Jubilé des diacres, homélie, capture

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Chers diacres, vivez dans la disponibilité!

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« Disponibles dans la vie, doux de cœur et en dialogue constant avec Jésus » (homélie)

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La « disponibilité » est la première attitude spirituelle et humaine à laquelle le pape François invite les diacres : c’est même la condition de la « fécondité » de leur service.
Le pape a présidé la messe du Jubilé des diacres, ce dimanche 29 mai, place Saint-Pierre, en présence de délégations du monde.
« Chers diacres, en vivant dans la disponibilité, votre service sera privé de tout profit et évangéliquement fécond », affirme le pape.
Il recommande aux diacres d’être prêts « aux surprises quotidiennes de Dieu ». Il fait observer que « le serviteur ne s’occupe pas des horaires ». Et il confie, en sortant de son texte écrit : «  J’ai mal au cœur quand je vois l’horaire dans la paroisse. Et il n’y a pas de porte ouverte, de prêtre, de diacre, de laïc… » Il invite à avoir « le courage de négliger les horaires ».
Le pape décrit la disponibilité comme un don de soi grâce à un entraînement quotidien: « Le serviteur apprend chaque jour à se détacher du fait de disposer tout pour lui et de disposer de soi comme il veut. Il s’entraîne chaque matin à donner sa vie, à penser que chaque jour ne sera pas le sien, mais sera à vivre comme une remise de soi. »
Ce don de soi dans la disponibilité est offrande du temps au-delà des programmations : « Celui qui sert, en effet, n’est pas un gardien jaloux de son propre temps, au contraire il renonce à être le patron de sa propre journée. Il sait que le temps qu’il vit ne lui appartient pas, mais c’est un don qu’il reçoit de Dieu pour l’offrir à son tour : seulement ainsi il portera vraiment du fruit. Celui qui sert n’est pas esclave de l’agenda qu’il établit, mais docile de cœur, il est disponible à ce qui est non programmé : prêt pour le frère et ouvert à l’imprévu, qui ne manque jamais et est souvent la surprise quotidienne de Dieu. »
Ce don de soi dans la disponibilité est aussi un don de son espace : « Le serviteur sait ouvrir les portes de son temps et de ses espaces à celui qui est proche et aussi à celui qui frappe en dehors des horaires, au risque d’interrompre quelque chose qui lui plaît ou le repos qu’il mérite. »
Le pape invite aussi au « service » à l’imitation du Christ doux et humble sans chercher à « singer le prêtre » et à demander dans la prière la grâce d’un « coeur guéri ».
Le pape François conclut: « Ainsi, disponibles dans la vie, doux de cœur et en dialogue constant avec Jésus, vous n’aurez pas peur d’être serviteurs du Christ, de rencontrer et de caresser la chair du Seigneur dans les pauvres d’aujourd’hui.»
Le livret de la célébration se trouve ici.
Voici la traduction officielle de l’homélie du pape François.
A.B.
Homélie du pape François
«Serviteur du Christ» (Gal 1, 10). Nous avons entendu cette expression, par laquelle l’apôtre Paul se définit, en écrivant aux Galates. Au début de la lettre il s’était présenté comme «apôtre», par volonté du Seigneur Jésus (cf. Gal 1, 1). Les deux termes, apôtre et serviteur, vont ensemble, ils ne peuvent jamais être séparés; ce sont comme deux faces d’une même médaille: celui qui annonce Jésus est appelé à servir et celui qui sert annonce Jésus.
Le Seigneur nous l’a montré le premier: Lui, la Parole du Père, Lui, qui nous a apporté la bonne nouvelle (Is 61, 1), Lui, qui est en lui-même la bonne nouvelle (cf. Lc 4, 18), il s’est fait notre serviteur (Ph 2, 7), «il n’est pas venu pour être servi mais pour servir» (Mc 10, 45). « Il s’est fait le diacre de tous», a écrit un Père de l’Église (Saint Polycarpe, Ad Phil. V, 2). Comme il a fait Lui, ainsi nous sommes appelés à être ses annonciateurs. Le disciple de Jésus ne peut aller sur un chemin différent de celui du Maître, mais s’il veut annoncer il doit l’imiter, comme a fait Paul: aspirer à devenir serviteur. En d’autres termes, si évangéliser est la mission confiée à chaque chrétien dans le baptême, servir est le style avec lequel vivre la mission, l’unique manière d’être disciple de Jésus. Est son témoin celui qui fait comme Lui: celui qui sert les frères et les sœurs, sans se lasser du Christ humble, sans se lasser de la vie chrétienne qui est vie de service.
