Tout comme « la vie chrétienne n’est pas une thérapie terminale pour rester en paix jusqu’au ciel », la paix chrétienne « n’est pas une paix tranquille » mais une paix « inquiète », souligne le pape François.
Radio Vatican et L’Osservatore Romano rapportent des extraits de l’homélie du pape, prononcée lors de la messe du samedi 15 juin au matin, en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe.
Il ne peut rester immobile
Le pape a commenté la première lecture (2Co 5, 14-21), où « il semble que Paul part à toute vitesse. Il agit avec une certaine rapidité. L’amour du Christ nous possède, nous pousse, nous presse. Et c’est cela la vitesse de saint Paul : quand il voit l’amour du Christ, il ne peut rester immobile ».
Paul est un homme « pressé », dans « l’anxiété de dire quelque chose d’important : il parle du oui de Jésus, de l’œuvre de réconciliation faite par Jésus ».
Les philosophes « disent que la paix est une certaine tranquillité dans l’ordre. Tout est ordonné, tranquille. Cela n’est pas la paix chrétienne. La paix chrétienne est une paix inquiète, ce n’est pas une paix tranquille. C’est une paix inquiète qui va de l’avant pour porter ce message de réconciliation. La paix chrétienne pousse à aller de l’avant et c’est le commencement, la racine du zèle apostolique ».
De même, « la vie chrétienne n’est pas une thérapie terminale pour rester en paix jusqu’au ciel. La vie chrétienne se vit sur la route, sur la vie, avec cette hâte de Paul. L’amour du Christ possède, pousse, presse » le croyant, avec cette « émotion » de voir combien « Dieu aime » l’homme.
Le zèle apostolique ne consiste pas à devenir « prosélytes » ni à « faire des statistiques » sur l’augmentation des catholiques : « Les statistiques sont bonnes, elles aident, mais devenir des prosélytes n’est pas ce que Dieu attend [des baptisés] ».
La hâte du message chrétien
« Ce que le Seigneur veut, c’est l’annonce de la réconciliation, qui est le noyau de son message : Christ s’est fait péché pour moi et les péchés sont là, dans son corps, dans son âme. Ceci rend fou mais c’est beau : c’est la vérité. C’est le scandale de la croix ».
Dans la lettre de saint Paul le terme réconciliation revient « cinq fois », comme « un refrain » pour redire que « Dieu a réconcilié [l’homme] avec lui, en Christ ». Saint Paul « parle avec force et tendresse quand il dit : je suis un ambassadeur du Christ ». Puis il semble s’agenouiller : « Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu » comme s’il demandait de « baisser les défenses » pour se laisser réconcilier avec Dieu.
La « hâte » de Paul fait penser à celle de Marie qui, « après avoir reçu l’annonce de l’ange, part en hâte pour aider sa cousine. C’est la hâte du message chrétien. Ici le message est celui de la réconciliation ».
Qu’est-ce que cette réconciliation ? Elle ne consiste pas à « réunir différentes parties » mais « la vraie réconciliation est que Dieu en Christ a pris sur lui les péchés et s’est fait péché pour [l’homme] ».
Un pilier de la vie chrétienne
Ainsi, lorsque le chrétien va se confesser, il ne s’agit pas seulement de « dire son péché » et d’obtenir le pardon de Dieu. Il s’agit de « rencontrer Jésus-Christ » et de lui dire : « je t’ai fait péché encore une fois. Ça lui plaît, car ça a été sa mission : se faire péché pour [l’homme], pour le libérer ».
C’est « le mystère qui faisait avancer Paul avec zèle apostolique », un mystère « si merveilleux ». La vie chrétienne « grandit sur ce pilier » et elle est dévaluée si elle est réduite au fait que « le chrétien doit faire ceci et grandir en cela ».
Il s’agit au contraire d’arriver « à cette vérité qui met en marche, à cet amour qui est à l’intérieur de la vie chrétienne : l’amour du Père qui en Christ réconcilie le monde. C’est Dieu en effet qui réconcilie à soi le monde en Christ, en n’imputant pas aux hommes leurs fautes et en leur confiant la parole de réconciliation. Christ les a réconciliés. C’est l’attitude du chrétien, c’est la paix du chrétien ».
Pour conclure, le pape a encouragé à demander la grâce que le « Seigneur donne cette hâte pour annoncer Jésus ; qu’il donne la sagesse chrétienne, qui naît de son côté transpercé par amour ».