Le synode des évêques revoit sa méthode de travail

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Le cardinal Baldisseri explique le changement de rythme de travail du prochain synode sur la famille: chacune des trois semaines comportera interventions en salle et travaux de groupes.

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Le synode des évêques revoit sa méthode de travail, a indique le secrétaire général du synode, le cardinal Baldisseri, en présentant l’Instrument de travail du synode d’octobre prochain sur la vocation et la mission de la famille (4-25 octobre).

Le cardinal Baldisseri a présenté le document entouré du cardinal Peter Erdö et de Mgr Bruno Forte, ce mardi matin, 23 juin, au Vatican.

Les trois semaines du synode se déroulement par thème selon les trois grandes parties de l’Instrument de travail publié ce matin en italien : défis, vocation, mission de la famille aujourd’hui. Les interventions en salle et les groupes de travail seront répartis tout au long de l’assemblée. Le document final sera remis au pape avec le matériel du synode en vue de la rédaction de son « exhortation apostolique post-synodale »  sur la famille.
Voici notre traduction intégrale de l’intervention du cardinale Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du synode

Dans son discours conclusif pour la IIe Assemblée extraordinaire du synode des évêques d’octobre dernier, le pape François exhortait à : “Mûrir les idées proposées , avec un vrai discernement spirituel, et trouver des solutions concrètes aux nombreuses difficultés et aux innombrables défis quel es familles doivent affronter; [et] à donner des réponses aux nombreux découragements qui enveloppent et suffoquent les familles” et il ajoutait en outre qu’il y ait “un an pour travailler sur la “Relatio synodi” qui est le résumé fidèle et clair de tout de dont on a discuté dans cette salle et dans les cercles linguistiques. Et qui est présenté aux conférences épiscopales comme “Lineamenta”” (Discours de conclusion, 18 octobre 2014).

Le secrétariat général du synode s’est immédiatement mis au travail pour donner une suite à l’invitation du Pape, par la convocation des membres du Conseil du secrétariat, qui s’est réuni les 18 et 19 novembre 2014, sous la présidence du Saint-Père. Dans cette réunion, on a présenté un projet de Lineamenta, composé du texte de la Relatio synodi et d’une série de 46 questions pour la réception et l’approfondissement du document synodal. Le texte des Lineamenta a été ensuite envoyé aux Synodes des Eglises orientales sui iuris , aux Conférences épiscopales, aux dicastères de la curie romaine, et aux autres sujets ayant droit, avec l’invitation à répondre avant le 15 avril 2015.

Malgré le bref délai, un nombre consistant d’apports éventuels parvenus au secrétariat général dans l’intervalle confirme l’intérêt extraordinaire et la participation active de tout le Peuple de Dieu. De cette façon, la période inter-synodale s’est révélée come une nouvelle occasion précieuse d’auditus Ecclesiae ou plus exactement, d’écoute de “ce que l’Esprit dit aux Eglises” (Ap 2, 17) dans la pluralité de leurs composantes.

Aujourd’hui, le secrétariat a reçu 99 Réponses ce la part des organismes ayant droit. Se sont ajoutées 359 Observations envoyées librement des diocèses, paroisses, associations ecclésiales, et groupes spontanés de fidèles, mouvements et organisations civiles, de nombreuses familles et de croyants individuels.

En même temps, des universités, des institutions académiques, des centres de recherche et des chercheurs individuellement sont en train d’enrichir l’approfondissement des thématiques synodales par leurs contributions – par des symposiums, des congrès, et des publications – qui mettent souvent en lumière des aspect nouveaux, comme il est demandé dans la “question préalable” des Lineamenta. Entre temps, le secrétariat a pu jouir de l’aide de nouveaux consulteurs, nommés le 14 mars dernier, et de la consultation d’autres experts.

Lors de la réunion du conseil du secrétariat, présidée par le Saint-Père, les 25-26 mai 2015, on a examiné la synthèse élaborée par le secrétariat général d’où a jailli l’Instrumentum laboris publié aujourd’hui. Comme on peut el constater, le document reflète de façon fiable la perception et les attentes de l’Eglise entière sur le thème crucial de la famille, en intégrant le résultat de l’assemblée précédente, contenu dans la Relatio Synodi.

