandé pourquoi la communication s’était interrompue entre l’Eglise et les jeunes et d’autres ont demandé pardon pour les moments où l’Eglise « n’a pas été à la hauteur », entre autres les abus sexuels.
Le climat était « très spirituel », a noté Paolo Ruffini, et les participants étaient attentifs. Ils ont le « désir de rêver avec les jeunes, de regarder le monde avec les yeux des jeunes », a-t-il affirmé.
Trois minutes de silence
Le jésuite Antonio Spadaro, directeur de la revue Civiltà cattolica, est intervenu devant la presse pour donner le sens des trois minutes de silence, demandées par le pape François toutes les cinq interventions : ce silence, a-t-il expliqué, permet d’entendre les résonances induites en chacun par les interventions, dans un esprit de discernement. Il s’agit de « laisser l’esprit et le cœur accueillir ces éléments perçus » en soi et de se laisser bousculer dans son opinion.
Le jeune auditeur vietnamien Joseph Cao Huu Minh Tri, 21 ans et benjamin du synode, a aussi témoigné que s’il était difficile pour les jeunes présents aux congrégations d’écouter la « masse d’informations », ce silence permettait de faire émerger des éclairages.
Il a aussi exprimé l’enthousiasme, la passion des jeunes : « Nous voulons que notre vie signifie quelque chose… Et réaliser ses passions est un problème pour les jeunes d’aujourd’hui… Il y a des millions de jeunes qui peinent à trouver leur passion et à vivre une vie heureuse… d’un côté ils ne trouvent pas de vraie passion et de l’autre ils vivent une passion erronée. »
Pour Chiara Giaccardi, professeur de sociologie et collaboratrice du secrétariat du synode, les échanges étaient marqués par la franchise et l’authenticité. L’Eglise est en position d’écoute, a-t-elle affirmé, en saluant cette « révolution copernicienne ». La démarche du synode est « réaliste », elle part de ce qui est, a-t-elle encore souligné, et les échanges sont « concrets », y compris sur la dimension sexuelle de la personne humaine qui manque d’accompagnement.
Enfin, l’Argentin Mgr Carlos José Tissera, évêque de Quilmes, a estimé que les jeunes attendent de l’Eglise un témoignage de vie, pas des paroles. Il a rapporté que le pape était très présent, accessible.
Synthèse de L’Osservatore Romano

Dans son édition du 5 octobre, L’Osservatore Romano donne une synthèse de cette congrégation, durant laquelle les 34 jeunes auditeurs « ont souligné les passages les plus forts des interventions par le cri de joie typique qu’ils lancent lorsqu’il y a un goal au stade ». De même « ils ont été émus devant un pasteur qui n’a pas retenu ses larmes en évoquant un dialogue avec le fils d’un migrant qui a reconnu en lui le père qu’il n’avait plus et, dans l’Église, une famille ».

D’après le quotidien du Vatican, « le pape est arrivé avec une demi-heure d’avance pour parler à tu et à toi avec les pères synodaux et surtout avec les jeunes hôtes ».

Briana Santiago, 27 ans, originaire du Texas, étudiante à l’Université pontificale du Latran et bientôt religieuse, a témoigné du rôle décisif de l’Eglise et de la solitude des jeunes. « Nous avons besoin d’être d’abord écoutés, puis guidés à entrer plus profondément en nous-mêmes », a-t-elle dit.
Toutes les interventions de quatre minutes « ont confirmé la volonté de dialogue tous azimuts », peut-on lire dans L’Osservatore Romano : les évêques « ont reconnu que la pastorale n’a pas été jusqu’ici à la hauteur des attentes ». Ils ont insisté sur l’écoute, « en interprétant aussi les silences, en rompant les schémas tout faits, sans préjugés, en cherchant ce qui fait autorité et non l’autorité ».
Ils ont appelé aussi « un changement de mentalité qui reconnaisse les erreurs accomplies dans le passé et qui considère les jeunes non pas comme un objet de la pastorale, mais qui ‘sont l’Église’ ici et maintenant ». Les jeunes, ont-ils fait observer, attendent des propositions évangéliques élevées, « pas seulement n’être impliqués que pour déplacer les chaises dans la paroisse ».

Parmi les thèmes évoqués : la beauté de la sexualité et de la corporéité, ainsi que le rôle du sport ; le langage des nouvelles générations ; le dialogue interreligieux et les risques d’être victimes des fondamentalismes ; le drame des jeunes qui vivent des situations très difficiles, comme les prisonniers et les migrants.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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