La "révolution de François" expliquée par François

« Je suis prêtre, cela me plaît »

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Le pape n’est pas « une sorte de superman, une espèce de star », mais « un homme qui rit, pleure, dort et a des amis, une personne normale », déclare le pape François qui confie : « Je suis prêtre, cela me plaît ».

Un an après son élection (13 mars 2013), dans un entretien publié par le quotidien italien « Corriere della sera » et dans La Nacion, en Argentine, ce 5 mars 2014, le pape François évoque sa première année de pontificat.

Je suis prêtre, cela me plaît

Si « la tendresse et la miséricorde » sont l’essence de son message pastoral, c’est qu’elles sont « le centre de l’Evangile », explique-t-il : sans elles, « on ne peut comprendre Jésus, la tendresse du Père », venu pour « écouter, guérir, sauver ». Ainsi le pape François « aime être parmi les gens, avec celui qui souffre, aller dans les paroisses ».

Ses appels téléphoniques à ceux qui lui écrivent sont dans la même ligne, un « service » : « je suis prêtre. Cela me plaît », explique celui qui a pris « l’habitude » de téléphoner lorsqu’il était prêtre à Buenos Aires : « je le sens en moi… même si aujourd’hui ce n’est pas facile de le faire étant donné le nombre de personnes qui m’écrivent. ».

« Le pape est un homme qui rit, pleure, dort et a des amis comme tout le monde. Une personne normale », souligne-t-il, dénonçant « les interprétations idéologiques, une certaine mythologie du pape François » : « Peindre le pape comme une sorte de superman, une espèce de star, me semble offensif. »

Il nie par exemple être sorti la nuit du Vatican pour aller nourrir les clochards de Rome, comme certains média l’ont rapporté : « Cela ne m’est jamais venu à l’esprit ».

Que le Seigneur me donne l’inspiration

Le pape François abord sa façon de gouverner : « Le pape n’est pas seul dans son travail car il est accompagné et conseillé par beaucoup de monde… Mais il y a un moment, lorsqu’il s‘agit de décider, d’apposer une signature, où il est seul avec son sens de la responsabilité ».

Il évoque la réforme de la Curie : « En mars dernier, je n’avais aucun projet de ‘changement’ pour l’Eglise. Je ne m’attendais pas à ce ‘transfert de diocèse’… J’ai commencé à gouverner en cherchant à mettre en pratique ce qui avait émergé dans le débat entre cardinaux dans les congrégations. »

Pour les décisions à prendre « j’attends que le Seigneur me donne l’inspiration », ajoute le pape, donnant un exemple : « on avait parlé du soin spirituel des personnes qui travaillent dans la Curie ». D’où son choix de « donner plus d’importance aux retraites spirituelles annuelles » car « auparavant dans la Curie on écoutait trois prédications par jour et puis certains continuaient à travailler ».

Cette année, pour la retraite de carême, le pape et la curie romaine iront donc à Ariccia, au sud-est de Rome du 9 au 14 mars : « tous ont le droit de passer cinq jours dans le silence et la méditation ».

La pauvreté ouvre les portes à la Providence

Répondant aux accusations de marxisme, formulées après la publication de l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium, le pape déclare : « Je n’ai jamais partagé l’idéologie marxiste, parce qu’elle n’est pas vraie, mais j’ai connu tant de braves personnes qui professaient le marxisme. »

Il répond aussi aux accusations de paupérisme : si l’Evangile ne condamne pas le bien-être, il condamne cependant « le culte du bien-être », rappelle-t-il. « Jésus dit qu’on ne peut servir deux maîtres, Dieu et la Richesse. Quand nous seront jugés au Jugement dernier (Mt 25), notre proximité avec la pauvreté comptera. La pauvreté qui n’est pas idolâtrie, ouvre les portes à la Providence. A la fin, le Seigneur présentera le compte de celui qui garde ses greniers remplis de son égoïsme. »

Enfin, le pape mentionne les abus sexuels sur mineurs : « les cas d’abus sont terribles car ils laissent des blessures très profondes. Benoît XVI a été très courageux et a ouvert une voie. L’Eglise a fait beaucoup sur cette voie. Peut-être plus que tous. »

En effet, « les statistiques du phénomène de la violence sur les enfants sont impressionnantes, mais elles montrent aussi clairement que la grande majorité des abus arrive dans des environnements familiaux et de voisinage. L’Eglise catholique est peut-être l’unique institution publique à agir avec transparence et responsabilité. Personne d’autre n’a fait plus. Et pourtant l’Eglise est la seule à être attaquée », fait-il observer.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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