La XIVe Assemblée générale ordinaire qu’on est en train de préparer, réfléchira à La vocation et la mission de la famille dans l’Eglise et dans le monde contemporain dans la continuité avec la IIIe Assemblée générale extraordinaire de l’automne 2014 qui a affronté les thèmes des Défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation. La connexion étroite entre les deux événements synodaux fait que la Relatio Synodi représente un point de départ solide pour le chemin à venir. Avec sa réception, et l’approfondissement survenu pendant la période inter-synodale, l’Instrumentum laboris sera la base des travaux de la prochaine assemblée.

Le document s’articule en trois parties, qui reprennent la structure de la Relatio Synodi, montrant le rapport étroit entre les deux assemblées, et leur développement interne. L’écoute des défis concernant la famille (Ière partie) rappelle plus directement le premier moment synodal ; alors que Le discernement de la vocation familiale (IIe partie) et La mission de la famille aujourd’hui (IIIe partie) entendent sur tout introduire le thème de la prochaine assemblée.

Puis, que pour la première fois, les Lineamenta du nouveau synode reprenaient un texte précédemment approuvé par les pères synodaux, dans l’Instrumentum laboris on a préféré laisser tels quels les paragraphes de la Relatio Synodi, que l’on reconnaît au numéro entre parenthèses et aux italiques auxquels s’ajoutent les textes de la nouvelle élaboration en suivant la numérotation continue et les caractères normaux.

Je me permets maintenant d’énoncer les thèmes traités dans le document qui seront illustrées ensuite par les rapporteurs. Je vais mettre en évidence certains points nouveaux qui sont consistants dans la première partie, intitulée « L’écoute des défis concernant la famille », spécialement entre les paragraphes 7-77, où l’on parle du contexte anthropologique – culturel, économique et social, et l’aspect écologique, qui vient d’être éclairé heureusement par la nouvelle encyclique Laudati Si’. Les défis sont : la pauvreté et l’exclusion sociale, le troisième âge, le veuvage, le deuil en famille, le handicap, les migrations, le rôle des femmes, l’affectivité et l’éducation sexuelle, la bioéthique.

Dans la deuxième partie, intitulée « Le discernement de la vocation familiale », la Relatio Synodi s’enrichit par l’élargissement des thèmes concernant le mariage naturel et la plénitude sacramentelle, l’indissolubilité, don et accomplissement, la vie familiale, l’union et la fécondité, la dimension missionnaire, la foi, la prière, la catéchèse, le lien intime entre Eglise et famille, les jeunes et la peur de se marier, la miséricorde.

La troisième partie, dédiée à “La mission de la famille aujourd’hui, commence par une ample réflexion sur la famille et l’évangélisation, et l’on approfondit, entre autres, des thèmes comme la famille comme sujet de la pastorale, la liturgie nuptiale, le renouveau du langage, et l’ouverture missionnaire. On parle de « Famille et accompagnement ecclésial », de l’accélération des procédures des causes matrimoniales, l’intégration des fidèles en situation irrégulière, l’éventuelle introduction d’un chemin pénitentiel, les problématiques pastorales concernant les mariages mixtes et de cultes différents, ainsi que les questions de la parenté responsable et de la dénatalité, de l’adoption et de l’accueil, du respect de la vie, de sa conception à sa mort naturelle, de l’éducation des nouvelles générations, etc. La référence aux difficultés économiques de beaucoup d
e familles est importante – elles risquent de subir l’usure – et à l’engagement social et politique des chrétiens en faveur de la famille, y compris en contexte international. A ce sujet, on considère utile de proposer à nouveau la Charte des droits de la famille, en la reliant à la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Je voudrais ici souligner que la période inter-synodale a été extrêmement utile : elle a permis non seulement la réception et l’approfondissement des Lineamenta, mais aussi un élargissement des thèmes relatifs à la famille, grâce à l’implication d’une large part du Peuple de Dieu, et de nombreuses institutions ecclésiales et académiques. Il en est résulté un document substantiel, fruit de deux ans de réflexion, lié à la première étape, à la célébration de l’assemblée extraordinaire, avec la publication de la Relatio Synodi, l’envoi des Lineamenta, la réception des réponses maintenant synthétisées dans le document. On y retrouve différentes sensibilités culturelles et géographiques s’harmonisent dans une symphonie de voix exprimant la richesse des expériences ecclésiales présentes dans le monde. Cela confirme que la synodalité effective et vraie se réalise quand les différentes instances se rencontrent et de composent en une seule partition de concerto, qui, lors de l’exécution, resplendit dans sa beauté harmonieuse.
En concomitance avec le 50e anniversaire de la conclusion du concile Vatican II, le synode des évêques se souvent aussi avec joie de sa création, voulue par le bienheureux Paul VI le 15 septembre 1965, « qu’après le Concile le peuple chrétien puisse continuer à profiter des abondants bienfaits que lui valait pendant le Concile Notre étroite union avec les évêques » (m.p. Apostolica sollicitudo, 15 septembre 1965, proemio).

