Sans la bonté, les préceptes moraux sont stériles

Homélie du matin, 19 juin 2013

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Parmi les différentes sortes d’hypocrisie dans l’Eglise, le pape condamne l’éthique « sans bonté », qui à force de préceptes rend la Parole de Dieu « inféconde ».

C’est ce qu’il a déclaré lors de la messe qu’il a célébrée hier, mercredi 19 juin, en présence d’employés de la Congrégation pour les évêques et du Conseil pontifical pour la famille, à la Maison Sainte-Marthe.

L’intelligence de trouver Dieu

Le pape a centré son homélie sur l’hypocrisie dans l’Eglise, soulignant quatre épisodes évangéliques où « le Seigneur parle contre les hypocrites » : les deux premiers épisodes représentent les hypocrites qui utilisent « la casuistique » : il s’agit des pharisiens qui demandent au Christ s’il est permis de payer l’impôt à César (Mt 22, 15-22) et des saducéens qui lui soumettent le cas de la femme sept fois veuve (Mt 22, 24-30).

Pour le pape, ces catégories d’hypocrites « utilisent la voie de la casuistique » pour « faire tomber Jésus dans un piège » : ce sont « les hypocrites de la casuistique, les intellectuels de la casuistique », qui « n’ont pas l’intelligence de trouver, d’expliquer Dieu »; ils restent seulement dans la « casuistique: là on peut, là on ne peut pas». Ce sont « des chrétiens intellectuels sans talents ».

L’éthique sans bonté

Le troisième épisode se situe au chapitre 23 de Matthieu, où le Christ se tourne vers les pharisiens : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clé le Royaume des cieux devant les hommes ; vous-mêmes n’y entrez pas, et ceux qui essayent d’y entrer, vous ne leur permettez pas d’entrer ! ».

Ceux-là utilisent la voie des préceptes, et à force de préceptes « la parole de Dieu ne semble pas féconde ». Ils « amènent le peuple de Dieu sur une voie sans issue. Ce sont des éthiciens sans bonté. Ils ne savent pas ce qu’est la bonté. Ce sont des éthiciens – il faut faire ceci, ceci, ceci – remplis de préceptes » mais « sans bonté ».

Ces mêmes hypocrites empruntent également « la route de la vanité », « à tel point qu’ils finissent par se rendre ridicules » : ils se « drapent pour faire semblant d’être majestueux, parfaits » mais ils n’ont « pas le sens de la beauté. Ils parviennent seulement à une beauté de musée ».

L’hypocrisie qui touche au sacré

Enfin, la quatrième sorte d’hypocrisie est illustrée en Mt 6, 1-6. 16-18 : « le Seigneur parle d’une autre classe d’hypocrites, ceux qui touchent au sacré… il parle du jeûne, de la prière et de l’aumône : les trois piliers de la piété chrétienne, de la conversion intérieure que l’Eglise propose dans le carême. Sur cette voie il y a des hypocrites, qui se pavanent en jeûnant, en rendant l’aumône, en priant ».

Cette hypocrisie est la forme la plus grave : « quand l’hypocrisie arrive à ce point, dans la relation avec Dieu [ces hypocrites] sont assez proches du péché contre l’Esprit-Saint. Ils ne connaissent rien à la beauté, à l’amour, à la vérité; ils sont petits, vils ».

La route alternative

Le pape propose une « route alternative » dans la première lecture (2 Co 9, 6-11) où Paul « parle de largesse, de joie. Tous les chrétiens ont la tentation de l’hypocrisie. Tous. Mais [ils ont] aussi la grâce, la grâce qui vient de Jésus Christ, la grâce de la joie, la grâce de la magnanimité, de la largesse ».

« L’hypocrite ne connaît pas la joie, ne connaît pas la largesse, ne connaît pas la magnanimité ». Ils fait « du mal à tous » dans l’Eglise et il a une attitude suffisante : « Seigneur, je fais tout cela… je fais partie d’une association… ».  Il est le contraire de l’« icône si belle du publicain qui prie ainsi : ‘aie pitié de moi Seigneur, je suis un pécheur’ ». (Lc 18, 9-14).

Cette humble prière, « c’est la prière que [le croyant] doit faire tous les jours, dans la conscience qu’il est pécheur, mais avec des péchés concrets, non pas théoriques », a conclu le pape en invitant le chrétien à demander au Seigneur « qu’il le sauve de toute hypocrisie et lui donne la grâce de l’amour, de la largesse, de la magnanimité et de la joie ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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