Jubilé des représentants pontificaux © L'Osservatore Romano

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Les recommandations du pape aux nonces apostoliques

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Jubilé des représentants pontificaux au Vatican

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Aimer le pays où ils sont, aller sur le terrain, écouter, loin de toute idéologie, faire de la nonciature apostolique la ‘Maison du Pape’, revoir les critères de choix des nouveaux évêques, quitter les réseaux fermés des « amis d’amis ». Ce sont quelques-unes des recommandations du pape François aux représentants pontificaux qu’il a reçus au Vatican le 17 septembre 2016.
Le pape a d’abord longuement remercié les 106 participants – sur 108 au total dans le monde – qui étaient à Rome pour leur jubilé, du 15 au 17 septembre : « vous rendez l’Eglise et le monde présents dans le cœur du pape », a-t-il assuré en confiant qu’il lisait leurs rapports « quotidiennement ».
Il les a invités à poursuivre leur service humblement : « L’humilité d’un nonce passe à travers l’amour pour le pays et pour l’Eglise où il est appelé à servir. Elle passe par l’attitude sereine de rester où le pape l’a voulu et non avec le cœur distrait par l’attente de la prochaine destination ».
La nonciature, ‘Maison du pape’
Il a souhaité « que le siège de la Nonciature Apostolique soit vraiment la ‘Maison du Pape’ », où toutes les composantes de l’Eglise puissent trouver « soutien et conseil » et où les autorités publiques aient « un point de référence ». « Veillez à ce que vos nonciatures ne deviennent jamais le refuge des ‘amis et des amis des amis’ », a ajouté le pape, et « fuyez les commères et les arrivistes ».
Dans leur mission, le pape leur a recommandé de « dépasser la logique de la bureaucratie » et de vivre « proximité, disponibilité et fraternité avec les Eglises locales ». Non pas, a-t-il précisé, comme une « stratégie pour recueillir des informations et manipuler des réalités ou des personnes ». Leur rappelant que « la formation des consciences est notre devoir primordial de charité », il a incité à « faire le premier pas pour éliminer les tensions et favoriser compréhension et réconciliation ». « Il ne suffit pas de pointer du doigt ou d’attaquer celui qui ne pense pas comme nous, a-t-il prévenu. C’est une misérable tactique des guerres politiques et culturelles actuelles, mais cela ne peut pas être la méthode de l’Eglise ».
« Regarder, analyser et référer sont des verbes essentiels mais ne sont pas suffisants dans la vie d’un nonce », a poursuivi le pape : « Il faut aussi rencontrer, écouter, dialoguer, partager, proposer (…) pour que transparaissent un amour sincère, une sympathie, une empathie pour la population et l’Eglise locales ».
Loin des lignes politiques et idéologiques
« Rappelez-vous que vous représentez Pierre, roc qui survit aux barrages des idéologies, à la soumission aux pouvoirs de ce monde qui passe, a encore souligné le pape François. N’épousez pas de lignes politique ou de batailles idéologiques, car la permanence l’Eglise ne repose pas sur le consensus des salons, mais sur la fidélité à son Seigneur ».
Evoquant la « solitude » des représentants pontificaux, tels des « exilés », il les a encouragés à agir « dans un réseau unifié et coordonné » en évitant « une vision personnelle ».
Face à la « menace » des « loups de tout genre », le pape les a invités à « garder les yeux ouverts pour reconnaître d’où viennent les hostilités » et les affronter. Sans toutefois « s’apitoyer sur son sort » ni jouer les « victimes ». Il a cité à ce propos « l’éradication » des chrétiens d’Orient, « avec le silence complice de beaucoup ».
Ne pas pêcher dans les aquariums
Au fil de son long discours, le pape François a aussi enjoint les représentants pontificaux à accompagner les Eglises sans « étouffer (leur) âme de pasteurs généreux et proches ». Pour cet accompagnement, a-t-il expliqué, il faut « se déplacer » car la paperasse ne suffit pas. « N’attendez pas que les personnes viennent vers vous pour exposer un problème (…), rendez-vous dans les diocèses, dans les instituts religieux, dans les paroisses, dans les séminaires, pour comprendre ce que vit le Peuple de Dieu ».
Dans l’accompagnement des évêques, le pape s’est arrêté sur l’une de ses « vives préoccupations » : la sélection des futurs évêques. Il a rappelé à ceux qui sont chargés d’enquêter sur place quelques traits du profil souhaité : « témoins du Ressuscité et non porteurs d’un curriculum » ; « évêques priants, familiarisés avec les choses ‘d’en-haut’ et non écrasés par le poids ‘d’en-bas’ » ; « évêques pasteurs et non princes et fonctionnaires ».
« Il faut se déplacer pour les chercher », a encore recommandé le pape François : aller sur le terrain « avec le cœur de Dieu et non avec quelque profil déterminé de chasseurs de tête ». Il s’agit, a-t-il assuré, de « lancer les filets au large », sans se contenter de « pêcher dans les aquariums, dans la réserve ou dans l’élevage des ‘amis des amis’ ». La question de la nomination des évêques est en ce moment à l’ordre du jour des travaux du Conseil des cardinaux (C9) chargé d’aider le pape dans la réforme de la curie romaine.
« La diplomatie pontificale ne peut pas être étrangère à l’urgence de rendre palpable la miséricorde en ce monde blessé et brisé », a poursuivi le pape François. Dans un monde où « il n’est pas toujours facile de repérer les centres de pouvoir », le représentant pontifical doit être détaché « des intérêts géopolitiques, économiques ou militaires immédiats ». Il a formulé cette exhortation finale : « Allez : ouvrez les portes ; construisez des ponts ; tissez des liens ; entretenez des amitiés ; promouvez l’unité ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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