Avec l’apparition d’aujourd’hui, s’ouvre une nouvelle période. En 1858, le mercredi 24 février, le Carême avait commencé une semaine plus tôt. Avec lui, commence le temps de la pénitence. Il durera jusqu’au 1er mars. Depuis le 18 février, Bernadette n’a répété aucune parole de la Dame. Aujourd’hui, Bernadette répétera les paroles de la Vierge et expliquera les gestes que la Dame, toujours anonyme, l’a invitée à faire. 

La place de ce temps dans la suite des apparitions est déjà instructive. La pénitence n’est, ni le premier mot, ni le dernier mot du Message de Lourdes, pas plus qu’il ne l’est dans l’Ecriture. Celle-ci commence par la Création : « Et Dieu vit que cela était bon. » Elle s’achève par ces mots : « Amen, viens, Seigneur Jésus » et une bénédiction.
Dans l’année liturgique, le Temps pascal est plus long (cinquante jours) que le Carême (quarante jours). Il est aussi plus solennel, encadré par les deux grandes fêtes de Pâques et de Pentecôte. Le prêtre n’est pas habillé en violet toute l’année.

Mais, à l’inverse, il n’y a pas de prédication chrétienne sans un appel à la conversion. Nous l’entendons aussi bien dans la bouche de Jésus que dans celle de Jean-Baptiste : « Convertissez-vous. Le Royaume de Dieu est proche. » Dans les mystères lumineux que Jean Paul II a introduits dans le rosaire, l’appel à la pénitence est à la troisième place, dans la position centrale. De même à Lourdes, dans la série des dix-huit apparitions, l’appel à la pénitence se trouve au milieu : entre la huitième et la douzième apparition.

On peut remarquer aussi que cet appel occupe cinq apparitions, la découverte de la source et les paroles qui l’accompagnent venant, dès demain, renforcer les paroles d’aujourd’hui. Pourquoi cette insistance, sur cinq jours ? Parce que nous avons la tête dure, la « nuque raide » pour prendre les mots de l’Ecriture. Félicitations à ceux qui répondent à la première invitation. Heureusement, le maître de la vigne ressort à la troisième, à la sixième, à la neuvième et même à la onzième heure.

Le même besoin d’insister se traduit peut-être dans le fait que le mot « pénitence » est répété trois fois. Un mot répété trois fois, c’est rare. Il faut vraiment que la chose soit d’importance. Mais que veut-il dire, d’ailleurs, ce mot ? Le mot qu’emploie Jésus peut se traduire par deux mots français qui sonnent assez différemment : pénitence et conversion.
Conversion paraît beaucoup plus positif que pénitence. L’histoire de l’Eglise est jalonnée d’innombrables convertis, depuis saint Paul sur le chemin de Damas jusqu’aux adultes baptisés de nos jours. Le danger serait que, étant chrétiens et n’ayant jamais cessé de l’être, nous pensions n’avoir pas besoin de conversion. Evidemment, nous n’allons pas passer notre vie à prendre chaque jour un virage à 180 degrés. Mais, comme un bateau dans sa traversée a, sans cesse, besoin de corriger sa trajectoire, de même nous devons chaque jour nous replacer dans le sillage du Christ. Se convertir, c’est aussi prendre plus au sérieux les appels du Christ, pour aller plus loin, plus vite.

La pénitence est la face négative de la conversion. Nous constatons combien nous nous sommes écartés du chemin de l’Evangile, parfois nous en sommes complètement sortis ou bien nous nous sommes arrêtés. Repartir ne se fera pas sans peine. Reconnaître ses péchés, pleurer sur ses péchés est déjà une grâce. Il faut demander le don des larmes.
Marie, l’Immaculée Conception, est indemne de tout péché. C’est pour cela qu’elle en voit l’horreur, bien mieux que nous. Comme elle est notre mère, elle n’est pas là pour nous accuser. Elle est le « refuge des pécheurs ». Unie à son Fils, elle porte la croix de nos péchés. Elle est Notre-Dame des Douleurs, fêtée le lendemain de la Croix glorieuse. Le 24 février, la Dame est triste à certains moments. Sa tristesse se reflète sur le visage de Bernadette. Demain, ce sera pire.

Chaque site d’apparition mariale a ses caractères propres. La Salette et Lourdes ne se ressemblent pas. Mais un trait réunit tous ces sanctuaires, c’est l’appel à la pénitence. La pénitence peut prendre de multiples visages. Sa forme la plus haute est le sacrement de pénitence, largement célébré dans les sanctuaires marials et demandé par l’Eglise dans le temps du Carême.


O Marie,
Toi, la disciple parfaite de ton Fils :
Aide-moi à voir mon péché
Donne-moi de pleurer sur tout le mal dont je suis coupable.
Réveille ma foi, ranime mon espérance, ravive ma charité.
Tu es le refuge des pécheurs
Parce que tu connais l’infinie miséricorde de ton Fils,
Sois pour nous une mère énergique et attentive.
Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Amen !