La prière de Marthe Robin pour la France: une nouvelle Pentecôte

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Mais pas de « prophéties », insiste le postulateur, le P. Peyrous

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La prière pour la France de Marthe Robin, mystique française catholique, fondatrice des Foyers de Charité (1902-1981), c’est la demande d’une nouvelle Pentecôte, mais pas de « prophétie » tranche le P. Bernard Peyrous, postulateur, recteur des sanctuaires de Paray-le-Monial, dans cet entretien publié par le site officiel sur Marthe Robin.

C’est demain, 6 février, l’anniversaire de sa « naissance au Ciel »: elle est en effet décédée il y a 33 ans, le 6 février 1981, à l’âge de 78 ans, après une vie spirituelle intense marquée notamment par les stigmates de la Passion du Christ et une « inédie » – absence d’alimentation – d’une cinquantaine d’années: l’eucharistie était son seul soutien.

« Beaucoup de choses circulent, sur Internet ou ailleurs, dit-il, au sujet de Marthe Robin qui aurait fait des « prophéties » sur la France. Selon ces rumeurs, ces soi-disant « prophéties » s’appliqueraient d’ailleurs à l’époque actuelle. Comme Postulateur de sa Cause de Béatification, j’ai pu consulter l’ensemble des documents et des témoignages concernant sa vie. Je peux vous assurer qu’on ne peut pas dire que Marthe ait fait une « prophétie » sur l’avenir de la France. Bien sûr, elle avait des opinions sur notre pays. Mais elle a rappelé plusieurs fois qu’elle ne connaissait pas l’avenir. Et surtout qu’elle se plaçait dans une autre perspective concernant le futur… Il vaut la peine d’aller voir ce qu’elle a dit, et de le situer dans l’ensemble de sa vie. Le danger serait de réduire la personnalité de Marthe à un ou deux slogans alors qu’elle est d’une richesse étonnante. On passerait alors à côté de l’essentiel. »

Il précise : « Marthe n’a jamais cherché à prédire l’avenir… encore moins celui de notre pays. Quand elle en parle, elle se place à une toute autre perspective. On le sait bien, tous les sujets l’intéressaient. Au cours de l’un ou l’autre entretien avec ses visiteurs, Marthe a volontiers abordé la situation de la France au point de vue matériel, spirituel, économique ou social. Même si elle évoque le sujet à différentes époques, ses propos reprennent à chaque fois le même schéma : 1/ la France passe ou va passer par un creuset, 2/ puis viendra son relèvement, 3/ et elle sera à nouveau la « fille aînée de l’Eglise ». Marthe a tenu ces mêmes propos en 1936 avec le Père Finet, puis pendant la guerre, puis dans les années 1970, et sans doute à d’autres époques encore. Cette observation montre que ces intuitions d’avenir de Marthe sur la France ne se situent pas dans le temps chronologique. Cela pourrait nous faire penser à la façon dont parlaient les prophètes de l’Ancien Testament… »

Pour le P. Peyrous, c’est le sens du mot « prophétie » qui doit être compris : « Si le prophète entrevoit des réalités d’avenir, il est souvent incapable de les situer sur une échelle chronologique et de dire si elles sont immédiates, proches, lointaines ou très lointaines… Un exemple l’illustre chez Marthe avec la « Pentecôte d’amour », que Marthe et le Père Finet ont d’abord attendue dans un futur immédiat, d’une année à l’autre, jusqu’à ce que Marthe comprenne qu’elle ne serait peut-être pas pour tout de suite. Nous tenons là, à notre avis, une clé pour comprendre la perspective de Marthe dans ses « intuitions d’avenir » sur la France. Nous nous égarerions à vouloir à tout prix les appliquer à l’histoire contemporaine. Marthe elle-même s’est peu à peu dégagée de ce schéma, comme le montre l’exemple de la Pentecôte d’amour. Elle s’est alors placée dans une autre perspective : « Sur l’avenir, où on essaie de l’interroger, écrivait Jean Guitton en 1958, on voit bien qu’elle ne cherche pas à prédire… elle se place à une sorte de perspective divine. » Le dialogue que Jean Guitton retranscrit, dans son « Portrait de Marthe Robin » [NDLR : Ed. Grasset, p. 107] permet de mieux comprendre comment cette « perspective divine » oriente sa pensée, son offrande, et sa prière : « Je me souviens lui avoir posé une dernière question : « Marthe, vous parlez d’une Pentecôte d’amour. Comment vous représentez-vous cette Pentecôte d’amour ? ». Réponse de Marthe : « Oh ! pas du tout sous une forme extraordinaire. Je la vois comme paisible, comme lente. Je pense qu’elle se fera petit à petit, peu à peu. Je pense même qu’elle a déjà commencé. Quant à l’avenir, vous savez qu’on me prête beaucoup d’idées sur l’avenir. Je ne sais rien, sauf une chose : que l’avenir c’est Jésus. »

« En août 2012, renouant avec une tradition ancienne – en 1638, lorsque Louis XIII avait fait le vœu de consacrer le pays à la Sainte Vierge –, le cardinal André Vingt-Trois avait proposé une prière pour la France le jour de l’Assomption », rappelle le P. Peyrous qui ajoute, à propos de la prière de Marthe Robin pour la France : « Il existe une belle prière de Marthe Robin pour la France, datée du 15 octobre 1943. Elle commence par ces lignes :    « Ô Père, ô mon Dieu, délivrez, sauvez maintenant votre France ; préparez le cœur de ses enfants à la mission qu’ils vont avoir à accomplir pour elle, pour toutes les autres nations, pour l’Église tout entière. (…) » Vous pourrez retrouver le texte intégral sur le site internet officiel www.martherobin.com Au cœur de sa prière et de son offrande, Marthe demande surtout pour la France et pour le monde une vie nouvelle, une effusion de l’Esprit d’amour, la grâce d’une vie divine, d’une vie d’amour, d’une « nouvelle Pentecôte». »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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