Assise: ouverture de la Porte sainte de la Portioncule

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Le lien séculaire de la Portioncule et de la miséricorde

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L’ouverture de la Porte sainte de la Portioncule, en la basilique Sainte-Marie-des-Anges (Assise) a eu lieu dimanche dernier, 20 décembre, dans l’après-midi, indique le site de la Portioncule qui propose une vidéo de l’événement, comme celui des Franciscains d’Assise qui offrent également une galerie de photos.
La célébration a été présidée par l’évêque d’Assise-Nocera Umbra-Gualdo Tadino, Mgr Domenico Sorrentino, et concélébrée par le Gardien de la Portioncule, le P. Rosario Gugliotta.
La Portioncule et le jubilé
Les Franciscains rappellent que le Pardon d’Assise permet depuis huit siècles aux pèlerins de recevoir l’Indulgence plénière. Il avait déclaré sa volonté au pape Honorius : « Je désirerais que tout homme qui entre dans cette église en se repentant de ses péchés, qui s’en est confessé et en a obtenu l’absolution, fût délié de toute faute et de tout châtiment depuis le jour de son baptême jusqu’au jour et à l’heure où il est entré dans cette église. »
C’est dire combien ce lieu saint est lié à la miséricorde et donc à ce jubilé extraordinaire: un héritage de saint François qui obtint du pape ce privilège. Il souhaitait “conduire tout le monde au paradis” par le passage de cette terre “visitée par les anges de Dieu”.
Avec la cathédrale Saint-Rufin et la basilique Saint-François Sainte-Marie-des-Anges est le troisième de la miséricorde à Assise.
“Ce monde a besoin de la miséricorde afin que nos relations deviennent ce qu’elles sont dans leur réalité la plsu profonde; des rapports de frères d’un unique Père”, a fait observer l’évêque dans son homélie.
“Nos relations au niveau familial, social, économique et même politique, doivent redécouvrir leur identité: c’est seulement ainsi qu’elles seront, progressivement, dépouillées du mal qui les pollue  et transfigurées à l’image des relations d’amour entre le Père, le Fils et le Saint Esprit”, a expliqué Mgr Sorrentino.
Commentant l’Evangile de la Visitation de Marie à Elisabeth, il a ajouté: “Tel est le chemin que Marie nous propose aujourd’hui, tel est le chemin de la miséricorde, le seul espace qui nous fasse entrer toujours plus profondément dans le mystère de notre Dieu, Père des miséricordes, mais également dans le mystère d’amour de l’homme et de son semblable. La miséricorde est en effet en même temps une parole divine et une parole humaine, ne l’oublions pas.”
Rappelons que l’indulgence de la Portioncule, le 2 août, remonte à l’an 1216, du vivant même de saint François : elle a son point de départ dans cette toute petite chapelle d’Assise, abritée dans la grande basilique Sainte-Marie-des-Anges, et elle permet d’entrer « dans l’expérience du grand pardon donné par Dieu en toute gratuité ».
Le P. Roland Bonenfant , ofm, raconte cette belle histoire sur le site des Franciscains du Canada.
L’histoire de cette Indulgence plénière
L’histoire du choix de la chapelle Sainte-Marie-de-la-Portioncule remonte à une histoire d’expulsion de la masure de Rivo-Torto. L’évêque n’avait rien à offrir à François, ni les chanoines de Saint-Rufin. François fut tiré d’embarras par les Bénédictins du mont Subasio, qui louèrent la petite chapelle aux frères moyennant une boîte de quelques kilos de poissons chaque année. Portioncule désigne une petite portion de terrain. C’est là que les premiers frères autour de François accentuèrent la dimension contemplative de leur vie : Depuis longtemps, ce lieu portait le nom prédestiné de Portioncule, non sans un dessein spécial de la Providence, car il devait échoir à des hommes qui désireraient ne rien posséder au monde. C’est ici que le Très-Haut nous a multipliés. C’est ici que la lumière de sa sagesse a éclairé le cœur de ses pauvres, ici que le feu de son amour a embrasé nos volontés. Ici que celui qui priera d’un cœur fervent obtiendra ce qu’il demande (1 Celano, 106).
À l’été 1216, le Pape Innocent III meurt à Pérouse. Deux jours après, le 18 juillet, est élu Honorius III, un vieillard malade qui donnait largement aux pauvres et avait une belle parenté spirituelle avec saint François. Quelques jours plus tard, le Petit Pauvre se rendit saluer le nouveau Pape avec frère Masseo, et lui adresser une demande : la même remise plénière des péchés que venait d’accorder le concile de Latran aux croisés de Terre Sainte. Cette indulgence était aussi accordée par extension à ceux qui, ne pouvant partir, soutenaient l’expédition de leurs aumônes. François revendiquait le droit des pauvres, en demandant qu’il n’y ait aucun sou ou oblation à débourser.
Très Saint-Père, dit François, il y a quelque temps je vous ai réparé une église en l’honneur de la Vierge mère du Christ. Je supplie d’y mettre, à l’occasion de sa dédicace, une indulgence sans oblation, c’est-à-dire l’offrande d’une somme proportionnée à la fortune de celui qui obtenait l’indulgence.
– Et de combien d’années veux-tu cette indulgence? dit Honorius sans s’apercevoir que tacitement il accordait déjà le premier point.
– Très Saint-Père, répondit François, ce ne sont pas des années que je demande à Votre Sainteté, mais ce sont des âmes. Je désirerais que tout homme qui entre dans cette église en se repentant de ses péchés, qui s’en est confessé et en a obtenu l’absolution, fût délié de toute faute et de tout châtiment depuis le jour de son baptême jusqu’au jour et à l’heure où il est entré dans cette église.
– Ce n’est pas la coutume de la curie romaine, répondit le Pape, d’accorder une pareille indulgence.
– Seigneur, répliqua François, ce que je demande, ce n’est pas moi qui vous le demande, mais celui de la part de qui je viens, le Seigneur Jésus-Christ.
Et cette fois le pape répondit aussitôt : Oui, je t’accorde cette indulgence.
Cet entretien avait pour témoins plusieurs cardinaux qui jusqu’alors avaient gardé le silence. Ils crurent que le nouvel élu manquait de connaissances en administration et lui dirent : Mais, Seigneur, si vous accordez à cet homme une pareille indulgence, vous détruisez celle de la croisade, et celle des sanctuaires apostoliques perdra toute valeur.
– Nous la lui avons donnée et octroyée, dit Honorius, nous ne pouvons revenir sur ce qui est fait ; mais nous la modifierons de façon à ce qu’elle ne s’étende qu’à un jour naturel. Dès maintenant, nous accordons que quiconque viendra et entrera dans cette église, bien repentant et après s’être confessé, soit absous de toute peine et de toute coulpe ; et nous voulons que cette indulgence soit valable chaque année, à perpétuité, seulement pendant une journée à partir des premières vêpres jusqu’aux vêpres du lendemain.
François était au comble de la joie et s’en allait sans attestation écrite, quand le pape le rappela pour lui dire de se munir de lettres patentes. François n’en voulut pas : Dieu saura bien lui-même mettre son œuvre en lumière.
Maintenant, la grâce miséricordieuse de la Portioncule est rendue accessible à tous, partout dans le monde, chaque jour du jubilé extraordinaire.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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