Le prochain Jubilé extraordinaire de la miséricorde, convoqué par le pape François pour le 8 décembre prochain est un autre motif de réflexion et de grâce pour toute l’Eglise.

Je voudrais maintenant ajouter un mot sur la méthode de la prochaine assemblée générale synodale d’octobre, qui est “ordinaire” et non “extraordinaire”. Je n’indiquerai que certaines lignes sans entrer dans les détails qui seront exposés en septembre prochain, avant l’assemblée synodale, en partant de l’expérience de la IIe Assemblée générale extraordinaire d’octobre dernier, et en s’appuyant sur les nombreuses et enrichissantes suggestions parvenues de différentes sources, spécialement des membres du synode, ce secrétariat général se sent encouragé pour continuer le projet de déroulement du synode dans sa ligne dynamique et toujours plus adéquate à notre époque.

Un point très demandé par les pères synodaux est d’éviter la longue série d’interventions des différents membres comme il arrivait lors des assemblées précédentes, c’est-à-dire faire en sorte que les interventions des pères soient mieux réparties dans le temps et pas toutes à la suite. En outre, il a été demandé de mettre plus en valeur les groupes linguistiques, en les répartissant dans le temps et pas tous ensemble, et il a été demandé de tenir ferme sur le principe de l’ordre par thèmes.

Dans cette direction, on prévoit que les trois semaines de durée du synode seront réparties selon les trois sections de l’Instrumentum laboris.

La première semaine traitera de la première partie du document, la deuxième de la deuxième et la troisième de la troisième. A la fin de la troisième semaine, on consacrera le temps nécessaire à l’élaboration du texte final du document qui sera soumis à l’assemblée pour les dernières modifications qui seront intégrées pour l’approbation finale. Ce déroulement assurera à tous les ayant droit d’intervenir en salle, y compris avec l’heure de la fin de la journée et il permettra d’avoir du temps pour les groupes linguistiques.

On prévoit un document final qui sera remis dans les mains du Saint-Père.

Pour ce qui est de l’information, on fera très attention, pendant toute l’assemblée synodale, à l’assurer sous la meilleure forme possible. Le Saint-Père a souvent rappelé que le synode est un espace où l’Esprit Saint peut agir et que ce n’est pas un Parlement. Les pères synodaux sont invités à s’exprimer avec audace. Ils seront libres de communiquer avec les media à leur discrétion et responsabilité. On est en train d’étudier la manière la plus adéquate pour rendre le service de la communication plus effectif. Comme c’est l’habitude, la Salle de presse aura soin de l’information sur le synode.

Nous confions les travaux du synode à la Sainte Famille de Nazareth, conscients – comme le Saint-Père l’a rappelé – que son exemple lumineux « nous engage à redécouvrir la vocation et la mission de la famille » (Audience générale, 17 décembre 2014).

Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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