Que faire face à la souffrance ? « Prier, prier pour eux », répond le pape, pour qui c’est le mystère de la communion des saints : faire entrer les personnes qui souffrent « dans son propre coeur ».
Dans l’homélie d’hier, mercredi 5 juin 2013, en la chapelle de la maison Sainte-Marthe, le pape s’est arrêté avec empathie sur la « souffrance existentielle » de « tant de personnes » dans le monde. Il a encouragé à prier pour eux « avec sa chair », soulignant que « se plaindre devant Dieu n’est pas un péché ».
Radio Vatican et L’Osservatore Romano publient des extraits de son homélie.
La complainte, une prière
Le pape a d’abord commenté la première lecture (Tb 3, 1-11.16-17), où Tobie et Sara, deux personnes « souffrantes », sont en recherche d’une « porte de sortie ». « Ils ne blasphèment pas, mais ils se plaignent », a-t-il constaté, précisant que « se plaindre devant Dieu n’est pas un péché ».
« Le Seigneur entend, écoute les complaintes », a-t-il ajouté, citant un prêtre de sa connaissance qui disait un jour à « une dame qui se lamentait devant Dieu : Mais madame, c’est une forme de prière, continuez ».
Job et Jérémie aussi « se lamentent sur une malédiction: non sur le Seigneur, mais sur cette situation ». Du reste, se lamenter « est humain », car « il y a tant de personnes dans cet état de souffrance existentielle », a souligné le pape : « Pensons à la Syrie, aux réfugiés, à tout cela… aux hôpitaux : combien souffrent de cette façon, en maladie terminale ? ».
Puissance de la communion des saints
Dans l’Evangile (Mc 12, 18-27), les saducéens présentent l’histoire de la femme aux sept maris comme « un laboratoire, tout aseptisé, un cas de morale », a-t-il poursuivi. Mais pour parler « des personnes, qui sont en situation limite » ou « des personnes qui souffrent », il faut le faire « avec le cœur proche d’eux », c’est-à-dire penser à elles « avec son cœur, avec sa chair ».
« Dans l’Eglise, a-t-il constaté, tant de personnes sont dans cette situation ». Que faire face à tant de souffrance ? « Ce que dit Jésus : prier, prier pour eux », a répondu le pape, donnant la définition du mystère de la communion des saints : « Les personnes qui souffrent doivent entrer dans mon coeur, doivent être une inquiétude pour moi. Mon frère souffre, ma soeur souffre… Seigneur regarde-le, qui pleure, qui souffre ».
Cette communion des saints est aussi illustrée par une parole de la première lecture qui « ouvre la porte à l’espérance » : « En ce temps-là, les prières de l’un et de l’autre furent agréées devant le Dieu Très-Haut dans sa gloire, et le saint ange du Seigneur, Raphaël, fut envoyé pour les guérir l’un et l’autre, car leurs prières avaient été présentées en même temps devant le Seigneur ». Tobie et Sara prient « en même temps », a fait observer le pape François.
Prier avec sa chair
Il s’agit de « prier avec sa chair », non pas « avec les idées, prier avec le cœur », a insisté le pape, qui a affirmé : « La prière parvient toujours à la gloire de Dieu. Toujours, quand c’est la prière du cœur ».
Au contraire, si la souffrance est considérée comme « un cas de morale », la prière « ne parvient jamais [à Dieu], parce qu’elle ne sort jamais de soi-même, elle n’implique pas, elle est un jeu intellectuel ».
Le pape a conclu avec cet encouragement : « Parlons à Jésus de tous ces frères et sœurs qui souffrent tant, qui sont dans cette situation. Pour que notre prière soit un peu d’espérance pour tous ».
Le cardinal Antonio Canizares Llovera, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, et le P. Anthony Ward, sous-secrétaire, ont concélébré avec le pape. Dans l’assemblée, des employés du dicastère et d’autres, de la Bibliothèque apostolique vaticane, étaient présents.