ROME, mercredi 28 novembre 2012 (ZENIT.org) – Les propos du président indonésien sur l’harmonie interreligieuse contrastent avec les violences extrémistes perdurant dans le pays, dénonce « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris, dans une dépêche du 27 novembre 2012.

Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a en effet prononcé un discours le 26 novembre 2012 devant les quelque 200 délégués du Quatrième Forum mondial pour la paix, organisé par la Muhammadiyah, l’une des deux plus importantes organisations musulmanes de masse d’Indonésie réunis à Bogor, à Java-Ouest (24-26 novembre).   

Islam et démocratie

Susilo Bambang Yudhoyono a réaffirmé sa conviction dans « la compatibilité entre islam et démocratie ». Soulignant que l’Indonésie était « un pays démocratique doté de la plus importante population musulmane de la planète », il a expliqué qu’« en démocratie, tous les partis devaient accepter les différences ».

Il a également souligné que « les droits et les libertés ne pouvaient être utilisés pour nuire aux valeurs ou aux symboles religieux ».

Pour un certain nombre d’Indonésiens défenseurs des droits de l’homme dans leur pays, les propos du président « pour honorables qu’ils puissent être, ne reflètent pas la réalité ».

Selon eux, si Susilo Bambang Yudhoyono, sous la pression notamment des Etats-Unis et de l’Australie, a fait montre d’une détermination sans faille pour combattre le terrorisme d’inspiration islamiste, pourchassant sans relâche les membres de ces organisations et multipliant les arrestations dans ces milieux, il a en revanche montré une curieuse incapacité à museler des organisations qui font peser sur la société un climat d’hostilité envers tout ce qui n’est pas perçu comme appartenant à l’orthodoxie islamique, comme le Front des défenseurs de l’islam, rapporte EDA.

Le respect des différences

En outre, Choirul Anam, de la branche indonésienne du Human Rights Working Group des Nations Unies, explique que « la procédure judiciaire utilisée dans les affaires traitant les cas de violences à caractère religieux ne fonctionne pas » dans son pays.

Ajoutant qu’elle « aboutissait à criminaliser les victimes mêmes de ces violences », il cite l’exemple récent d’une communauté de Java-Est attaquée par des groupuscules islamistes fondamentalistes. La seule réponse des autorités locales a été une « hostilité passive ». Ces chiites « sont victimes de l’échec des institutions publiques à respecter les différences », affirme Choirul Anam.

En conférence de presse à Djakarta le 13 novembre, la Sud-Africaine Navanethem Pillay, Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, avait dénoncé « des comptes-rendus de violences, de déplacements forcés, de refus de carte d’identité et d’autres formes de discrimination et de harcèlement exercées à l’encontre des minorités ». Elle avait encouragé le gouvernement à abandonner les lois sur le blasphème toujours en vigueur en Indonésie, à réviser les lois discriminatoires qui stigmatisent les Ahmadis, branche issue de l’islam, et à permettre aux différents groupes religieux de construire les lieux de culte dont ils ont besoin.