Audience aux ambassadeurs 19 mai 2016, L'Osservatore Romano

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Diplomatie: priver d’armes ceux qui utilisent la violence

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Le pape reçoit six nouveaux ambassadeurs (traduction complète)

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Pour favoriser la paix et soulager les souffrances des réfugiés, le pape indique aux diplomates un chemin : « priver d’armes ceux qui utilisent la violence », et « mettre fin au fléau du trafic humain et du commerce de drogue ».
Le pape a en effet reçu ce jeudi matin 19 mai 2016, dans la Salle Clémentine du palais apostolique du Vatican, six nouveaux ambassadeurs près le Saint-Siège qui lui ont présenté leurs lettres de créance: des Seychelles, M. Thomas Selby Pillay, de Thaïlande, M. Nopadol Gunavibool, d’Estonie, M. Väino Reinart, du Malawi, M. Michael Barth Kamphambe Nkhoma, de Zambie, Muyeba Shichapwa Chikonde, et de Namibie, M. Andreas B. D. Guibeb.
« Alors que nos initiatives au nom de la paix devraient aider les populations à rester sur leurs terres, le moment présent nous appelle à assister les migrants et tous ceux qui prennent soin d’eux. Nous ne saurions permettre que des malentendus et des peurs affaiblissent notre détermination », a déclaré le pape.
Voici notre traduction intégrale des paroles du pape François prononcées en italien. Le Vatican donne aussi le texte dans une version en anglais.
A.B.
Discours du pape François
Excellences,
C’est une joie pour moi de vous recevoir à l’occasion de la remise de vos Lettres de créance comme ambassadeur extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays près le Saint-Siège: Estonie, Malawi, Namibie, Seychelles, Thaïlande et Zambie. Je vous remercie pour les salutations reçues de vos chefs d’Etat respectifs, en échange de quoi je vous prie de les assurer de mes prières et de mes meilleurs vœux. Je demande à Dieu paix et prospérité pour tous vos compatriotes.
Votre présence ici aujourd’hui est un fort rappel au fait que, malgré nos nationalités, cultures et confessions qui peuvent être différentes, nous sommes unis par la même humanité et partageons la même mission de prendre soin de la société et de la création. Ce service a pris une dimension d’urgence particulière, car tant de personnes dans le monde souffrent de conflits et de guerres, de migrations et déplacements forcés, et d’incertitudes dues aux difficultés économiques. Ces problèmes demandent non seulement que nous y réfléchissions et en discutions, mais que nous manifestions aussi des gestes concrets de solidarité envers nos frères et sœurs en situation de grande précarité.
Pour que ce service de solidarité soit efficace, nos efforts doivent tendre vers une paix où le droit naturel et individuel de tout individu et le développement intégral de tout homme peut être exercé et garanti. Ces efforts demandent que nous travaillions ensemble de manière compétente et coordonnée, en encourageant les membres de nos communautés à devenir eux-mêmes des artisans de paix, des promoteurs de justice sociale et des défenseurs du vrai respect pour notre maison commune. Tâche devenue de plus en plus difficile dans notre monde, où tout paraît de plus en plus fragmenté et polarisé.
Tant de personnes ont tendances à s’isoler face à la dureté de la vie actuelle. Elles ont peur du terrorisme et que l’afflux croissant des migrants change radicalement leur culture, leur stabilité économique et leur style de vie. Nous comprenons ces craintes et ne pouvons les considérer avec légèreté, mais elles doivent être affrontées avec sagesse et compassion, afin que les droits et les besoins de tous soient respectés et soutenus.
Pour tous ceux qui souffrent du drame de la violence et de la migration forcée, nous devons être résolus à faire connaître au monde leur condition critique, de manière à ce que notre voix puisse faire entendre leurs voix, trop faibles et incapables de faire entendre leur cri. La voie de la diplomatie nous aide à amplifier et transmettre ce cri à travers la recherche de solutions aux multiples causes qui sont à la base des conflits actuels. Cela passe notamment par des efforts visant à priver d’armes ceux qui utilisent la violence, et à mettre fin au fléau du trafic humain et du commerce de drogue qui accompagne souvent ces maux.
Alors que nos initiatives au nom de la paix devraient aider les populations à rester sur leurs terres, le moment présent nous appelle à assister les migrants et tous ceux qui prennent soin d’eux. Nous ne saurions permettre que des malentendus et des peurs affaiblissent notre détermination. Nous sommes appelés plutôt à construire une culture «  qui nous permette de regarder l’étranger, le migrant, celui qui appartient à une autre culture comme un sujet à écouter, considéré et apprécié » (Discours à l’occasion de la remise du Prix Charlemagne, 6 mai 2016).
De cette façon, nous encouragerons une intégration qui respecte l’identité des migrants et préserve la culture de la communauté qui les accueille, tout en les enrichissant de part et d’autre. C’est essentiel. Si l’incompréhension et la peur prennent le dessus, quelque chose se brise en nous et nos cultures, l’histoire et les traditions s’affaiblissent, et la paix aussi est compromise. En revanche, en favorisant le dialogue et la solidarité, au niveau aussi bien individuel que collectif, nous vivons ce qu’il y a de mieux dans l’humanité et garantissons une paix durable pour tous, selon les desseins du Créateur.
Chers ambassadeurs, avant de conclure ces réflexions, je tiens à exprimer, à travers vous, mes salutations les plus fraternelles aux pasteurs et fidèles des communautés catholiques présentes dans vos nations. Je les encourage à être toujours des messagers d’espérance et de paix. Je pense en particulier à ces chrétiens et à ces communautés qui sont numériquement minoritaires et souffrent de persécutions à cause de leur foi; je leur renouvelle mon soutien dans la prière et ma solidarité.
Le Saint-Siège, pour sa part, est honoré de pouvoir renforcer avec chacun de vous et avec les nations que vous représentez un dialogue ouvert et respectueux ainsi qu’une collaboration constructive. Dans cette perspective, et puisque votre nouvelle mission est officiellement inaugurée, je vous fais mes meilleurs vœux et vous garantis tout le soutien des divers bureaux de la curie romaine dans l’accomplissement de vos tâches. J’invoque sur vous, sur vos familles, et sur vos collaborateurs, d’abondantes bénédictions de Dieu.
© Traduction de Zenit, Océane Le Gall

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Océane Le Gall

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