Par où commencer pour devenir «serviteurs bons et fidèles» (cf. Mt 25, 21)? Comme premier pas, nous sommes invités à vivre la disponibilité. Le serviteur apprend chaque jour à se détacher du fait de disposer de tout pour soi et de disposer de soi comme il veut. Il s’entraîne chaque matin à donner sa vie, à penser que chaque jour ne sera pas le sien, mais sera à vivre comme une remise de soi. Celui qui sert, en effet, n’est pas un gardien jaloux de son propre temps, au contraire il renonce à être le patron de sa propre journée. Il sait que le temps qu’il vit ne lui appartient pas, mais que c’est un don qu’il reçoit de Dieu pour l’offrir à son tour: seulement ainsi il portera vraiment du fruit. Celui qui sert n’est pas esclave de l’agenda qu’il établit, mais docile de cœur, il est disponible à ce qui est non programmé: prêt pour le frère et ouvert à l’imprévu, qui ne manque jamais et est souvent la surprise quotidienne de Dieu. Le serviteur est ouvert à la surprise, aux surprises quotidiennes de Dieu. Le serviteur sait ouvrir les portes de son temps et de ses espaces à celui qui est proche et aussi à celui qui frappe en dehors des horaires, au risque d’interrompre quelque chose qui lui plaît ou le repos qu’il mérite. Le serviteur néglige les horaires. Cela me fait mal au cœur quand je vois un horaire, dans les paroisses: «De telle heure à telle heure». Et ensuite? Il n’y a pas de porte ouverte, il n’y a pas de prêtre, il n’y a pas de diacre, il n’y a pas de laïc qui reçoit les gens… Cela fait mal. Négliger les horaires: avoir ce courage, de négliger les horaires. Ainsi, chers diacres, en vivant dans la disponibilité, votre service sera privé de tout profit et évangéliquement fécond.
L’Évangile d’aujourd’hui nous parle aussi de service, nous montrant deux serviteurs dont nous pouvons tirer de précieux enseignements: le serviteur du centurion, qui est guéri par Jésus, et le centurion lui-même, au service de l’empereur. Les paroles que celui-ci envoie rapporter à Jésus, afin qu’il ne vienne pas jusque chez lui sont surprenantes et sont souvent le contraire de nos prières: «Seigneur, ne prends-pas cette peine, car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit» (Lc 7,6); «je ne me suis pas autorisé moi-même à venir te trouver» (v. 7); «moi, je suis quelqu’un de subordonné à une autorité» (v. 8). Devant ces paroles, Jésus reste admiratif. La grande humilité du centurion, sa douceur, le frappent. Et la douceur est une des vertus des diacres. Quand le diacre est doux, il est serviteur et il ne joue pas à «singer» les prêtres, non, il est doux. Devant le problème qui l’affligeait, il aurait pu s’agiter et prétendre à être exaucé, faisant valoir son autorité; il aurait pu convaincre avec insistance, même contraindre Jésus à se rendre dans sa maison. Au contraire il se fait petit, discret, doux, il n’élève pas la voix, et ne veut pas déranger. Il se comporte, peut-être sans le savoir, selon le style de Dieu, qui est «doux et humble de cœur» (Mt 11, 29). Dieu en effet, qui est amour, va par amour jusqu’à nous servir: avec nous il est patient, bienveillant, toujours prêt et bien disposé, il souffre pour nos erreurs et cherche le chemin pour nous aider et nous rendre meilleurs. Là sont aussi les traits doux et humbles du service chrétien, qui est d’imiter Dieu en servant les autres: les accueillant avec un amour patient, les comprenant sans nous lasser, faisant en sorte qu’ils se sentent accueillis, à la maison, dans la communauté ecclésiale, où ce n’est pas celui qui commande qui est grand mais celui qui sert (cf. Lc 22, 26). Et jamais réprimander, jamais. Ainsi, chers diacres, dans la douceur, murira votre vocation de ministres de la charité.
Après l’apôtre Paul et le centurion, dans les lectures d’aujourd’hui, il y a un troisième serviteur, celui qui est guéri par Jésus. Dans le récit on dit qu’il était très cher à son patron et qu’il était malade, mais on ne sait pas quelle était sa grave maladie (v. 2). D’une certaine façon, nous pouvons nous aussi nous reconnaître dans ce serviteur. Chacun de nous est très cher à Dieu, aimé et choisi par lui et il est appelé à servir, mais il a surtout besoin d’être guéri intérieurement. Pour être aptes au service, il nous faut la santé du cœur: un cœur guéri par Dieu, qui se sente pardonné et qui ne soit ni fermé ni dur. Cela nous fera du bien de prier avec confiance chaque jour pour cela, demander d’être guéris par Jésus, de lui ressembler lui qui «ne nous appelle plus serviteurs mais amis» (cf. Jn 15, 15). Chers diacres, vous pouvez demander chaque jour cette grâce dans la prière, dans une prière où présenter vos peines, vos imprévus, vos fatigues et vos espérances: une prière vraie, qui porte la vie au Seigneur et le Seigneur dans la vie. Et quand vous servez à la table eucharistique, vous y trouverez la présence de Jésus, qui se donne à vous afin que vous vous donniez aux autres.
Ainsi, disponibles dans la vie, doux de cœur et en dialogue constant avec Jésus, vous n’aurez pas peur d’être serviteurs du Christ, de rencontrer et de caresser la chair du Seigneur dans les pauvres d’aujourd’hui.
© Librairie éditrice du Vatican

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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